L'ASTM dénonce fermement l'assassinat de Benjamin Ramos

L’ASTM dénonce fermement l’assassinat de Benjamin Ramos

Action Solidarité Tiers Monde (ASTM) est choquée par la terrible nouvelle de l’assassinat de Benjamin Ramos, fondateur et directeur de l’organisation Peace and Development Group (PDG) aux Philippines.

L’ONG de développement luxembourgeoise se rallie aux autres associations partenaires et à PDG pour condamner fermement ce meurtre qui s’inscrit dans une criminalisation croissante des organisations aux Philippines. Ben Ramos a été tué hier, le mardi 6 novembre, par balles devant un magasin à Kabankalan, sur l’île de Negros, par deux hommes cagoulés à moto. Il se savait menacé depuis longtemps, mais a toujours continué à lutter pour les droits des petits paysans de l’île de Negros.

Un engagement continu malgré les menaces de mort

Ben Ramos, avocat de formation, était fondateur et directeur de l’organisation PDG, créée en 1987 et partenaire de ASTM depuis 2013. Son objectif est de contribuer au développement des communautés rurales de la province de Negros Occidental. En tant qu’avocat dévoué, Ben Ramos a étendu ses services pro bono aux secteurs ruraux pauvres dans leur lutte pour faire valoir leurs droits humains et leurs droits à la terre et à l’alimentation, et ce dans toute l’île de Negros. Il s’agit de petits producteurs, de travailleurs agricoles sans terre et de pêcheurs. Dernièrement, il assistait la Fédération nationale des travailleurs de canne à sucre après l’assassinat en octobre de 9 de ses membres par des hommes armés dans la ville de Sagay.

Le dernier passage de Ben Ramos au Luxembourg remonte à novembre 2016, après avoir assisté au Tribunal Monsanto à La Haye. « Ben était une personne extrêmement engagée, passionnée qui a mis ses compétences d’avocat à la disposition de la lutte pour les droits à la terre des petits paysans et pour une agriculture durable tout en étant conscient des risques énormes pour sa vie. Plusieurs membres de l’ASTM l’ont rencontré les dernières années pendant des missions aux Philippines et ses visites ici. Nous sommes vraiment en état de choc », déclare Julie Smit, bénévole ASTM.

Ben Ramos avait été menacé à plusieurs reprises dans le passé. En 2006 et 2007, il avait fait l’objet de surveillance par les services de renseignement militaires et avait échappé à une tentative d’assassinat. En avril 2018 il avait été identifié sur une affiche publique par les autorités comme faisant partie d’un mouvement armé clandestin. Il savait que sa vie et celle de son entourage étaient en danger.

Criminalisation croissante et attaques violentes contre les partenaires ASTM

L’assassinat de Ben Ramos inquiète fortement l’ASTM car il s’inscrit dans la lignée d’une criminalisation croissante des partenaires philippins de l’ASTM qui sont particulièrement persécutés par l’administration du président Rodrigo Duterte en raison de leur travail en faveur des droits humains. Ceux-ci font quotidiennement face à des problèmes liés à la militarisation croissante, à des arrestations illégales, à des assassinats extrajudiciaires et à de fausses accusations d’appartenir à des groupes terroristes. En décembre 2017, c’est le Père Marcelito Paez, âgé de 72 ans, trésorier d’une autre organisation partenaire, NE-CBHP, qui avait été brutalement assassiné. L’organisation partenaire KMP déplore, pour sa part, 158 paysans assassinés de juillet 2016 à septembre 2018.

Depuis juin 2018, la présence et pression militaire augmentent sur l’île de Negros. L’ASTM suit avec grande préoccupation la situation de ses partenaires qui, quotidiennement, sont affectés par des violations des droits humains. Rocio Albertos, responsable des projets en Asie et Moyen-Orient, a pu vivre cette situation lors de sa dernière mission en été 2018 : « J’ai constaté une forte présence militaire et des équipes de surveillance privées lors de ma dernière mission en été. Nous avons par exemple dû faire un grand détour pour faire les visites dans les organisations locales à l’intérieur d’une plantation de canne à sucre pour éviter les équipes de sécurité armées des haciendas. Ben a fait plusieurs blagues sur le fait qu’il avait été accusé d’être un terroriste. Malheureusement ces mesures de sécurité n’auront pas été suffisantes. À un moment il m’a confié : Rocio, nous n’allons jamais arrêter de travailler pour faire justice, avec ou sans financement. Tristement c’est à cause de cette infatigable énergie et motivation ainsi que par le bon résultat de son travail qu’il a été assassiné comme tant d’autres défenseures des droits humains. »

Depuis que Duterte est arrivé au pouvoir, 23 000 personnes ont été assassinées, résultat de la campagne antidrogue menée par son gouvernement ; et 143 000 personnes ont été incarcérées. Ben Ramos est le 34e avocat tué sous l’administration du Président Duterte. Le plus alarmant est que, à part des consommateurs de drogue présumés pauvres, la majorité des personnes tuées étaient des prisonniers politiques, des défenseurs des droits humains, des rebelles présumés ou des travailleurs du développement.

L‘ASTM continuera à dénoncer la situation préoccupante des défenseurs des droits humains aux Philippines et demander que justice soit rendue aux victimes de violations des droits humains.

Vers la déclaration de notre partenaire PDG en français

Communiqué ASTM

Communiqué
Publié le vendredi 9 novembre 2018
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