De l'intérêt du BIM sur chantier

De l’intérêt du BIM sur chantier

Anticiper et régler les collisions en amont de la phase de construction, gérer le planning des intervenants ainsi que les flux de livraison et vérifier la conformité du bâtiment avec le projet initial : 3 avantages majeurs du BIM.
Rencontre avec Gilles Pignon, architecte, BIM Manager chez BIMCONSULT

Pourquoi utiliser le BIM sur chantier ?
En tant qu’architecte et avec plus de 10 années d’expérience sur des chantiers « classiques », je suis le 1er à constater tout l’intérêt du BIM dans la phase chantier. La visualisation concrète des ouvrages futurs, permise par la maquette numérique, fournit une meilleure vision des tâches à accomplir, permet de résoudre les éventuelles collisions en amont et assure ainsi une bonne coordination des différents acteurs, internes et externes à l’entreprise. Au final, les chantiers sont mieux organisés, donc moins longs et moins coûteux. Bien entendu, pour arriver à un tel résultat, un gros travail d’implémentation est nécessaire sur la maquette.

Quels sont les acteurs concernés ?
Tous les intervenants gagnent à utiliser le BIM sur le chantier : l’entreprise en 1er lieu, car c’est elle qui tire profit de l’anticipation de certains conflits, le maître d’œuvre ensuite pour qui il constitue un outil de contrôle permettant de vérifier l’avancement des travaux et la conformité de ce qui est réalisé avec la maquette. Le maître d’ouvrage enfin, à qui il offre une vision complète de son futur bâtiment à un instant T. Bien entendu, pour que le processus soit optimal, les acteurs doivent être BIM ready et collaborer à 200 %.

Quelles erreurs récurrentes le BIM permet-il de solutionner ?
Le BIM offre une réelle plus-value à la 3D. Il permet d’éviter certains croisements, typiquement une gaine de ventilation qui passe dans une poutre, mais aussi de résoudre les questions d’approvisionnement ou d’espace disponible, problématique qui se pose notamment dans des environnements restreints comme la ville. Le fait de simuler la phase de construction au moyen d’une maquette virtuelle en 3D, d’y ajouter une dimension temporelle (4D) et financière (5D) permet d’optimiser la logistique, d’automatiser la production des quantitatifs et de simplifier leurs mises à jour. Le projet évolue, le métré évolue en conséquence.

Quelle incidence le BIM a-t-il sur les délais ?
Le planning d’intervention des différents corps de métier est simulé dans la maquette numérique, ce qui permet d’avoir moins de surprises. Il est un outil efficace pour permettre aux chefs de chantier et aux coordinateurs de travaux de vérifier que chaque élément se trouve bien à l’endroit prévu au moment voulu. En cas de décalage avec la réalité, on modifie cette donnée dans le planning 4D et l’étape suivante est automatiquement décalée d’autant. Le BIM, lorsqu’il est associé à une démarche lean ou Last Planner System permet de gagner en durée d’exécution par une meilleure gestion des flux de travail. La sécurité est également renforcée puisque le tout est simulé virtuellement.

Quel retour d’expérience a-t-on de l’utilisation du BIM ?
Au Luxembourg, les 1ers projets pilotes voient le jour mais on a déjà un feedback d’autres pays. Mehdi Halal, le gérant de BIMConsult, intervenait déjà en Nouvelle-Zélande il y a plusieurs années, et les gains financiers réalisés grâce au traitement des incohérences par le BIM étaient déjà connus et reconnus. En France, une étude a estimé à 10 milliards d’euros le coût des incohérences sur les chantiers. Or, quand on sait que le BTP dans ce pays réalise 126 milliards d’euros de chiffre d’affaire, on prend immédiatement conscience de l’intérêt de travailler en BIM. En Angleterre, le BIM a permis de préfabriquer des éléments en béton sur-mesure pour le métro londonien. Sans cette technologie, on aurait perdu beaucoup de temps à repiquer le béton et la roche pour qu’ils s’assemblent correctement et les coûts auraient été beaucoup plus importants. Lors de la conception du Sports Hub de Singapour, la maquette numérique a permis de coordonner les réseaux techniques avec les structures fournies par les architectes et bureaux d’études, mettant en évidence des interférences qui n’auraient pas pu être détectées en 2D.

Sur le terrain, comment travaille-t-on avec le BIM ?
Sur chantier, on collabore autour d’un kiosque BIM qui remplacera à terme l’armoire à plans et qui est un véritable support pédagogique tant pour le maître d’ouvrage que pour l’entreprise. Un plan ou une coupe offre une vision abstraite alors qu’une image en 3D permet, par le biais de l’immersion, une compréhension et une résolution plus rapide des problèmes. Le BIM a également l’avantage de centraliser toutes les données relatives au bâtiment autour de la maquette, ce qui permet d’accéder facilement à l’information recherchée.

Que se passe-t-il une fois le chantier arrivé à son terme ?
Une maquette numérique correspondant exactement au bâtiment réel sera restituée au maître d’ouvrage. Elle contiendra toutes les données implémentées et mises à jour au cours des étapes de conception et de construction. Pour simplifier, grâce à cette maquette, le maître d’ouvrage saura avec précision ce qui se trouve sous son faux-plafond et disposera en temps réel des informations concernant le programme des espaces, les charges disponibles et les échéances concernant la maintenance des installations.

Mélanie Trélat

Source : NEOMAG

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Publié le mercredi 5 avril 2017
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