Bettembourg avec shime pour recycler les mégots

Bettembourg avec shime pour recycler les mégots

La commune est la première du pays à se lancer dans la lutte contre les mégots-pollueurs. Le partenariat, avec shime, le concept MeGO ! et même des cendriers Made in Luxembourg, est un modèle vertueux, en plein dans la cible de l’environnement, du recyclage, de l’économie circulaire et de partage, avec des partenariats locaux. Schifflange et Dudelange suivent dans la foulée.

Les lecteurs d’Infogreen connaissent déjà bien la société shime et le procédé MeGO ! Ils n’ignoraient pas davantage que lacommune de Bettembourg se lance dans cette belle aventure. Voici donc la chose confirmée : Bettembourg est bien la première commune du pays à installer des cendriers destinés à récupérer des mégots afin qu’ils soient recyclés, dans un partenariat conclu avec shime.

Le projet a été présenté à l’hôtel de ville par l’échevin Gusty Graas, en charge de l’environnement – gestion de l’eau et des déchets – à Bettembourg. Un homme qui a de la suite dans les idées : en 2018, le député DP avait interpellé le gouvernement à la Chambre sur cette pollution insidieuse, « une plaie, notamment pour les stations d’épuration de l’eau », et il avait décidé de mener la lutte dans sa commune.

Sensibiliser et agir

Aux actions de sensibilisation et de communication, comme la distribution de cendriers de poche, Bettembourg ajoute une vraie solution de terrain, avec le concept innovant développé par la start-up française MeGO !, implémentée sous concession par l’entreprise luxembourgeoise shime. « C’est vraiment un projet intéressant. C’est un bon moyen d’action et de sensibilisation, dans une logique vertueuse. Nous sommes fiers que Bettembourg soit la première commune du pays à se lancer, avec des partenaires locaux », insiste M. Graas.

On peut rappeler que shime, active depuis trois ans à Contern, est spécialisée dans le conseil en RSE et en développement durable, pour les entreprises, les organisations publiques, les associations, et elle travaille avec MeGO ! depuis un an environ. « L’objectif est de sensibiliser et d’agir, en proposant une solution », souligne Stéphane Henrard, le directeur de l’entreprise. « La stratégie rejoint complètement le Null Offall Lëtzebuerg promu par les autorités luxembourgeoises ».

Économie circulaire et Made in Luxembourg

En se basant sur les expériences françaises, MeGO ! permet une réduction de quelque 30% de la quantité de mégots abandonnés au sol. Et ce qui est collecté ajoute quelques rayons au cercle vertueux : récupérés, stockés dans les règles de l’art en attendant leur transport vers le site de retraitement en Bretagne, ils sont alors assainis par un procédé naturel de lavage, de séchage et de broyage, et la matière dépolluée ainsi obtenue sert de matériau de base (92% du déchet se trouvent recyclés), pour créer du mobilier urbain par exemple, commercialisé par MeGO ! Bel exemple d’économie circulaire…

Bettembourg ouvre donc la voie, en s’équipant de 30 cendriers. 10 sont, en plus, estampillés « Made in Luxembourg » : en inox brossé, personnalisés, ils peuvent contenir environ 8000 mégots, protégés des intempéries et donc valorisables, et ils sont dotés d’un système de vidange par aspiration. Ils sont produits et signés par l’entreprise familiale Berl, de Contern. Un partenariat entre voisins...

Matière à valoriser

Reste à faire en sorte que les fumeurs jouent le jeu, que l’information passe, pour que les mégots se retrouvent au bon endroit. Le « parc » de cendriers pourrait alors s’agrandir, réduisant d’autant les déchets « sauvages » et leurs conséquences, tout en augmentant la quantité de matière potentiellement recyclable.

Il faudra d’ailleurs voir l’évolution de la notion de « déchet nocif » à l’échelle européenne, où le Luxembourg est à la pointe du combat, en demandant l’inclusion des mégots, amalgames de substances multiples, dans la catégorie des « nocifs ». Cela pourra faire évoluer les conditions de stockage et de traitement, les besoins en contenants spécifiques, et donc probablement le tonnage de matière à valoriser. On peut imaginer, à terme, que le modèle économique se développe, avec pourquoi pas, un jour, au Luxembourg ou à proximité immédiate, un site de recyclage par un procédé naturel et de fabrication de produits en matières recyclées.

En attendant, même si l’objectif est de tendre au « zéro mégot », des millions de résidus de cigarettes auront été jetés (dans les cendriers, s’il vous plaît !) et les initiatives auront grandi.

Déjà, shime, après Bettembourg, met en service le MeGO ! à Schifflange et à Dudelange (une quinzaine de cendriers MeGO ! chacune). Et elle représente aussi la société française en Belgique et en Moselle. Un beau potentiel, dans la Grande Région, pour un projet qui fait rimer priorité environnementale, réussite économique et intérêt général.

Alain Ducat

Photos : Fanny Krackenberger

Photo principale : De gauche à droite, Gusty Graas, échevin de Bettembourg, Stéphane Herard (shime) - appuyé sur un fume-debout en matériau recyclé produit par MeGO ! - et Jacques Herz (entreprise Berl)

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Publié le mercredi 23 septembre 2020
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