Un chocolat au moringa entre Luxembourg et Burkina Faso

Un chocolat au moringa entre Luxembourg et Burkina Faso

Né d’une rencontre initiée par Infogreen, le chocolat au moringa unit DuniaGreen et les Ateliers du Tricentenaire autour d’un projet à la fois gourmand, solidaire et profondément humain. Une tablette qui raconte des femmes, des liens tissés entre continents et un engagement partagé.

Pour Pauline Keller, gérante de DuniaGreen, tout commence bien avant la tablette. « J’ai grandi au milieu des cacaoyers. Le chocolat, ce sont des histoires de famille, d’Afrique et de transmission. » Le moringa entre dans sa vie plus tard, lorsqu’elle choisit d’accompagner des femmes burkinabées désireuses de développer une plante « qui ne coûte presque rien, pousse dans le désert et nourrit des enfants sous-alimentés ».

Le projet prend une autre dimension lorsque Frédéric Liégeois et infogreen mettent DuniaGreen en contact avec les Ateliers du Tricentenaire. Pauline y trouve une écoute rare. « Le Bar à chocolats nous avait déjà tendu la main. Je me suis dit : pourquoi aller ailleurs alors que le Tricentenaire représente mon histoire du moringa ? »

À Ouagadougou, une dégustation improvisée finit de déclencher l’idée. Un chocolatier burkinabé lui fait goûter des pralines au moringa. « C’était pédagogique. On me montrait ce que je pouvais faire. » De retour au Luxembourg, elle revient naturellement vers le Tricentenaire.

Chez Jérôme Colson, directeur des Ateliers du Tricentenaire, l’évidence est immédiate : « On est dans la valorisation des travailleurs d’ici et d’ailleurs, dans le Fairtrade. Ça avait tout son sens. Intégrer du moringa, on ne l’avait jamais fait… mais pourquoi pas ? »

L’équipe se met alors en mode exploration. « Il fallait comprendre le produit, ses qualités nutritives, et trouver comment l’intégrer. On a fait plusieurs tests. » Nuria, membre également des Ateliers, confirme. « Le moringa est amer. Il fallait le bon équilibre pour rester agréable. » Le choix du chocolat noir s’impose. « C’est celui qui respecte le mieux le côté nutritif et santé », explique Jérôme Colson.

Un projet solidaire et profondément humain

Si la tablette intrigue, c’est surtout son histoire qui touche. À travers cette plante, Pauline Keller accompagne aujourd’hui des centaines de femmes et de jeunes filles : culture, transformation, confection de tote bags, châles ou accessoires. « On a créé un réseau d’économie circulaire. Aujourd’hui, elles gagnent leur vie dignement. »

L’impact est concret : 10.000 arbres plantés, un objectif fixé à 100.000, et le financement progressif de l’irrigation goutte-à-goutte pour survivre à huit mois sans pluie. « La vente des chocolats servira à ça. On veut aller plus loin, alphabétiser 300 jeunes filles et étendre les plantations. »

Au Luxembourg, la collaboration avec les Ateliers du Tricentenaire dépasse largement la technique. « C’est un partenariat où chacun écoute l’autre. Toute l’équipe s’est donnée à fond. Ce n’est pas juste du business », insiste Pauline Keller.

Les tablettes, déjà disponibles, portent des noms qui célèbrent celles et ceux qui ont marqué l’histoire du cacao et des luttes sociales : Lumumba, Fanon, Mandela. « C’est notre manière de rendre hommage aux héros de la dignité », glisse-t-elle.

Pour Jérôme Colson, cette aventure est fidèle à l’ADN du Tricentenaire. « Nous produisons, DuniaGreen développe, et ensemble on avance. C’est ça, le sens du projet. » Nuria conclut avec simplicité : « Il fallait juste trouver le bon mélange. Maintenant, c’est fait. »

Sébastien Yernaux
Photos : DuniaGreen

Extrait du dossier du mois « Citoyens du changement »

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Publié le vendredi 19 décembre 2025
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