Une co-création citoyenne dédiée aux pratiques de création d'emploi dans l'économie sociale et solidaire

Une co-création citoyenne dédiée aux pratiques de création d’emploi dans l’économie sociale et solidaire

C’est en présence du ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Economie sociale et solidaire, Nicolas Schmit, qu’a eu lieu le 25 mars dernier, la conférence "L’économie sociale et solidaire : vers de nouvelles pratiques de création d’emplois". Désigné comme une journée de co-création avec l’ensemble des parties prenantes, l’évènement a rassemblé ainsi une centaine de participants du secteur social, du monde associatif, des représentants du monde économique et politique, autour de l’enjeu que représente la création d’emplois par l’économie sociale et solidaire.

L’événement s’inscrivait dans le cadre des récents développements en matière d’économie sociale et solidaire au Luxembourg : la définition du plan d’action pour le développement de l’Economie solidaire au Luxembourg en novembre 2011, l’élargissement du parcours 123 Go au secteur de l’économie sociale et solidaire qui a donné lieu en 2012 au concours 123 Go Social et puis, plus récemment, en juillet 2013, la constitution de l’Union Luxembourgeoise d’Economie Sociale et Solidaire (ULESS) qui a soutenu l’événement.

L’objectif de cette journée de conférence était de faire émerger de nouvelles idées de projets socialement innovants en plongeant les participants dans un processus de réflexion et d’apprentissage entrepreneurial.

Donner une base plus solide à la création de l’emploi social

Dans son allocution, Marc Lemmer, directeur général du CRP Henri Tudor qui a accueilli l’événement dans ses locaux, a relevé l’excellent terrain d’expérimentation que constitue le Luxembourg pour toutes ces innovations sociales, de par sa petite taille, les circuits décisionnels souvent très cours, la composition fortement multiculturelle et multilinguistique de sa population, le nombre important de travailleurs frontaliers, etc.. Il a également souligné l’apport des technologies dans les projets sociaux et a mis en exergue deux projets du CRP Henri Tudor : le projet MEDIATE qui s’intéresse à l’amélioration de l’aide à domicile des personnes âgées en créant une plate-forme de communication favorisant la collaboration quotidienne entre prestataires professionnels et les aidants informels comme la famille, les amis, le voisin ; et le projet STIMULATE qui vise le développement d’une plate-forme Internet interactive qui doit permettre aux seniors d’être plus en confiance et autonomes dans leurs déplacements et voyages en tenant compte de leurs besoins et de leurs contraintes personnels. Tous ces projets sont sources de création de nouveaux emplois.

Le ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Economie sociale et solidaire, Nicolas Schmit a souligné dans son allocution le lien qui vient d’être fait avec le nouveau gouvernement et la composition des domaines de son ministère entre le monde du travail et de l’emploi et celui de l’économie sociale et solidaire. Ce lien se justifie d’autant plus que les défis à relever en matière de travail et d’emploi sont énormes, le chômage atteignant aujourd’hui 7,1% de la population active. Cependant, les opportunités à saisir en matière d’innovation sociale sont elles aussi énormes. Le ministre a également relevé les ponts qui doivent être construits entre l’économie marchande et l’économie sociale et solidaire. L’entrepreneuriat social doit prendre de plus en plus de place dans l’économie du pays. Pour ce faire, le ministre a souligné qu’il est important de travailler maintenant tous ensemble afin de donner un cadre juridique à l’économie sociale et solidaire et ainsi une base plus solide à la création de l’emploi social. Le concours 123 Go Social a montré qu’il y a de la part des jeunes surtout la volonté de devenir des entrepreneurs dans le domaine du social et du solidaire, mais aussi d’être des entrepreneurs différents.

Un aperçu des bonnes pratiques

Ute Karl de l’Institute for Research & Innovation in Social Work, Social Pedagogy, Social Welfare (IRISS) de l’Université du Luxembourg a insisté dans son allocution sur la notion de « travail digne » qui doit être une préoccupation constante de l’économie sociale et solidaire. Elle a également annoncé le lancement prochain au sein de son institut d’un projet de recherche dédié aux dynamiques dans l’économie sociale et solidaire.

Frédérique Gueth de 123 Go Social a, quant à elle, présenté cette initiative dont l’objectif est d’accompagner les porteurs de projets du domaine social et solidaire, notamment dans l’élaboration de leur plan d’affaires. Elle a également relevé que le tiers des projets qu’ils accompagnent sont destinés à intégrer les personnes vulnérables comme les seniors, les jeunes sans qualification, les femmes rentrantes et les personnes handicapées dans le monde du travail. Elle a ensuite expliqué que l’important dans chaque projet est d’avoir bien défini le besoin social auquel il s’adresse et de bien connaître l’environnement politique, économique, social, dans lequel il est réalisé.

Et c’est justement à donner aux participants une vue sur cet environnement qu’était dédié le reste de la matinée avec les interventions de Claude Haas et Thomas Marthaler de l’Université du Luxembourg, de Danièle Demoustier de l’Université de Grenoble et d’Ingo Boden de l’Université de Kassel, qui ont donné un aperçu des bonnes pratiques luxembourgeoises, françaises et allemandes ayant fait leurs preuves en matière de création d’emploi.

L’après-midi, une table-ronde a regroupé des participants issus d’entreprises et d’associations très diverses : Danièle Demoustier de l’Université de Grenoble (France), Gilles Rod du CNDS (Luxembourg), Louise Swistek du Comptoir de l’Innovation (France), Gary Diderich de 4 Motion (Luxembourg), Nathanaël Molle de Singa (France), Sandrine Knaff, indépendante, qui a représenté l’économie marchande (France). La table-ronde a permis d’aborder des questions comme :

  • la protection sociale des entrepreneurs de l’économie sociale et solidaire,
  • l’argument de la concurrence déloyale souvent utilisé à tort par l’économie marchande,
  • la notion de travail dans l’économie solidaire et la nécessité de créer de l’emploi dans des métiers porteurs, où il y a une réelle demande, des métiers valorisant qui vont au-delà du BTP, et des métiers mettant en avant le savoir-faire des personnes,
  • la question des salaires souvent plus bas que dans l’économie marchande,
  • la nécessité de mieux vendre les services et projets de l’économie sociale et solidaire,
  • le décloisonnement indispensable entre économie sociale et solidaire et économie marchande, l’économie sociale et solidaire ne devant pas être un secteur à part. Au contraire, il faut mettre du social dans l’économie marchande ;
  • le rôle de l’Etat qui doit poser les cadres pour que ce décloisonnement puisse se faire ;
  • et enfin, le financement de ces projets et la nécessité de développer des modèles économiquement viables pour l’économie sociale et solidaire.

Communiqué par le CRP Henri Tudor

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Publié le lundi 31 mars 2014
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