E=0, un jour pour un bâtiment « zéro énergie »

E=0, un jour pour un bâtiment « zéro énergie »

Le Fonds du Logement est en train d’expérimenter une méthode révolutionnaire de rénovation énergétique qui, si elle apporte les résultats escomptés, deviendra une stratégie nationale pour l’ensemble de ses résidences.

En Europe, les bâtiments représentent à eux seuls 40 % des déperditions énergétiques. Si le Luxembourg a en partie résolu la question en imposant que tout bâtiment construit à partir de janvier 2017 soit un Near Zero Energy Building, il n’en reste pas moins que le parc immobilier existant reste problématique puisque c’est lui qui est à l’origine de la majeure partie des déperditions énergétiques imputables aux bâtiments.

Face à ce constat, le Fonds du Logement, qui gère un parc locatif composé de nombreuses résidences vieillissantes, a décidé d’établir une vaste stratégie de rénovation. Il s’est inspiré pour cela d’un modèle déployé en France, en Allemagne et aux Pays-Bas qui consiste à créer une enveloppe sur le bâtiment existant en y appliquant des éléments préfabriqués (façades avec menuiseries intégrées et toiture) de manière à le transformer en un bâtiment « zéro énergie ».

Un projet pilote Interreg, nommé E=0 et mené en collaboration avec Neobuild, le pôle d’innovation de la construction durable au Luxembourg, est donc en train de voir le jour. Il concernera une résidence de 24 appartements datant des années 80 qui, comme c’est le cas de la plupart des constructions de cette époque, est mal isolée.

Le principal défi était de parvenir à rénover efficacement sans délocaliser les locataires, ce qui aurait engendré des frais et du mécontentement. C’est donc la rapidité d’exécution qui a motivé le choix de la méthode : Le défi à atteindre serait d’un jour par logement pour démonter les fenêtres en place, accrocher la nouvelle façade isolante avec huisseries intégrées, faire les raccords et mettre en place les gainages nécessaires à l’installation d’une ventilation mécanique contrôlée, obligatoire dans les constructions passives. Les systèmes de fixation mécanique sont privilégiés, les raccords cachés et la technique intégrée dans des caissons pour éviter d’avoir à plâtrer ou à peindre et ne pas générer de poussière. Dans la même optique, les caissons techniques seront accessibles par l’extérieur pour pouvoir intervenir facilement et sans déranger les habitants.

Les différents éléments seront démontables. « Nous essayons de travailler dans une approche d’économie circulaire. Nous veillons donc à ce que les matériaux utilisés puissent être retirés et réutilisés ou recyclés. Les colles sont donc proscrites. Mais nous devons aussi nous laisser une certaine flexibilité, c’est pourquoi nous réfléchissons actuellement à trouver un système de fixation modulable pour ne pas être bloqués au cas où une intervention sur une partie serait nécessaire », souligne Joëlle Tanson, architecte au Fonds du Logement en charge du projet.

Les matériaux mis en œuvre seront les plus écologiques possibles. « Il s’agit d’un projet pilote, donc nous n’allons pas nous limiter à faire du conventionnel. C’est l’occasion pour nous d’explorer différentes pistes en tenant compte de toute une série de contraintes : la valeur d’isolation, la densité, le poids, la valeur écologique, etc. Nous tendons vers une structure en bois avec un isolant qui pourrait être en paille ou dans un autre matériau biosourcé. Nous cherchons la solution idéale pour ce bâtiment en particulier, tout en gardant en tête l’idée de pouvoir l’appliquer à d’autres résidences ».

Un monitoring sera mis en place pour contrôler l’efficacité du modèle qui, s’il fonctionne, sera pris en compte lors de l’établissement de la stratégie globale de rénovation de l’ensemble du parc immobilier existant du Fonds du Logement.

Mélanie Trélat

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Publié le jeudi 4 mai 2017
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