Interconnecter les chaînons de la construction, anticiper l'avenir

Interconnecter les chaînons de la construction, anticiper l’avenir

La formation continue des architectes et des ingénieurs-conseils est essentielle pour permettre au Luxembourg d’offrir un cadre de vie qui deviendra un modèle de résilience pour les autres pays. Dans ce contexte, l’OAI et la HoT développent ensemble chaque année un programme permettant aux membres de l’OAI de se préparer aux tendances à venir en matière de construction. Cette offre intègre désormais de manière durable la formation à distance, à travers de nouveaux formats hybrides permettant de tirer profit à la fois des avantages du distanciel et de ceux du présentiel.

Interview de Muriel Morbé, CEO de la House of Training, Sophia Cooper, programme manager à la House of Training, Michelle Friederici, Architecte, membre du conseil de l’OAI en charge de la formation continue, et Pierre Hurt, Directeur de l’Ordre des Architectes et des Ingénieurs-Conseils

À qui s’adressent les formations proposées par la HoT et l’OAI ?

Michelle Friederici : L’OAI travaille avec la HoT depuis sa création en 2015, mais il proposait déjà des sessions de formation professionnelle continue en amont de cette collaboration. Ces formations s’adressent en 1er lieu aux membres de l’Ordre, qui regroupe 5 professions - architecte, architecte d’intérieur, paysagiste, urbaniste et ingénieur-conseil -, mais elles ont aussiété élargies aux administrations, notamment aux communes, et aux étudiants intéressés à évoluer vers une de ces professions.

Combien de sessions sont organisées chaque année et quelles sont les thématiques développées ?

Sophia Cooper : Ces 3 dernières années, nous avons dispensé en moyenne 25 à 30 modules par an. Les thématiques sont en accord avec les professions représentées au sein de l’OAI : Contexte, cadre légal et réglementaire de la construction, Management de bureau et gestion de projet, Énergie et construction durable, Confort et bien-être, Matériaux, techniques et mise en œuvre, Building Information Modeling (BIM) et enfin, Rénovation et patrimoine qui a pris de l’envergure l’an dernier grâce à une collaboration avec le ministère de la Culture et l’Unesco.

M F : Chaque année, notre comité scientifique com posé de membres de l’OAI, de la HoT, et de différents partenaires (Energieagence, LIST, IFSB, CRTI-B) se réu nit pour réfléchir aux besoins du secteur et définir les formations nécessaires. Ces besoins sont en évolution permanente et nous renouvelons chaque année le programme.

Muriel Morbé : Il y a, d’une part, un fort engagement de l’OAI pour que les formations restent adaptées aux besoins de ses membres et d’autre part, un excellent travail d’équipe entre les experts du secteur et les experts en formation.

Pourquoi l’OAI engage-t-il beaucoup de moyens dans la formation de ses membres ?

Pierre Hurt : Former, ce n’est pas seulement préparer quelqu’un à utiliser un programme ou un règlement. Nos membres sont au cœur du processus de construction. Ils sont l’axe central entre les maîtres d’ouvrage / utilisateurs, les administrations et les entreprises qui réalisent les bâtiments. Pour que ce système fonctionne, il faut que ces différents intervenants se comprennent et qu’ils prennent conscience que chaque petit geste peut avoir une influence énorme sur le tout. La formation professionnelle continue est essentielle pour garantir cette interconnexion. D’autre part, si l’on veut encore parfaire le Luxembourg comme lieu exemplaire d’un cadre de vie résilient et durable comme le préconise le Gouvernement, il faut se donner les moyens d’anticiper les tendances de demain et cela peut se faire par la formation. La stratégie holistique de l’OAI en matière de formation et de communication s’articule autour de la méthodologie de collaboration MOAI.LU, maîtrise d’œuvre OAI, qui favorise un construire ensemble de manière efficiente (plus d’informations sur www.moai.lu)

Que reste-t-il des bouleversements de cette dernière année dans l’organisation des formations ?

M M : Une très grande majorité des formations est toujours donnée à distance, mais nous sommes revenus au présentiel, en respectant les mesures de sécurité. Les participants sont contents de pouvoir se retrouver dans une même salle car le contact reste différent. Le présentiel ne pourra pas être remplacé, mais le distanciel s’est installé, il a fait ses preuves et nous voulons l’intégrer de manière durable dans notre offre. Il se prête parfaitement à la transmission de savoirs, de concepts et donne la possibilité de suivre des cours de façon asynchrone, en les enregistrant. En revanche, lorsqu’il s’agit de savoir-faire ou de savoir-être, le présentiel est mieux adapté. Il permet aussi de maintenir l’échange avec un expert et avec d’autres personnes d’entreprises différentes confrontées au même défi, ce qui reste un élément essentiel pour la formation.

Auriez-vous quelques données factuelles sur l’évolution de la formation au cours de cette crise ?

S C : Malgré la crise, en 2020, nous avons atteint 81 % de nos prévisions en termes d’inscriptions. Et ce, grâce au distanciel qui nous a permis de réagir très rapidement, mais aussi grâce à la flexibilité de nos formateurs et des participants inscrits, ce qui nous a permis de reporter certaines formations.

Sur 27 modules qui se sont tenus à distance l’année dernière, entre 12 et 15 ont été maintenus à distance à nouveau en 2021. En effet, les évaluations sont positives et les formateurs ont su adapter leur pédagogie en fonction des nouveaux outils. Même si certains participants ont trouvé les échanges un peu moins vifs et ont regretté un certain manque d’interactivité, la majorité s’est pris au jeu : formateurs, organisateurs et participants étaient globalement contents que les formations aient pu avoir lieu.

Une des solutions que nous avons testées avec l’OAI, et que nous allons dupliquer dans d’autres secteurs, est le format du « live broadcasting ». Le gros challenge des formations à distance lorsqu’il y a plusieurs intervenants est de leur permettre de parler sans s’interrompre et de maintenir la vivacité des échanges. Nous avons donc réuni les formateurs dans une grande salle à la HoT, où ils ont dispensé les cours tous ensemble, en table ronde, pour un public à distance, et cela a bien fonctionné.

Mélanie Trélat
Article tiré du NEOMAG#39
Plus d’informations : http://neobuild.lu/ressources/neomag
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Publié le lundi 26 juillet 2021
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