Consommation textile responsable, où en est-on ?

Consommation textile responsable, où en est-on ?

Réponse en chiffres avec les résultats de deux sondages menés à l’échelle de l’Europe et du Luxembourg. Ils mettent en lumière une certaine sensibilité des consommateurs pour le respect des droits humains et de l’environnement dans la chaîne de production textile. Il ne reste plus qu’à passer à l’action.

Le mouvement Fashion Revolution a fait paraître, en novembre 2018, une enquête IPSOS impliquant 5 000 participants issus des cinq plus grands pays européens et âgés de 16 à 75 ans.

Elle dévoile notamment que plus d’un consommateur sur trois prend en compte les aspects sociaux (38 %) et environnementaux (37 %) lors de l’achat d’un vêtement.
Qu’un salaire décent soit versé aux ouvriers de confection est important pour 39 % des personnes interrogées, des conditions de travail sûres pour 31 %, le bien-être animal pour 30 %, la production locale pour 10 % et l’utilisation de matériaux recyclés pour 6 %.

La majorité d’entre elles veut en savoir plus sur les vêtements qu’elles achètent : provenance des matériaux (67 %), modes de fabrication (59 %), actions mises en place par les marques pour minimiser leur impact environnemental et respecter les droits humains (61 %).

Elles sont 84 % à penser que les marques doivent agir contre la pauvreté dans le monde, 85 % contre le changement climatique, 88 % pour la protection de l’environnement et 77 % pour l’égalité entre les sexes.

68 % considèrent que les gouvernements ont un rôle à jouer dans une production plus durable des vêtements, chaussures et accessoires. 77 % souhaiteraient que la loi oblige les marques à respecter les droits humains et 75 % à protéger l’environnement au cours des différentes étapes de la chaîne.

Et au Luxembourg ?

Caritas et Fairtrade ont commandé à l’institut TNS ILRES une étude sur la consommation textile responsable au Grand-Duché. Publié en mars 2018, ce sondage en ligne a été mené auprès de 510 résidents de plus de 16 ans.

Le 1er point portait sur les critères pris en considération lors de l’achat de vêtements. La qualité est apparue en tête (73 %) suivie du rapport qualité prix (68 %), du confort (64 %), des besoins saisonniers (61 %) et du prix (61 %). L’origine ne compte que pour 15 % des répondants, les labels environnementaux pour 13 %, les labels sociaux pour 9 % et la santé pour 8 %.

À la question « que faites-vous des vêtements que vous n’utilisez plus ? », les réponses les plus données sont : « je les laisse dans un container pour vêtements », « je les donne à une association caritative » et « je les donne à mes amis ou à ma famille ».

Concernant ce qui pourrait être amélioré dans la filière, le plus important pour les participants est de donner un cadre légal aux grandes entreprises de l’industrie textile afin qu’elles respectent les droits humains et le développement durable, puis de garantir de meilleures conditions de travail aux employés, surtout dans la confection. Diminuer l’impact négatif sur l’environnement n’apparaît qu’en 3e position, puis vient le fait d’assurer un minimum vital aux producteurs de coton et, en dernier lieu, de stopper la surconsommation de vêtements et leur durée d’utilisation trop courte.

Il leur a aussi été demandé ce qu’une consommation durable et équitable de vêtements signifiait pour eux. Pour 58 %, c’est réduire sa consommation de vêtements et les utiliser plus longtemps ; pour 42 %, les donner aux organisations caritatives ; pour 29 %, les transmettre à ses proches ; pour 28 %, s’assurer que le vêtement n’a pas été fabriqué par des enfants ; pour 21 % acheter des vêtements certifiés éthiques et produits dans des conditions de travail dignes ; pour 9 % acheter des vêtements fabriqués à base de coton sans pesticides ni OGM. Seuls 5 % des participants disent privilégier l’échange et les marchés seconde main et les 5 % restants ne se font aucune de ces réflexions.

Ce qui pourrait les inciter à consommer leurs vêtements de façon plus responsable serait, dans l’ordre, davantage d’informations sur les modes de production sur les étiquettes, une plus grande offre de vêtements en coton bio et fair, que les entreprises fassent un reporting sur les conditions de travail dans leur chaîne d’approvisionnement et une offre de vêtements faits à partir de matières recyclées ou de vieux vêtements. Certaines personnes ont également répondu qu’elles n’achètent qu’en cas de besoin et utilisent leurs vêtements le plus longtemps possible.

Lorsqu’on demande aux sondés « qui peut faire évoluer la filière ? », 83 % citent les consommateurs, 82 % le gouvernement et les institutions publiques, 80 % les entreprises de production et les multinationales (donc les donneurs d’ordre), 70 % les commerçants et 65 % la société civile.

Enfin, quand on évoque les conditions inhumaines dans lesquelles leur marque préférée fabrique ses produits, 55 % des personnes interrogées décident de la boycotter, 19 % s’informent davantage et 12 % continuent à acheter cette marque mais moins qu’avant. Pour 6 %, cette information n’aura pas d’impact sur leurs habitudes de consommation et 4 % poseront des questions directement à leur vendeuse habituelle.

Mélanie Trélat
Dossier du mois Infogreen « Les dessous du textile »

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Publié le mardi 12 mars 2019
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