Teranga, Maison de la transition alimentaire à Schifflange : interview et photos
Le terme Teranga trouve son origine au Sénégal et peut se traduire par « hospitalité ». Au Luxembourg, Teranga est le nouveau lieu d’accueil et de partage de SOS Faim, tout récemment ouvert à Schifflange. Entretien et visite des lieux avec Natalia Costea et Francesca Savo, animatrices pédagogiques.
D’où est venue l’idée d’ouvrir une Maison de la transition alimentaire ?
Natalia Costea : La commune de Schifflange a envisagé la rénovation d’un bâtiment sur son territoire et a proposé à notre ONG SOS Faim de venir avec une idée. Cela fait donc quelques années que ce projet se construit. SOS Faim est actif depuis 30 ans au Luxembourg, mais ne disposait pas – en dehors des bureaux, également à Schifflange – d’un lieu physique qui permette de créer des dynamiques collectives, par exemple recevoir des visiteurs, organiser des événements et établir des collaborations avec d’autres partenaires du pays qui forment un bon réseau actif sur le thème de l’alimentation.
On parle bien ici d’une maison entière gérée par Teranga, via SOS Faim. Où les visiteurs sont-ils accueillis ?
Francesca Savo : Le rez-de-chaussée est notre principal lieu d’accueil. Une permanence est assurée trois jours par semaine et nous y organisons des ateliers dédiés à la transition alimentaire : fermentation, anti-gaspillage, réduction de l’empreinte alimentaire, ou également des ateliers sur des produits de saison, comme le poireau en ce moment.
Prochains ateliers (dates et détails sur Facebook et Instagram)
- Ananas : présentation de producteurs béninois par l’équipe SOS Faim de retour de mission, dégustation.
- Soirée vin chaud et pain surprise
Les visiteurs peuvent également y consulter des livres sur des sujets liés à l’alimentation, ou se regrouper autour d’un jeu de société dans notre coin ludothèque. Les plus petits y trouveront aussi des jeux pour s’occuper pendant que leurs parents participent à un atelier, par exemple. Nous espérons développer des collaborations avec les maisons relais et les écoles de la commune pour sensibiliser les enfants au sujet de l’alimentation.
Natalia : En se dirigeant vers l’arrière de la maison, les visiteurs découvrent des panneaux lumineux mettant en évidence les défaillances du système alimentaire. Ils poursuivent et arrivent à l’arbre des possibles, avec ses branches qui se déploient vers la partie information - bibliothèque, ludothèque – et vers le mur des possibles, où nous rassemblons les initiatives d’ici et du sud, en faveur de l’alimentation durable. Nous souhaitons que les visiteurs soient vraiment au courant des bonnes pratiques autour de la production, distribution et transformation de la nourriture.
Que trouve-t-on aux étages ?
Francesca : Aux étages se trouvent huit chambres pour des jeunes locataires de 18 à 26 ans qui disposent de peu de revenus et paient donc un loyer adapté à leurs capacités. En vivant ici, ils s’engagent aussi à consacrer environ cinq heures par semaine à nos projets.
Natalia : Nous avons dû nous établir en agence immobilière sociale pour proposer ce logement abordable, où les loyers sont inférieurs à 300 euros par mois, ce qui est exceptionnel par rapport au marché luxembourgeois. Il y avait vraiment la volonté de créer un habitat groupé pour jeunes, qui sont tous animés par cette envie de participer à notre projet, de s’informer par rapport à la transition alimentaire et à ses enjeux.
Mi-décembre, l’équipe de SOS Faim a passé le week-end avec les étudiants pour partager ses expériences, et démontrer les liens entre le Nord et le Sud, que nous mettons constamment en lumière dans nos activités.
Francesca : Ces étudiants et Teranga partagent deux espaces de rencontre : la cuisine - qui leur est bien sûr utile au quotidien, ainsi que pour nos ateliers de cuisine – et le salon, qui est également une salle de projection, et où deux films ont été proposés dernièrement dans le cadre du festival AlimenTERRE.
Un troisième espace partagé est encore en travaux. Il s’agit d’un jardin pédagogique d’un peu moins de 400 mètres carrés, où nous cultiverons dès le printemps quelques arbres fruitiers, des légumes en pleine terre ainsi qu’en bacs potagers. Ces fruits et légumes serviront pour des ateliers, ou seront proposés à la vente sous forme de conserves, lorsque les récoltes seront consistantes. Nous faisons également appel au CIGL de Schifflange pour disposer de produits locaux lors de nos événements.
Qui encadre ces jeunes et assure les permanences ?
Natalia : Francesca et moi consacrons notre temps à Teranga avec des interventions ponctuelles de nos collègues de SOS Faim.
Francesca : Deux volontaires européennes sont aussi à nos côtés pour 11 mois, et consacrent 30h par semaine à Teranga. Ensemble, nous planifions les activités, organisons les formations, travaillons sur la communication, notamment sur le site web.
Et comment est financée Teranga ?
Francesca : La Maison de la transition alimentaire Teranga est en grande partie financée par le ministère des Affaires étrangères et européennes et le ministère du Logement. Nous avons aussi le soutien de la Fondation André Losch et de l’Œuvre Nationale de Secours Grande-Duchesse Charlotte. Récemment, nous avons récolté des fonds dans une campagne de crowdfunding avec Etika. L’administration communale de Schifflange reste également notre partenaire dans ce projet.
Teranga by SOS Faim, la maison de la transition alimentaire
35 avenue de la Libération,
3850 Schifflange
+352 49 09 96
https://teranga.lu/
Ouverture le mardi, jeudi et samedi de 10h à 18h
Propos recueillis par Marie-Astrid Heyde
Photos : Fanny Krackenberger (infogreen.lu)