Des toitures vertes pour absorber l'eau de pluie

Des toitures vertes pour absorber l’eau de pluie

Interview de Xavier Duboisdendien, Sales Manager chez Optigrün Luxembourg.

Optigrün est leader européen dans la création et l’aménagement de complexes végétalisés en toiture qui, en plus des innombrables bienfaits traditionnellement attribués aux toitures vertes, permettent de limiter les risques d’inondation lors des épisodes de fortes pluies de plus en plus fréquents que nous traversons, tout en réduisant la consommation d’eau de ville.

Comment êtes-vous actifs sur la problématique d’une gestion raisonnée de l’eau ?

Nous développons des stratégies de planification pour la gestion des eaux de pluie. Nous essayons de restituer sur les bâtiments toute la perméabilité que l’on a retirée de la nature en les construisant, au moyen de toitures vertes. Ces dernières captent et absorbent les eaux de pluie. Elles sont d’abord dirigées via des avaloirs à débit contrôlé vers un système de box de rétention - qui agissent en quelque sorte comme des bassins d’orage – pour être ensuite utilisées dans les toilettes et/ou déversées progressivement dans le réseau, de manière à éviter les risques d’inondation liés à sa surcharge en cas de fortes pluies. Cela implique bien sûr que le bâtiment soit conçu pour pouvoir supporter une certaine charge. Nous calculons les charges de nos complexes saturés en eau pour les bureaux d’études (mais pas le calcul statique du bâtiment).

Sur quoi vos planifications sont-elles basées ?

Pour dimensionner nos complexes de toitures, nous nous basons sur les données de pluviométrie décennales, trentenaires ou centenaires, que nous extrapolons en tenant compte d’épisodes de pluie exceptionnels afin d’anticiper tout accident. Pour l’instant, nous utilisons les données de la ville de Trèves, mais nous travaillerons bientôt avec celles de la météorologie luxembourgeoise pour avoir une plus grande proximité avec les valeurs pluviométriques là où le projet sera construit.

Quels bénéfices les solutions que vous développez peuvent-elles apporter, notamment en termes de gestion de l’eau dans les villes ?

Au-delà de l’aspect commercial, nous nous donnons comme mission de réaménager l’espace urbain avec des complexes végétalisés qui ont une dizaine de bienfaits.

Elles permettent d’améliorer le cadre de travail et de vie des personnes et, lorsqu’elles sont accessibles, elles constituent des espaces de vie supplémentaires, des aires de jeux, de sport et des lieux de rencontre.

Il faut savoir que, même si elles représentent un surcoût à l’investissement, les toitures vertes permettent de réaliser des économies dans le temps, notamment parce qu’elles pérennisent l’étanchéité des bâtiments : on considère qu’une toiture étanchéifiée et protégée par une toiture végétalisée peut devenir quasi-centenaire.

En plus de protéger le toit, le substrat et les plantes agissent comme une couverture qui renforce l’isolation thermique du bâtiment ; on peut ainsi diminuer les épaisseurs d’isolants fabriqués avec des énergies fossiles.

La végétalisation permet aussi d’augmenter de 5 % le rendement des panneaux photovoltaïques, en rafraîchissant leurs sous-faces.

Nos complexes permettent de combattre les îlots de chaleur grâce au principe d’évapotranspiration de l’eau de pluie qui est conservée dans le substrat et dans les plaques de drainage. Sans couverture végétale, s’il fait 35 degrés dans l’air, une toiture étanche affiche une température de 60-70 degrés, ce qui crée des courants d’air chaud ascensionnels qui peuvent modifier la climatologie du secteur et générer des orages et des pluies extraordinaires.

L’évapotranspiration, en réhumidifiant l’air, permet d’abaisser sa température et d’éviter ces phénomènes.

Le fait de garder un maximum d’eau sur le toit (jusqu’à 90 %) et de la diffuser ensuite très progressivement sur des terres qui sont en mesure de l’absorber est une réponse aux problématiques liées à un réseau urbain parfois vétuste et qui n’est pas dimensionné pour accueillir l’eau issue de fortes pluies.

Enfin, n’oublions pas que les plantes sont les premières à bénéficier de notre système et, plus il y a de substrat dans nos complexes de rétention d’eau, plus on peut avoir des plantes hautes, donc plus d’habitats pour des oiseaux ou des coléoptères, par exemple. Ces toitures créent aussi des endroits mellifères et de biodiversité.

Chantier LSC Group à contern/Lycée Clervaux/Maison du Savoir Esch Belval/Optigrün à la BAU de Munich
Chantier LSC Group à contern/Lycée Clervaux/Maison du Savoir Esch Belval/Optigrün à la BAU de Munich

Quelles sont les conditions requises pour installer une toiture verte ?

Nous posons des complexes végétalisés sur des toitures en pente de 15 à 45 degrés ou sur des toitures plates de 0 à 5 degrés avec très peu de résistance de dalle. Végétaliser un maximum de surfaces horizontales ou verticales (y compris des façades), est notre combat de tous les jours et nous avons des solutions à apporter à tout un chacun qui a cette âme de vouloir protéger l’environnement.

Quel entretien doit-on prévoir ?

Il faut compter un à deux entretiens par an s’il s’agit d’une toiture verte extensive. Plus on monte en épaisseur de substrat et en hauteur de plantes, plus on aura besoin d’entretiens fréquents par des paysagistes. Pour le projet Skypark au Findel, par exemple, nous aurons jusqu’à 1,5 m d’épaisseur de substrat avec des arbres de 4 à 5 m.

Mélanie Trélat
Article tiré du NEOMAG#54
Plus d’informations : http://neobuild.lu/ressources/neomag
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Publié le mardi 20 juin 2023
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