Un pavé gazier dans la mare des prix

Un pavé gazier dans la mare des prix

Le ministre Turmes le dit haut et fort : on doit se préparer à un hiver difficile. En cause, les prix de l’énergie qui flambent, en particulier ceux du gaz. L’Europe aura-t-elle la solution ?

Tout commence par un post sur les réseaux sociaux, une sortie de Claude Turmes, aussitôt reprise par tous les médias du pays. « Ce matin – NDLR : le 30/08 -, Enovos a annoncé une augmentation significative du prix du gaz ; d’autres fournisseurs devront également prendre de telles décisions. Je suis conscient que ces hausses de prix représentent un lourd fardeau pour de nombreux citoyens et entreprises : nous devons nous préparer à un hiver difficile.
En plus de la poursuite de la subvention temporaire des frais de réseaux du gaz, de nouvelles mesures gouvernementales ciblées sont nécessaires pour aider tous ceux qui souffrent le plus de la hausse du prix du gaz. Afin de faire des économies, veuillez consulter le site www.energie-spueren.lu qui vous informe sur les possibilités de réduire votre consommation de gaz
 ».

Dans un premier temps, faute d’annonce publique d’Enovos, taggé par Claude Turmes sur son post ministériel, la publication prend des allures de pavé dans la mare. Enovos a ensuite communiqué directement en expliquant la démarche.

Mauvais signes

Cependant, il est clair que le prix du gaz interpelle et inquiète depuis des mois. Ce prix a déjà plus que doublé depuis février dernier. Et donc la hausse n’est pas finie.

Enovos avait publié début août un contenu sur son site, expliquant la situation actuelle et son impact sur l’approvisionnement, sécurisé, et les prix, volatils et liés à la situation internationale, la guerre en Ukraine en particulier.

Et dans le courant du mois d’août, plusieurs alertes médiatiques ont pu sortir le landerneau de sa torpeur estivale, notamment via questions parlementaires au gouvernement. De fait, les principaux fournisseurs de gaz ont tous fait clairement entendre que la facture pourrait augmenter solidement, de l’ordre de 80 à 90%, jusqu’à la fin d’année, dès octobre, voire déjà septembre.

Quant au régulateur, l’ILR, il constate une augmentation significative depuis mai 2021, avec des prix qui ont pratiquement quadruplé entre mai et décembre 2021.

Actions locales et européennes

On sait que le ministère de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire est très occupé (et préoccupé) en ce moment à la mise à jour du plan d’urgence relatif à la sécurité d’approvisionnement en gaz naturel du Luxembourg et à élaborer une stratégie nationale de réduction de la demande d’énergie, avec l’ensemble des ministères et des acteurs concernés.

On sait aussi que la question est éminemment géopolitique et européenne. Les responsables de l’Union européenne veulent réduire leur consommation de gaz de 15% en prévision de l’hiver prochain.

Et en cette fin août, on a aussi entendu la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, clamer qu’elle souhaite apporter une réponse communautaire à l’envolée des prix de l’énergie. Notamment en réformant le marché de l’électricité. Car à l’heure actuelle, les prix de l’électricité et du gaz sont liés en Europe. La Commission européenne envisage donc de découpler les deux marchés. « La montée en flèche des prix de l’électricité met aujourd’hui en évidence, pour différentes raisons, les limites de la conception actuelle de notre marché de l’électricité », a déclaré Ursula von der Leyen.

Et si le gaz continue à augmenter, ça ne va pas calmer le prix de l’électricité, même si celle-ci est produite à d’autres sources… Il y a donc une spirale d’inflation et un risque d’explosion à limiter de toute urgence…

Une réunion entre ministres européens de l’énergie est prévue le 9 septembre, en Slovénie. D’ici là, d’autres appels auront peut-être été entendus, plusieurs pays ayant plaidé pour un plafonnement des prix du gaz au niveau européen.

Alain Ducat

Photo : Shutterstock/Reuters

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Publié le mercredi 31 août 2022
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