Décarboner, c'est commencer par faire le bilan

Décarboner, c’est commencer par faire le bilan

La construction a un rôle primordial et déterminant à jouer dans la chaîne de valeur énergétique. Le secteur peut être une force d’amélioration et d’innovation et présenter ainsi le plus grand levier d’économie de CO2. Grandes ou petites entreprises ont tout à gagner dans la réalisation d’un bilan carbone et de ses objectifs. Le CDEC montre la voie.

La Commission européenne a sa propre vision stratégique en termes de neutralité carbone, avec pour objectif une économie plus prospère, plus compétitive, circulaire et surtout neutre pour le climat d’ici 2050. Ces objectifs sont assimilés dans le Plan national intégré en matière d’énergie et de climat (PNEC) luxembourgeois. Tous mettent en évidence la nécessité de se doter d’un indicateur de mesure du carbone.

Les instances gouvernementales définissent aussi des objectifs pour le Luxembourg.

Le secteur de la construction y a un rôle déterminant à jouer, dans toute la chaîne de valeur énergétique. Car il a aussi l’ambition – et il s’en donne les moyens au travers des initiatives du Conseil pour le Développement économique de la Construction (CDEC) et de ses entités - d’être une force d’amélioration et d’innovation. «  Le secteur peut être, doit être, le plus grand levier d’économie de CO2, et donc d’opportunités liées à une décarbonation productive et valorisée », résume Bruno Renders, administrateur du CDEC.

En juillet dernier, la ministre Carole Dieschbourg présentait les objectifs climatiques sectoriels pour la période 2021-2030. Outre l’objectif de neutralité climatique d’ici 2050 au plus tard, un cap de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) est fixé à -55 % d’ici à 2030 par rapport à 2005, au niveau national. Et la loi retient également que des objectifs sont à fixer pour 5 grands secteurs de l’économie nationale : industries de l’énergie et manufacturières + construction, transports, bâtiments résidentiels et tertiaires, agriculture et sylviculture, traitement des déchets et des eaux usées.

Le ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable a élaboré le tableau des allocations d’émissions annuelles et des objectifs de réduction par secteur, et publiera chaque année un tableau de suivi. Le secteur de la construction est directement concerné, et peut influer sur une combinaison des grands secteurs délimités par le législateur.

Le secteur industrie de l’énergie, manufactures et construction se voit allouer des quotas passant (en milliers de tonnes équivalent CO2) de 455 en 2021 à 242 en 2030. Pour les bâtiments résidentiels et tertiaires, les allocations d’émissions doivent baisser de 1 497 à 590 pour 2030. Rien que ses ces deux indicateurs montrent l’impact que peut avoir la construction, via les innovations qu’elle promeut. « Les bâtiments non seulement neutres mais aussi producteurs d’énergie, réutilisant toutes les ressources au lieu d’y puiser, participant à l’autonomie alimentaire locale au travers de l’urban farming et de projets concrets contre notre serre-pilote à Bettembourg, https://www.infogreen.lu/ceci-n-est-pas-une-serre.html les réflexions de tout un secteur pour innover dans la chaîne de valeur économique et sociétale et décloisonner les secteurs comme les esprits, tout cela façonne la stratégie du CDEC et de ses entités », souligne Bruno Renders.

De quoi actionner les leviers

Le CDEC s’est lancé très tôt dans la réalisation de son bilan carbone, qui détermine l’empreinte des activités du groupe (IFSB, Neobuild, COCERT…) et permet de tirer des enseignements technologiques et managériaux. « Il s’agit d’une démarche d’amélioration continue, globale et systémique, d’intégration des enjeux environnementaux. Le secteur de la construction luxembourgeois doit être un modèle ».

Véritable outil d’aide à la décision, le bilan – réalisé par COCERT - s’appuie sur un « carbon footprint report » complet via une méthodologie précise de collecte de données sur les consommations en énergie et en eau des bâtiments, des différents intrants, des déchets ou encore de la mobilité intra-inter entités, le tout rapporté en « équivalent carbone ». https://www.infogreen.lu/l-empreinte-carbone-plus-qu-un-bilan-un-veritable-outil-strategique-15967.html

Ainsi, pour l’exercice 2020, le Bilan Carbone® total de l’IFSB s’élève à 1 099 tonnes d’équivalent CO2 (émissions considérées selon les standards ISO 14064). Cela représente 0,305 kg éq. CO2 par euro de chiffre d’affaires, 264 kg éq. CO2 /stagiaire ou encore 13,87 kg éq. CO2 /heure de formation. Soit une diminution de 39% par rapport à 2019. « C’est un benchmark. Cela permet d’actionner les leviers opérationnels. Il s’agit d’atteindre les objectifs, d’aller au-delà des normes et des obligations le cas échéant. Il s’agit de gagner en résilience et d’être un pilote, non seulement pour le secteur de la construction, mais pour toute une nouvelle économie ».

Car le bilan carbone joue aussi sur le « bilan économique ». https://www.infogreen.lu/l-equation-partenaire-du-bilan-carbone-15955.html
La réduction des coûts et la baisse de la dépendance énergétique permettent d’anticiper, d’évaluer le « risque carbone » qui, un jour ou l’autre, se mesurera aussi en termes de coûts financiers, d’investissements subventionnés (ou non)… ou de bénéfice économique, avec une valorisation sur le long terme de l’usage. « C’est aussi pour cela que le bilan carbone est un outil stratégique et que chaque entreprise peut y trouver son compte ».

Alain Ducat
Photo : Fanny Krackenberger
Article tiré du dossier du mois « Lieux de vie 3.0 »

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Publié le mercredi 24 novembre 2021
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