COP27 : pertes, dommages et financements

COP27 : pertes, dommages et financements

La délégation luxembourgeoise emmenée par Joëlle Welfring multiplie les contacts et échanges autour du volet « Loss & Damage » et des sources de financement « réparateur » de climat

Le premier jour officiel de la délégation luxembourgeoise à la conférence mondiale sur le climat à Charm el-Cheikh a permis à l’équipe autour de Joëlle Welfring de « coordonner le dernier état des négociations entre les ministres européens », explique sur les réseaux sociaux la ministre de l’Environnement.

Dans le bureau mis à disposition de la délégation, le team ministériel a fait le point avec Jessie Thill et Paul Galles, qui représentent la Chambre des députés à la COP27.

Le soir-même, Joëlle Welfring a aussi eu un « échange important » avec le Global Green Growth Institute et son directeur Frank Rijsberman. « C’est un important partenaire de projet en finance climatique internationale pour le Luxembourg », souligne la ministre. On se souvient en effet que, en juin dernier, cette organisation internationale de promotion de la croissance verte avait signé un accord avec le gouvernement, permettant d’établir un bureau à Luxembourg et d’intégrer l’écosystème de la finance durable.

Une épineuse question

On rejoint ici l’épineuse question du financement des « pertes et dommages » (Loss & Damage) causés par le changement climatique, en particulier aux pays pauvres qui en sont les premières victimes. La délégation luxembourgeoise s’y intéresse de très près et c’est en effet un sujet-clé de cette COP27. Une affaire de solidarité et de responsabilité, comme le rappelait avant la conférence un collectif d’organisations basées au Luxembourg.

Précisément, ce sujet peine à remonter dans l’agenda des négociations climatiques : comme il s’agit d’instaurer un principe de « compensation » financière et donc de « solidarité » -comme l’a souligné à l’ouverture de la COP27 le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres-, bon nombre de pays riches ont tendance à freiner car accepter le principe équivaudrait à avouer leur part de responsabilité dans le changement climatique.

On notera que plusieurs pays européens ont mis le pied à l’étrier : après le Danemark qui s’était engagé sur 13 millions d’euros, l’Allemagne a annoncé une contribution de 170 millions d’euros pour son initiative « Global Shield » destinée notamment à assurer les pays vulnérables contre les dégâts climatiques, l’Irlande a promis 10 millions d’euros pour cette même approche européenne en 2023, l’Autriche annonce 50 millions d’euros sur les quatre prochaines années, l’Ecosse évoque 7 millions, la Wallonie (Belgique) 2,5 millions d’euros.

Le charme et les chèques

Côté luxembourgeois, pas de chiffre spécifique encore, mais une volonté affirmée en coulisses, outre les rappels de participation aux efforts mondiaux via la coopération et les programmes de financement vert notamment appuyés par Xavier Bettel en ouverture de la COP27.

Les enjeux sont colossaux et le compte n’y est pas encore : en 2009, à Copenhague au Danemark, un engagement des pays les plus riches promettait 100 milliards de dollars par an dès 2020. En 2022, cette aide plafonne à 83,3 milliards, selon l’organisation de coopération de développement économique (OCDE).

À Charm el-Cheikh, l’Union européenne vient de se dire prête à rehausser ses engagements, alors que les pays en développement ont encore fustigé le « manque d’ambition » des pays riches et surtout la faiblesse de leur soutien aux plus vulnérables aux impacts du réchauffement.

Le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans, à la tribune de la COP27, a annoncé que, grâce à l’adoption de plusieurs législations dans les dernières semaines, l’UE entend mettre à jour ses objectifs, pour réduire les émissions d’au moins 57% d’ici 2030 par rapport à 1990 (contre 55% actuellement).

L’opération charme sera-t-elle suivie d’effet et comment y réagiront quelques « grands impacteurs », notamment suite au G20 réuni à Bali en parallèle de la conférence climatique ?

Dans l’immédiat, une ébauche de texte mentionne le « besoin de dispositions financières pour répondre aux pertes et dommages », une formulation utilisée depuis le début de la conférence le 6 novembre par les Européens et les Américains.

Images de voyage

Pour l’anecdote et le contexte sans doute décalé de cette méga-conférence mondiale, le député luxembourgeois Paul Galles publie sur les réseaux sociaux un « slide-show » qui montre l’ambiance et le décorum du site égyptien où se joue la pièce climatique mondiale.

Et les images sont plus proches d’une sorte de Las Vegas où la sobriété, en énergie ou en ressources, ne tient pas la vedette égyptienne.

Avant son départ, le jeune député CSV avait tenu à faire un tour de quelques bons exemples de projets de transition, à Rédange, en Alsace ou en Suisse (d’où il s’est embarqué pour l’Egypte, le début de parcours ayant été accompli majoritairement à pied ou à vélo), pour avoir des idées concrètes en tête.

Et il avait précisé dans des interviews aux médias luxembourgeois : « Le chemin que je fais pour aller à la COP est plus important pour moi que la COP en elle-même ».

Alain Ducat

Photos : Joëlle Welfring/Facebook, MECDD, Paul Galles/Facebook

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Publié le jeudi 17 novembre 2022
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