Concevoir nos cadres de vie sans perturber le travail de la nature

Concevoir nos cadres de vie sans perturber le travail de la nature

Nature et construction vont-ils bien ensemble ? Régis Bigot, Innovation Project Manager, est allé à la rencontre de l’ANF pour échanger sur ce vaste sujet.

Il était prévu de longue date que nous rencontrions l’Administration de la Nature et des Forêts, chose faite le jeudi 26 janvier. Les échanges pouvant a priori paraître lointains entre nature et construction, le contraire était démontré après quelques minutes… car c’est en toute logique que la construction « s’approprie » inévitablement des espaces qui sinon, appartiennent au vivant.

Attributions et guides

C’est un réflexe très « humain » que de vouloir coloniser la nature et transformer son environnement, sans limite(s). Si les fonctions de l’ANF sont principalement de protéger cette nature dans son ensemble (ressources, diversité biologique et des paysages), de gérer la forêt en particulier et d’assumer la surveillance et la police de ses matières, on connaît peu sa contribution au sujet des interactions entre la nature et le construit, matières a priori antagonistes.

Le guide « Nature & Construction » est à ce titre un ouvrage remarquable de près de 400 pages qui tient lieu de référence en matière d’aménagements écologiques, tant pour la conception des abords de voiries que pour les aménagements urbains, périurbains et autres : au travers d’une structuration claire des thématiques et sujets, le guide traite de l’ensemble des espaces en favorisant la biodiversité, au travers d’exemples concrets et illustrés. L’architecte, l’urbaniste, le promoteur ou le quidam y trouveront l’inspiration nécessaire pour améliorer la conception de nos cadres de vie, sans perturber le travail de la nature ; l’accent est également mis sur la réduction du caractère artificiel que revêtent parfois nos espaces, ainsi que la diminution des opérations d’entretien.

D’autres documents plus spécifiques, comme un ouvrage entièrement dédié à la planification de surfaces de parking ou cet autre ouvrage qui compile les approches mises en œuvre au Kirchberg, complètent avantageusement le guide général précité. Une lecture transversale permet déjà de se rendre compte des énormes impacts que représentent nos environnements construits et à quel point il est urgent de les transformer et de réduire leur artificialité.

Compensation, accompagnement

Lorsque des constructions ou des aménagements engendrent des dommages environnementaux, l’on recourt au principe de compensation dont l’objectif est d’éviter toute perte de biodiversité, et qui existe sous deux formes : le pool compensatoire national, géré par l’ANF, et les pools compensatoires régionaux gérés par les communes.

Au-delà de ce système, il nous paraît pourtant utile de rappeler qu’un accompagnement préalable et complémentaire, en amont, auprès des experts de l’ANF est parfaitement souhaitable et réalisable ; sur certains programmes de construction, il est notoire de constater que la réflexion globale sur les aménagements est fortement limitée pour ne pas dire inexistante ; faute de temps, faute d’anticipation, faute de connaissance, manque d’intérêt… d’où l’avantage et les bénéfices d’augmenter ce type de collaboration.

Des couloirs de couleur

Plus l’on s’intéresse aux effets collatéraux des constructions, plus l’on s’approche de thématiques pointues. Il en va ainsi des corridors écologiques : les couloirs ou trames « noir(e)s », qui traitent de la pollution lumineuse et de la préservation de zones peu ou pas illuminées la nuit au profit de multiples espèces telles qu’insectes, amphibiens ou petits mammifères comme les chauves-souris. Un guide regroupe ainsi une série de recommandations simples et utiles à mettre en œuvre pour « réparer » certaines situations :

  • Les couloirs ou trames « bleu(e)s » qui permettent des continuités aquatiques/humides et contribuent au bon état des eaux : cours d’eau de toutes catégories, canaux, marais, étendues d’eau fermées…
  • Les couloirs ou trames « vert(e)s » qui établissent des connexions terrestres et aériennes « sécurisées » et favorisent le déplacement des espèces : massifs végétaux ponctuels ou linéaires, bosquets, jardins sauvages, plateformes et façades végétalisées, champs, …
  • Dans une plus petite mesure, l’on évoque également la trame « brune » que constituent nos sous-sols, véritables réservoirs de biodiversité qui subissent de plein fouet les assauts de nos interventions, ainsi que la trame « air » qui tient compte des obstacles pour oiseaux : lignes à haute tension, éoliennes, …

Régis Bigot, architecte, Innovation Project Manager Neobuild GIE
Photos : © Fonds Kirchberg

Créer des passerelles

C’est l’une des volontés de l’ANF à qui Neobuild GIE s’associe volontiers : créer un groupe de réflexion et de travail afin de mieux cerner les besoins de chacune des parties, anticiper les actions à mettre en œuvre pour que les projets tiennent à l’avenir mieux compte de leur impact sur la nature et la biodiversité.

Si vous souhaitez participer à la mise sur pied de ce groupe, veuillez marquer votre intérêt auprès de Régis Bigot - r.bigot@neobuild.lu

Extrait du NEOMAG#53
Plus d’informations : http://neobuild.lu/ressources/neomag
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Publié le vendredi 7 avril 2023
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