L'énergie en Europe : situation actuelle

L’énergie en Europe : situation actuelle

Les pays européens consomment moins d’énergie qu’il y a dix ans, principalement en raison d’une efficacité énergétique accrue. La dépendance de l’Europe à l’égard des combustibles fossiles a également diminué grâce à des économies d’énergie et à l’adoption plus rapide que prévu des énergies renouvelables. Durant la décennie 2005-2015, la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique de l’UE a presque doublé, passant de 9 % à près de 17 %. Certains secteurs et pays ouvrent la voie à une énergie propre. Cependant, malgré le déclin de leur part de marché, les combustibles fossiles demeurent la source d’énergie dominante en Europe.

En mai 2016, l’Association portugaise de l’énergie renouvelable a annoncé que le Portugal avait totalement satisfait ses besoins en électricité en utilisant des sources renouvelables durant quatre jours consécutifs (107 heures exactement). De tels résultats deviennent plus fréquents dans l’ensemble de l’UE. Certains jours, le Danemark parvient à produire plus de 100 % de ses besoins en électricité à partir de la seule énergie éolienne, et dispose d’un excédent suffisant pour alimenter certaines parties de l’Allemagne et de la Suède.

L’Europe consomme moins d’énergie et moins de combustibles fossiles

Les sources d’énergie renouvelables fournissent une part croissante de l’énergie utilisée en Europe. Toutefois, la part la plus élevée de l’énergie consommée dans l’UE provient toujours des combustibles fossiles (72,6 % de la consommation intérieure brute d’énergie en 2015), malgré le déclin régulier de leur proportion dans le bouquet énergétique.

De même, la consommation d’énergie totale de l’Europe a diminué de plus de 10 % entre 2005 et 2015, pour atteindre près de 1.630 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) (1) en 2015. Cette réduction significative était due à des améliorations de l’efficacité énergétique, à l’augmentation de la part de l’énergie provenant de sources hydraulique, éolienne et solaire photovoltaïque, aux changements structurels de l’économie, et à la récession économique de 2008. Les hivers plus doux ont également joué un rôle, car ils ont permis de réduire la quantité d’énergie utilisée pour le chauffage.

Production d’électricité

L’abandon des combustibles fossiles est relativement marquant dans de nombreux secteurs. La réduction la plus importante entre 1990 et 2015 concernait la production d’électricité provenant du charbon et du lignite, qui a été principalement remplacée par l’électricité produite à partir du gaz naturel durant les années 1990 et jusqu’en 2010, essentiellement à la suite du déclin du prix du gaz. Plus récemment, toutefois, le gaz naturel a perdu du terrain, en raison d’une combinaison de facteurs. Ces facteurs incluaient notamment les progrès rapides de la production d’électricité renouvelable et la récession économique de 2008, qui a réduit la demande générale d’électricité. La hausse des prix du gaz naturel, provoquée par l’indexation des prix du gaz sur ceux du pétrole, et le faible prix du carbone, dû à l’excédent des quotas d’émission sur le marché, ont également joué un rôle.

Il est clair que le remplacement du charbon et du pétrole par des sources d’énergie plus propres contribue à réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre, en particulier dans les secteurs étroitement liés à la consommation d’électricité. En réalité, ce remplacement contribue également à la transition énergétique actuelle en Europe, d’un système énergétique principalement fondé sur les combustibles fossiles à un système basé sur des sources d’énergie renouvelables et propres.

En 2015, l’énergie nucléaire produisait 26,5 % de l’électricité dans l’UE, et elle reste l’une des principales sources d’électricité après les combustibles fossiles et les énergies renouvelables. Plusieurs pays de l’UE entendent poursuivre le décommissionnement des centrales nucléaires, à la suite de l’accident de Fukushima en 2011. Les coûts de la production d’électricité d’origine nucléaire ont augmenté depuis dans certains pays, en raison des investissements supplémentaires dans les mesures de maintenance et de sécurité, qui rendent l’électricité d’origine nucléaire plus chère et donc moins compétitive que l’électricité provenant d’autres sources. On sait de plus que de tels accidents nucléaires affectent l’opinion publique. L’évolution de l’opinion publique, ainsi que le facteur de hausse des coûts, incitent certains gouvernements à décommissionner des centrales nucléaires et/ou à investir dans d’autres sources d’énergie.

