Café : la success story qui cache la crise

Café : la success story qui cache la crise

Les prix du café sur le marché mondial sont au plus bas depuis 2006, mettant ainsi en danger la survie des 17,7 millions de petits producteurs qui représentent plus de 80 % de la production mondiale de café. Pourtant plus de 2 milliards de tasses de café sont consommées chaque jour, générant un chiffre d’affaires d‘environ 200 milliards de dollars par an.

Un prix mondial au plus bas Matière première cotée à la bourse, le café est exposé aux fluctuations des cours internationaux. Or, en ce moment, les prix du café sur le marché international sont au plus bas depuis 12 ans. Les raisons en sont multiples : il y a notamment une surproduction dans différentes régions du monde, des stocks importants et une spéculation boursière. En septembre, le prix pour une livre d’Arabica est descendu sous la barre symbolique de 1 dollar/livre. En 2016, le prix était encore à 1,55 dollar/livre. À cause de cette baisse considérable de 30 %, les producteurs de café doivent faire face à une baisse annuelle de leurs revenus de l’ordre de 11 milliards de dollars. Aucun programme d’aide au développement ne pourra combler cette perte. De plus, selon une récente étude*, les pays producteurs ne touchent en moyenne que 23 % à 27 % de la valeur créée par la chaîne de valeur du café, alors qu’ils subissent entre 68 % et 92 % des coûts sociétaux et environnementaux associés à cette culture.

La culture du café menacée par le changement climatique La culture du café est aussi directement impactée par la hausse des températures et l’altération des régimes de pluie liées au changement climatique. D’après des études récentes, sans une action forte pour limiter les conséquences du dérèglement climatique, à l’échelle mondiale, environ 50 % des surfaces actuellement utilisées pour la culture du café ne seraient plus adaptées d’ici 2050. Or, les faibles marges que dégagent les producteurs ne leur permettent souvent pas de réaliser les investissements nécessaires. Obligés alors de s’endetter pour assurer leurs besoins essentiels, nombre d’entre eux se trouvent piégés dans une spirale de la pauvreté. Au Pérou et en Éthiopie par exemple, les caféiculteurs ont généré des revenus (à partir de leur activité café) largement inférieurs au seuil de pauvreté. Ils touchent même en 2017 un revenu 20 % plus faible qu’en 2005*. Dans ce contexte, le métier de caféiculteur perd de son attractivité et les jeunes générations s’en détournent.

Pour un devoir de vigilance des acteurs du café Dans ce contexte mondial très sombre, un levier d’action à mettre en place pour plus d’équité est la mise en œuvre effective d’un devoir de vigilance (en particulier sur le paiement des revenus et salaires décents) par les acteurs de la filière. Cela devrait permettre l’avènement d’une filière réellement durable du café, afin que les producteurs puissent vivre dignement de leur travail et s’adapter aux impacts croissants du dérèglement climatique.

Nous appelons toute personne qui respecte les droits de l‘homme et le droit inaliénable à la vie à poser des limites à tout commerce qui ne garantit pas des prix durables aux producteurs.

Appel du 18 octobre 2018 de la CLAC, réseau de producteurs Fairtrade d‘Amérique Latine

* Café : la success story qui cache la crise, étude réalisée par BASIC pour Max Havelaar France, à consulter notre site : www.fairtrade.lu

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Publié le mardi 13 novembre 2018
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