Énergie verte, bâtiments autonomes et smart grid… une révolution dans le génie technique

Énergie verte, bâtiments autonomes et smart grid… une révolution dans le génie technique

Dans le cadre de ce dossier spécial, nous avons demandé aux acteurs du monde du génie technique de nous donner leur vision de ce que seront les technologies et énergies qui permettront à nos bâtiments de fonctionner, dans les années à venir. Témoignages.

Table ronde « Les techniques spéciales de demain »

Simeon Hagspiel, commissaire du Gouvernement à l’Énergie

« En matière d’efficacité énergétique des bâtiments, on constate une amélioration constante des matériaux, technologies et savoir-faire tant au niveau de l’isolation que de la production de chaleur et d’électricité. Pompes à chaleur, pellets, géothermie sont des technologies innovantes, mais c’est surtout la production décentralisée d’électricité via des panneaux photovoltaïques qui prend de l’ampleur et qui est amenée à être de plus en plus intégrée dans le design des bâtiments.

Pourquoi l’électricité ? Parce que c’est une forme d’énergie très efficace qui a de nombreuses utilisations. En plus, elle peut être directement produite à partir de sources renouvelables, notamment le photovoltaïque et l’éolien, sans aucune forme de transformation qui serait elle-même énergivore, comme c’est le cas par exemple pour l’hydrogène.

Les bâtiments gagnent chaque jour en intelligence grâce à des capteurs qui mesurent la température, l’humidité, la luminosité et qui sont capables d’interagir avec d’autres technologies pour une gestion efficace de l’énergie et un confort accru - car un système intelligent est capable de « s’adapter » à son utilisateur.

Le bâtiment de demain sera un élément d’un réseau énergétique à l’échelle du quartier, voire au-delà. Pour encourager ce genre de développement, il faut un cadre réglementaire. C’est pourquoi le Gouvernement a déposé une modification de la loi sur le marché de l’électricité à la Chambre des Députés qui propose, entre autres, des règles bénéficiant à l’autoconsommation et au partage de l’électricité. Nous sommes donc sur la bonne voie ».

Nous sommes sur la bonne voie

Marc Thein, président de la Fédération du Génie Technique

« Il est très clair que d’ici quelques années, les maisons devront être autarciques. Autarcique veut dire qu’elles devront être équipées de panneaux photovoltaïques, de mini-éoliennes, de pompes à chaleur…, tout ce système qui va faire qu’elles vont produire autant, voire plus, d’énergie qu’elles n’en consomment. Le concept énergétique des bâtiments va donc changer radicalement et il faut que les entreprises soient prêtes.

Les métiers d’électricien et d’installateur chauffage-sanitaire vont devenir un seul et même métier. C’est la raison pour laquelle nous avons fusionné plusieurs fédérations et c’est pourquoi aussi nous lancerons en septembre le Brevet de Maîtrise Génie Technique qui regroupera le Brevet de Maîtrise Électricien et le Brevet de Maîtrise Installateur chauffage-sanitaire, sous un diplôme commun. Aujourd’hui, toutes les techniques du bâtiment doivent communiquer et être intelligentes pour anticiper la consommation.

Il y aura aussi beaucoup de sensibilisation à faire pour intéresser nos jeunes à la nouvelle dimension digitale de notre métier ».

Il faut que les entreprises soient prêtes

Benoît Lespagnol, directeur de Ferroknepper Buderus Luxembourg et secrétaire de l’association des grossistes en appareils sanitaires et de chauffage du Luxembourg

« L’avenir au niveau des techniques spéciales c’est, pour les bâtiments neufs, des solutions qui fonctionnent à 100 % avec des énergies renouvelables et, pour la rénovation de bâtiments existants, un mix entre des énergies fossiles (qui permettent d’atteindre rapidement des hautes températures lors de pics en hiver) et du solaire thermique ou des pompes à chaleur géothermiques ou aérothermiques. Les énergies renouvelables sont désormais incontournables. C’est pourquoi il est important que chaque installateur, bureau d’études, architecte ou particulier se pose la question, pour un projet cohérent, d’aller sur un système hybride ou de franchir le pas vers une solution sans CO2. Laissez-vous conseiller par des structures comme myenergy, mises en place par le Gouvernement pour le conseil énergétique et les offres de subventions ».

Les énergies renouvelables sont désormais incontournables

Günter Krings, managing director de Viessmann Luxembourg

« Dans le futur, la production et la consommation d’énergie seront gérées de manière optimisée via des régulateurs décentralisés, capables de communiquer avec le réseau d’électricité public. Le fonctionnement des appareils électriques sera alors influencé non seulement par la météo, mais aussi par la situation du réseau. En cas de surproduction, le distributeur d’énergie pourra demander à ces régulateurs de faire tourner le sèche-linge, le lave-vaisselle et la pompe à chaleur pour remplir les boilers tampons. L’intérêt du client final étant que l’énergie sera bon marché. À l’inverse, les batteries installées chez l’utilisateur final seront vidées en cas de sous-production. La production renouvelable étant variable, une intelligence qui met la production et la consommation en relation est nécessaire pour que les machines tournent quand l’énergie verte est disponible. L’avenir de la gestion de l’énergie, c’est un smart grid national voire européen qui va jusqu’à la gestion des appareils dans les maisons des clients finaux… Et nous sommes déjà prêts ! »

L’avenir, c’est un smart grid national, voire européen

Pierre André, dirigeant de GECO

« Nous allons vers des constructions qui intègrent, d’une part, des matériaux performants du point de vue énergétique, qualitatifs, et durables dans le temps, et, d’autre part, des équipements connectés, capables de transmettre des informations à l’utilisateur sur la production et la consommation électriques, afin qu’il puisse, lui-même ou via des systèmes intelligents, les gérer et délester les surproductions sur le réseau ou sur des batteries. Ce suivi est capital pour maintenir les performances énergétiques et économiques des bâtiments pendant toute leur durée de vie. Demain, on devrait ne plus avoir à acheter de l’énergie et, ainsi, mieux maîtriser son reste à vivre. Nous avons tous les moyens pour y parvenir »

Le suivi est capital pour maintenir les performances énergétiques et économiques des bâtiments

Benoît Fabry, Sales director Commercial Wallonia & Luxembourg chez Daikin

« Face à l’urgence climatique, il est nécessaire d’appeler moins d’énergie primaire. Pour cela, il faut bien isoler les bâtiments, éduquer les usagers à de meilleures habitudes et, au niveau technologique, réfléchir en termes de consommation annuelle. En effet, une très bonne isolation génère une surchauffe pendant la période de mai à septembre, surchauffe qui peut se traduire par une insatisfaction des occupants. La climatisation fait donc aujourd’hui partie intégrante d’un projet de construction car elle permet de rendre un haut niveau d’isolation supportable en été et ainsi, de réaliser des économies d’énergie en hiver qui, au Luxembourg, reste la période où la pompe à chaleur réversible (qui est donc aussi un climatiseur) est la plus sollicitée. De plus, la climatisation peut travailler en autoconsommation, couplée à des panneaux photovoltaïques, ce qui rend son impact quasiment neutre ».

Il faut réfléchir en termes de consommation annuelle

Mélanie Trélat

Article tiré du NEOMAG#32
Plus d’informations : http://neobuild.lu/ressources/neomag
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Publié le mardi 27 octobre 2020
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