Une centrale électrique, une fois opérationnelle, peut produire de l’électricité durant des décennies. Lorsque l’on choisit la source d’énergie qui sera utilisée pour produire de l’électricité, il faut tenir compte des centrales existantes et prévues, ainsi que de leurs capacités et de leur durée de vie. Le fait de ne pas prendre en compte ces facteurs pourrait conduire à investir dans de nouvelles centrales électriques utilisant des combustibles fossiles. De telles décisions d’investissement doivent également être prises en gardant à l’esprit les objectifs climatiques de long terme de l’UE.

Croissance des énergies renouvelables

Depuis 2005, les énergies renouvelables ont connu une croissance rapide, prenant au dépourvu de nombreux acteurs du marché. Cette croissance peut être attribuée aux politiques de soutien aux énergies renouvelables, au niveau national et européen, ainsi qu’à la réduction significative des coûts des technologies des énergies renouvelables, et notamment des énergies éolienne et solaire photovoltaïque, durant ces dernières années. Tous les États membres de l’UE ont, en fait, adopté des politiques relatives aux énergies renouvelables et soutiennent des programmes mis en place pour favoriser leur utilisation.

Les conséquences de ces efforts sont déjà visibles. De nombreux ménages européens peuvent désormais acheter de l’électricité provenant de sources renouvelables telles que le vent, le soleil et la biomasse. En ce qui concerne la production, les énergies renouvelables représentaient 77 % des nouvelles capacités de production électrique dans l’UE en 2015.

Selon les dernières données Eurostat, en termes de consommation finale brute d’énergie (2), la proportion d’énergie provenant de sources renouvelables est passée de 9 % en 2005 à près de 17 % en 2015. C’est l’un des indicateurs clés de la stratégie Europe 2020, qui fixe un objectif de 20 % pour la part des sources renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie à cette date. Les institutions de l’UE examinent actuellement une proposition qui fixerait à 27 % au moins l’objectif 2030 de l’UE, car les énergies renouvelables devraient jouer un rôle encore plus important en aidant l’Europe à répondre à ses besoins énergétiques futurs.

Le défi des transports

L’utilisation des énergies renouvelables varie selon les pays et les secteurs du marché de l’énergie (électricité, chauffage et refroidissement, transports). Les énergies renouvelables représentaient une part significative de la consommation d’énergie dans plusieurs secteurs du marché de l’énergie en 2015, mais une part limitée (6,7 %) dans le secteur des transports, malgré la hausse de la consommation de biocarburants.

Le transport routier a réalisé des progrès considérables en matière d’efficacité énergétique au cours de ces dernières années. Ils sont dus aux améliorations du rendement énergétique des véhicules, consécutive aux normes d’émission des véhicules particuliers et utilitaires neufs dans l’UE. Malgré ces gains d’efficacité, la demande de transport par route a augmenté, ce qui a entraîné une légère hausse des émissions de gaz à effet de serre provenant de ce secteur en 2014 et 2015.

Bien qu’elles diminuent, les émissions de gaz à effet de serre par passager-kilomètre (3) liées au transport aérien restent encore considérablement supérieures à celles du transport routier, tandis que le transport ferroviaire reste le mode de transport de passagers qui produit la quantité la plus faible d’émissions par passager-kilomètre.

