Le Fairtrade pour une production durable dans les pays du Sud

Le Fairtrade pour une production durable dans les pays du Sud

Choisir une alimentation locale et bio est incontestablement un grand pas en avant pour une consommation durable. Pour autant, tous les aliments ne poussent pas dans nos régions. Pour nos cafés, cacao, riz et autres délices du Sud, mieux vaut s’assurer qu’ils sont labellisés Fairtrade. Explications avec Geneviève Krol, directrice de l’ONG Fairtrade Lëtzebuerg.

Sans être équivalent au label bio, le label Fairtrade comprend-il une approche respectueuse de l’environnement et de la personne ?

Oui, bien sûr. Le label Fairtrade répond aux trois piliers du développement durable. Pour le premier, l’économie, nous avons des standards définis afin que les producteurs reçoivent un prix qui couvre les coûts d’une production durable. Les producteurs regroupés en coopérative ont par ailleurs droit à une prime de développement pour investir dans des projets sociaux ou écologiques. Ils ont aussi la possibilité d’avoir un préfinancement à hauteur de 60 % de la part de leur importateur.

Au niveau social, on porte une attention particulière aux conditions de travail, à la liberté syndicale, au droit de réunion, à l’interdiction de toute forme de discrimination, du travail illégal et de l’exploitation des enfants, etc.

Pour le troisième pilier, qui est le pilier écologique, le label Fairtrade n’est en effet pas équivalent au label de l’agriculture biologique. Toutefois, les producteurs et les coopératives s’engagent à avoir une culture respectueuse de l’environnement. Il y a une liste de substances chimiques qui sont interdites, et qui est de plus en plus large. Toutes les coopératives doivent aussi avoir un système de gestion de l’eau et des déchets et ont l’interdiction d’utiliser toute forme d’organisme génétiquement modifié. Nous souhaitons bien sûr aller plus loin et encourageons dans ce sens les coopératives à produire de manière biologique en les accompagnant dans cette transition et en leur accordant une prime s’ils se font certifier biologique. L’aspect négatif de toutes ces certifications est certainement leur coût, pas toujours facile à assumer pour les petites coopératives, d’autant plus qu’il y a différentes certifications.

Certaines coopératives vont quant à elle très loin dans leur approche environnementale. Par exemple, COMSA, qui produit du café au Honduras, a une démarche formidable. Ils ont créé des écoles et enseignent une éducation saine à la bonne nourriture, en mettant des jardins à côté de l’école où les élèves cultivent eux-mêmes et cuisinent avec ces aliments. Ils considèrent qu’en ayant une bonne hygiène de vie et une alimentation saine, on est moins malades, ce qui engendrera moins de dépenses médicales pour les familles. Le Honduras est un des pays qui souffrent le plus de malnutrition et il est donc primordial de voir ce genre d’initiatives grandir. La ville de Schifflange et la ville de Marcala (Honduras) sont devenues partenaires, ce qui a permis à des représentants de COMSA de se rendre au Luxembourg pour un échange de bonnes pratiques. La Ville de Schifflange commercialise leur café et souhaite le promouvoir dans tous les secteurs de la commune.

Trouve-t-on un équivalent Fairtrade pour chaque aliment vendu dans les supermarchés luxembourgeois ?

Non, tous les aliments disponibles en supermarché ne le sont pas forcément aussi en Fairtrade. Le commerce équitable se concentre principalement sur les matières premières venant du Sud : café, cacao, bananes, riz, sucre, coton, épices, oranges, thé, etc. À partir de ces matières premières, des produits vont être dérivés : glaces, confitures, confiseries, produits chocolatés, yaourts, etc.

Le label Fairtrade existe pour les produits issus d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie. Il n’existe par exemple pas de poulets ou de pommes équitables, car ces produits sont disponibles dans le Nord et nous nous concentrons sur le Sud.

Il est difficile de comparer la situation des producteurs du Sud avec notre système ici en Europe où des réglementations existent déjà et où des aides étatiques sont allouées. Néanmoins, au niveau international, nous étudions actuellement l’application du modèle du commerce équitable pour les producteurs du Nord car il nous semble important que chaque producteur, qu’il se trouve au Sud ou au Nord, soit rémunéré correctement pour son travail et puisse couvrir ses coûts de production.

Marie-Astrid Heyde
Crédit photo : Asuadai Asunafo North Ghana ©Beatrice Boakye Cocoa 2016 ©Kate Fishpool
Dossier du mois Infogreen « De la Terre à l’assiette »

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Publié le mercredi 30 janvier 2019
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