Wunne mat der Wooltz

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Le Fonds du Logement est en train de développer un nouveau quartier aux abords de la Wiltz, qui constitue l’épine dorsale de ce projet exceptionnel. Le promoteur public, en coopération avec la ville de Wiltz, veut en faire un lieu de vie partagé que les habitants pourront s’approprier très rapidement, avec notamment des logements adaptés à toutes les typologies familiales.

Le futur quartier, ou plutôt les futurs quartiers (ils seront au nombre de 7 et s’étendront sur 25,5 hectares au total), se déploieront aux abords de la Wiltz, au fond d’une vallée qui sépare actuellement la ville en deux. La première fonction de ce projet sera donc de « réconcilier » deux versants qui se font face, Oberwiltz et Niederwiltz. Autrefois, et pendant près de 150 ans, c’est l’industrie qui faisait la jonction. Aujourd’hui, les usines ont disparu et le terrain appartient en grande partie au Fonds du Logement, qui y construira environ 700 unités d’habitation, auxquelles s’ajouteront 80 logements privés. Et pour faire de ce quartier un véritable lieu de vie et de rencontre, les rez-de-chaussée des différents bâtiments accueilleront des commerces et services, dont un Repair Café, structure emblématique de l’esprit d’économie circulaire qui anime la globalité du projet. La ville de Wiltz a en effet été désignée par le gouvernement comme un hotspot de l’économie circulaire.

« Le projet permettra de réoccuper ce fond de vallée et de reconvertir ces friches, qui sont perçues comme un point noir sous-entendant le déclin économique local », souligne Emmanuel Erard, coordinateur de service et chef de projet au Fonds du Logement.

Le cœur du futur quartier est constitué par la gare ferroviaire qui deviendra un pôle d’échanges multimodal directement relié à la nouvelle gare routière, rendant la ville de Luxembourg et le reste du pays facilement accessibles à toute heure. La gare se trouve au sein du quartier « Public » où la commune déploiera une école pouvant accueillir 300 élèves, une école de musique régionale et un musée pour enfants, ainsi que des surfaces commerciales.

En plus de cette zone publique, de nombreuses places seront aménagées dans les différents quartiers pour permettre aux habitants de se retrouver et la rivière Wiltz sera renaturée sur environ 3 kilomètres (1 kilomètre dans le nouveau quartier, 1 kilomètre en amont et 1 kilomètre en aval). « La Wiltz, qui est un élément central du projet, n’est actuellement pas présente. Nous souhaitons la rendre aux habitants de la ville en y aménageant des promenades », explique Michal Zaglaniczny, chef de projet au Fonds du Logement.

On y trouvera aussi un club d’escalade avec des infrastructures outdoor et indoor. Le mur d’escalade extérieur sera installé sur la dernière cheminée préservée d’une des anciennes usines. Elle a été maintenue comme témoin de l’histoire de Wiltz, qui fut autrefois la 5e ville la plus peuplée du Luxembourg. D’autres éléments significatifs seront conservés : c’est le cas de la gare avec son bâtiment de douane, de la porte d’entrée du site qui a vu un des premiers mouvements d’opposition au régime nazi en 1942 et du bâtiment de direction qui sera transformé en bureaux.

Le concept de mobilité s’articule autour du développement des infrastructures des transports en commun avec la création de la future plateforme multimodale qui desservira toute la région, mais aussi autour de la mobilité douce avec la construction de nouvelles pistes cyclables et la connexion de celles-ci au réseau actuel, la création de nombreux chemins piétons bordés de verdure traversant le site avec connexion au reste de la ville.

Car le quartier fonctionnera en principe sans voiture, des garages collectifs seront aménagés au sein et aux abords du site. « Il sera quasiment impossible de garer sa voiture devant sa maison, sauf en cas de déménagement par exemple. Chacun devra stationner sa voiture dans un parking collectif qui se trouvera à une distance maximale de 150 mètres de sa maison », précise Bob Strotz, architecte en charge de la coordination du projet urbain. Des systèmes de carsharing et de bikesharing seront mis en place, ainsi que deux ascenseurs panoramiques qui permettront aux cyclistes, aux personnes à mobilité réduite et à tout un chacun de traverser aisément la vallée sans avoir recours à la voiture. Une connexion supplémentaire sera créée par un passage souterrain qui passera sous la gare. « Nous allons créer des ponts sur la Wiltz, mais aussi des liens urbains entre les deux versants, afin d’établir une cohésion avec la gare et les quartiers », indique Emmanuel Erard.

L’approche circulaire se manifeste aussi dans les matériaux qui seront utilisés pour construire les bâtiments : « Nous voulons dépasser les préconisations de la certification LENOZ en choisissant des matériaux qui utilisent le moins d’énergie grise possible et qui pourront être réutilisés, ou upcyclés, une fois le bâtiment démonté », explique Bob Strotz.

Dans le même esprit, des espaces « sharing » seront créés où les habitants pourront louer des outils ou échanger leur surplus de production de fruits et légumes. « Il n’est pas nécessaire que chacun achète une machine pour ne l’utiliser que 2 heures par an. Nous voulons arrêter avec la philosophie qui consiste à acheter des objets pour les jeter 2 ans plus tard, et revenir à ce que nous avons connu il y a 30 ans : réparer ou emprunter. C’est pourquoi nous avons prévu la possibilité de louer des objets ou de les faire réparer », dit Michal Zaglaniczny. « Les futurs habitants seront impliqués dès le début dans le processus de conception pour que ce quartier se développe avec les gens qui vont y vivre », ajoute Bob Strotz.

Le quartier a été pensé pour être énergétiquement indépendant. Le site comportant des parties plus ou moins ensoleillées, il a été décidé de mettre en place un réseau de chauffage urbain collectif alimenté par un réservoir à glace, des panneaux solaires thermiques et photovoltaïques. Des discussions sont en cours pour récupérer la chaleur produite par une usine voisine.

Les terres de cette ancienne zone industrielle vont être déplacées où les sondages ont révélé que c’était nécessaire, soit en 7 points. Sur le reste du site, une nouvelle couche de terre sera déversée sur les terres contaminées, les maisons seront protégées par des radiers et des jardins seront exploités sur les toitures plates. Des contrôles précis seront systématiquement effectués.

Les travaux débuteront dans les prochaines années avec les travaux d’assainissement et d’infrastructures. Le Fonds du Logement commencera par réaliser 2 quartiers pendant que la commune développera le quartier « Public ». Les premiers habitants investiront le site au fur et à mesure. Environ 70 logements sortiront ensuite de terre chaque année.

Crédit illustration : Fonds du Logement

Mélanie Trélat

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Publié le vendredi 1er décembre 2017
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