Transition des pays vers des sources d’énergie renouvelables

Dans tous les États membres de l’UE, la consommation d’énergies renouvelables augmente depuis 2005. La Suède obtient de loin les meilleurs résultats, 53,9 % de sa consommation finale brute d’énergie provenant de sources renouvelables en 2015. La Finlande (39,3 %) arrive en deuxième position, suivie de la Lettonie, de l’Autriche et du Danemark. En réalité, 11 États membres ont déjà atteint ou dépassé leur objectif pour 2020, établi dans le cadre de la Directive relative à l’énergie renouvelable de l’UE.

Les sources d’énergie renouvelables diffèrent considérablement selon les États membres de l’UE. À titre d’exemple, l’Estonie dépend presque entièrement de la biomasse solide, tandis qu’en Irlande plus de la moitié de la production primaire d’énergie renouvelable vient de l’énergie éolienne. En Grèce, en revanche, la consommation d’énergie renouvelable provient de sources plus variées, dont la biomasse, puis l’énergie hydro-électrique, éolienne et solaire.

Incidences de nos choix en matière de carburants

On sait à quel point il est difficile de se débarrasser de manière sûre des déchets nucléaires, tandis que les combustibles fossiles sont étroitement associés à la pollution atmosphérique et au changement climatique. La combustion des combustibles fossiles rejette dans l’atmosphère des polluants atmosphériques (oxydes d’azote, oxydes de soufre, composés organiques volatils non méthaniques et particules fines), ainsi que des gaz à effet de serre. La combustion de la biomasse peut également avoir des effets similaires sur la qualité de l’air et les changements climatiques. De plus, les biocarburants peuvent créer des problèmes relatifs à l’utilisation des sols, plaçant une pression accrue sur les ressources terrestres et hydrauliques. L’utilisation des résidus agricoles et forestiers ou des huiles de cuisson usagées pour produire des biocarburants de seconde génération peut aider à réduire certaines de ces pressions.

Certains secteurs économiques sont étroitement liés à des polluants atmosphériques spécifiques. Étant donné que la plupart des véhicules routiers ont des moteurs à combustion, le transport routier est une source importante d’oxydes d’azote et de particules, qui nuisent en particulier à la qualité de l’air urbain. De même, le secteur de la production et de la distribution d’énergie est notamment responsable de plus de la moitié des émissions d’oxydes de soufre et d’un cinquième des émissions d’oxydes d’azote dans les 33 pays membres de l’AEE (AEE-33) (4).

Malgré le déclin significatif des émissions de polluants atmosphériques dans la plupart des pays de l’UE, les niveaux actuels représentent toujours un risque significatif pour la santé humaine, car ces polluants peuvent notamment aggraver les maladies respiratoires et cardio-vasculaires. Certains polluants peuvent, de plus, contribuer aux changements climatiques et affecter l’environnement. À titre d’exemple, le carbone noir est l’un des composants courants de la suie, principalement présente dans les particules fines (dont le diamètre est inférieur à 2,5 microns). Dans les zones urbaines, les émissions de carbone noir sont essentiellement dues au transport routier, et aux moteurs diesel en particulier. Le carbone noir présent dans les particules a non seulement des incidences sur la santé humaine, mais aussi sur le changement climatique en absorbant la chaleur du soleil et en réchauffant l’atmosphère.

Utilisation des ressources dans une économie circulaire

Quel que soit le carburant que nous choisissons pour répondre à nos besoins énergétiques, nous utiliserons inévitablement des ressources : sol, eau, minéraux, bois et énergie. Dans le cas des combustibles fossiles, l’exploitation de nouvelles réserves et l’extraction nécessiteront des fonds publics et privés pour construire de nouveaux sites sur terre ou en mer, des centrales électriques et des raffineries, des oléoducs ou des gazoducs pour transporter l’énergie, etc. Une demande supplémentaire de combustibles fossiles et une dépendance accrue vis-à-vis d’eux exerceraient non seulement un impact sur la santé, la qualité de l’air et le climat, mais pourraient également inciter les pays à étendre leurs activités de forage à de nouvelles régions et à consacrer plus de zones terrestres ou marines à des activités d’extraction, ce qui entraînerait de nouveaux risques tels que marée noire et pollution.

