Thomas & Piron mise sur la géothermie verticale à Holzem

Thomas & Piron mise sur la géothermie verticale à Holzem

À Holzem, trois maisons neuves certifiées AAA sont un exemple concret de géothermie verticale. Une technique encore méconnue, mais qui gagne du terrain au Luxembourg grâce à son rendement constant, son silence et des incitants financiers attractifs. Rencontre avec Frédéric Dethier, ingénieur énergie chez Thomas & Piron.

À première vue, les trois maisons mitoyennes fraîchement sorties de terre à Holzem ressemblent à d’autres constructions neuves performantes. Mais sous leurs fondations, un système bien particulier travaille en silence : des sondes de géothermie verticale, enfouies jusqu’à 80 mètres de profondeur.

Frédéric Dethier
Frédéric Dethier - © Thomas & Piron

« Ce n’est pas encore la technique la plus répandue dans la région, mais elle se développe clairement au Luxembourg », observe d’emblée Frédéric Dethier, ingénieur énergie et techniques spéciales chez Thomas & Piron. « Les critères acoustiques deviennent très stricts, notamment pour les unités extérieures des pompes à chaleur. Certaines communes les interdisent même. La géothermie, elle, ne génère aucun bruit dehors et offre un excellent rendement. »

Le principe ? Très simple dans son idée, ingénieux dans sa mise en œuvre. « On fore un puits vertical, dans lequel circule un fluide — de l’eau glycolée — chargé d’absorber la chaleur présente naturellement dans le sol. Le sol reste à une température constante toute l’année, autour de 12 °C, ce qui permet d’obtenir un rendement stable en toute saison », note l’ingénieur.

À chaque mètre de forage, on peut espérer environ 40 watts de puissance thermique. À Holzem, limité à 80 mètres de profondeur en raison d’une nappe captive, cela représente 3.200 watts par maison. « On a donc conçu l’enveloppe du bâtiment pour qu’elle n’ait pas plus de déperditions que cette puissance disponible. L’isolation de la maison a été pensée en fonction du puits. »

Adapter la technique au terrain

Le site d’Holzem posait une seconde contrainte : l’espace disponible. Trois maisons, trois forages… mais des distances minimales strictes.

« Il faut absolument un espacement de 15 mètres entre les sondes pour éviter que leur “cône de froid” ne se chevauche », explique Frédéric Dethier. « Ce cône de froid, c’est la zone dans laquelle le sol se refroidit au fil de l’hiver, lorsque la pompe à chaleur puise la chaleur. Si deux forages sont trop proches, leurs zones d’influence se croisent, diminuant le rendement. »

À cela s’ajoutent des distances réglementaires : cinq mètres minimum par rapport aux limites de propriété ou aux fondations voisines. « Sur des petites parcelles, il faut jongler. On a dû optimiser l’implantation pour respecter toutes les distances. »

Cette étape exigeante se déroule avant même la construction. Mais bonne nouvelle, elle n’allonge pas les délais du chantier. « Le forage se fait en amont. Ensuite, on construit normalement et on installe la pompe à chaleur comme pour toute autre solution », explique l’ingénieur.

- © ecoforage

Une alternative de plus en plus prisée

Chez Thomas & Piron, cette solution n’est plus anecdotique. « On en installe de plus en plus. Le rapport énergétique est excellent, et l’absence d’unité extérieure résout beaucoup de problématiques », résume Frédéric Dethier.

Si la technologie reste plus coûteuse que les pompes à chaleur air-eau classiques, la différence se réduit grâce aux aides publiques. « Ce qui coûte cher, ce n’est pas la pompe à chaleur, c’est le forage. Mais avec les incitants financiers au Luxembourg, on se rapproche d’une solution concurrentielle. Pour beaucoup de clients, ça devient une vraie option. »

L’État, les communes et l’Administration de la gestion de l’eau (AGE) encouragent l’usage de cette technique. Les procédures d’autorisation sont claires et rapides. « Quand on fait une demande, le ministère de l’Environnement est réactif. Les cartes publiques accessibles sur internet permettent de repérer les zones avec nappes, et l’AGE donne vite des réponses. »

Dans certaines communes, l’intérêt est encore plus évident. « Là où les unités extérieures sont interdites, la géothermie est la solution la plus pertinente. On s’affranchit totalement des contraintes acoustiques. »

Des maisons compactes, performantes et silencieuses

Au-delà du forage, les trois maisons d’Holzem cumulent les atouts énergétiques. Elles sont équipées de :

  • panneaux photovoltaïques,
  • batteries de stockage,
  • pompes à chaleur géothermiques,
  • ventilation double flux,
  • isolation renforcée,
  • un volume compact, idéal pour limiter les besoins de chauffage.

« Nous sommes sur un certificat de performance énergétique AAA », avance l’ingénieur. « La combinaison photovoltaïque, batterie, géothermie et isolation performante fait vraiment la différence sur de petites maisons bien conçues. »

Pour les futurs acquéreurs, les avantages sont multiples : économies d’énergie, confort thermique stable, installation silencieuse et entretien réduit. « La pompe à chaleur intérieure nécessite l’entretien habituel, mais il n’y a plus l’unité extérieure à gérer. Et ça, c’est un vrai plus. »

Le confort acoustique, justement, est devenu un sujet sensible. « La réglementation impose maximum 40 dB en limite de propriété pour toute installation technique extérieure. 40 dB, c’est le bruit d’un réfrigérateur classique dans une cuisine. Pour respecter ça, il faut des distances, un bon positionnement, et toutes les machines ne s’y prêtent pas. Avec la géothermie, le problème disparaît. »

Le nouveau lotissement d'Holzem
Le nouveau lotissement d’Holzem - © Thomas & Piron

Une technologie bien différente des modèles scandinaves

L’intégration du projet d’Holzem est aussi l’occasion de dissiper une confusion fréquente. Quand on pense géothermie, on pense parfois à l’Islande ou aux pays scandinaves. Mais ce n’est pas la même technologie : « Là-bas, ils vont chercher des sources chaudes en profondeur. Ce sont des forages très profonds, des conditions géologiques spécifiques, souvent liées au volcanisme. Rien à voir avec nos sondes verticales de 80 à 120 mètres. Ici, on parle de géothermie peu profonde, adaptée aux maisons individuelles. »

Cette version « locale » de la géothermie est plus accessible, standardisée et compatible avec les équipements des entreprises luxembourgeoises.

« Nos machines ne sont pas prévues pour des forages de plusieurs centaines de mètres », souligne Frédéric Dethier. « Mais pour tirer le maximum de l’énergie disponible dans le sol luxembourgeois, la technologie actuelle est parfaitement adaptée. »

Un système qui trouve sa place au Luxembourg

Holzem n’est donc pas une exception isolée, mais un signe visible d’une tendance qui prend de l’ampleur. Des communes soucieuses du bruit environnant, des incitants étatiques attractifs, une population attentive à l’énergie renouvelable et des constructeurs qui maîtrisent la technique : tous les ingrédients sont réunis pour voir la géothermie verticale se développer.

« On sent que l’État veut encourager cette énergie. Les démarches sont claires, rapides, et la géothermie s’intègre sans difficulté dès que le terrain le permet. » Et à Holzem, les trois maisons AAA en sont désormais la preuve tangible, discrète et silencieuse… enterrée sous leurs pieds.

Sébastien Yernaux
Photos : Thomas & Piron / Ecoforage

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Publié le mardi 2 décembre 2025
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