De même, une croissance exponentielle des énergies renouvelables pourrait être associée à une demande accrue de matériaux tels que les terres rares, utilisées dans les batteries ou les panneaux photovoltaïques. Comme d’autres activités de production d’énergie, les panneaux solaires et les éoliennes ont besoin d’espace, que ce soit sur la terre ou sur la mer. De même, les ressources en terre productive et en eau douce sont très demandées pour la production de bioénergie, y compris la biomasse et les biocarburants. Il n’est pas toujours aisé de déterminer combien de terre (ou quelle superficie en général) est nécessaire à la production d’énergie renouvelable en quantité suffisante pour éliminer progressivement les combustibles fossiles. De plus, les sources et le potentiel de production d’énergie renouvelable peuvent varier considérablement d’une région à l’autre. Certains pays auront un potentiel élevé dans le domaine des énergies solaire et éolienne, tandis que d’autres pourront peut-être satisfaire tous leurs besoins énergétiques grâce à la géothermie.

Par ailleurs, l’équipement et l’infrastructure de production électrique, des panneaux solaires aux oléoducs et aux centrales électriques, deviendront obsolètes après un certain nombre d’années. Il faudra également résoudre, à la fin de leur vie, la question des matériaux utilisés. En réalité, l’énergie renouvelable peut nous offrir la possibilité de concevoir des solutions techniques, telles que les panneaux solaires, en respectant les principes de l’économie circulaire, selon lesquels différents composants et ressources peuvent être réutilisés, récupérés et recyclés.

Les progrès potentiels ne se limitent pas à la fin de vie des composants et à leur réutilisation ou leur recyclage. L’amélioration de l’aménagement du paysage et de l’architecture urbaine, par exemple en intégrant des panneaux solaires dans les matériaux des toits ou les écrans antibruit des autoroutes, peut également atténuer certaines inquiétudes au sujet de l’utilisation des sols ou de la pollution sonore et visuelle.

La conception ou les solutions technologiques peuvent certainement contribuer à réduire les incidences négatives de notre consommation d’énergie actuelle. En tant que ménages, investisseurs, consommateurs et décideurs, l’orientation de nos choix énergétiques vers une consommation propre et intelligente pourrait s’avérer suffisamment puissante pour transformer radicalement, en quelques décennies, la manière dont nous consommons et produisons de l’énergie.

De même, une utilisation plus efficace de toutes les ressources, axée sur la prévention des déchets, la réutilisation et le recyclage, pourrait aider à réduire le besoin total d’énergie. En effet, nous utilisons de l’énergie pour produire des denrées alimentaires et fabriquer des produits de consommation. Chaque fois que nous jetons ceux-ci, nous gaspillons les ressources (énergie, eau, terre et main-d’œuvre) utilisées pour les produire et les transporter jusqu’à nous.

Notes :
(1) À des fins de comparabilité, le contenu énergétique de divers combustibles est converti en équivalent pétrole (c’est-à-dire l’intensité énergétique du pétrole).
(2) La consommation finale brute d’énergie est définie comme étant les produits énergétiques fournis à des fins énergétiques aux consommateurs finaux (industrie, transports, ménages, services, agriculture, foresterie et pêche), y compris l’électricité et la chaleur consommées par le secteur de l’énergie pour la production d’électricité et de chaleur, et les pertes d’électricité et de chaleur lors de la distribution et du transport.
(3) Le passager-kilomètre représente le transport d’un passager dans le cadre d’un mode de transport défini (route, chemin de fer, air, mer, voies navigables intérieures, etc.) sur 1 kilomètre.
(4) Les États membres de l’AEE incluent les pays de l’UE-28, l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège, la Suisse et la Turquie.

Source : Agence européenne pour l’environnement

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Publié le vendredi 12 janvier 2018
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