
L’engagement en faveur du commerce équitable ne faiblit pas au Luxembourg
Dans un contexte mondial incertain, le commerce équitable confirme son ancrage au Luxembourg. Fairtrade Lëtzebuerg a présenté les chiffres 2024 ce 29 juillet.
Les producteurs, productrices, travailleurs et travailleuses d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et des Caraïbes sont confrontés à une accumulation de crises interconnectées : intensification des phénomènes climatiques extrêmes, instabilité des prix et adaptation aux exigences de législations européennes, telles que le Règlement européen sur la déforestation. Ces défis fragilisent profondément leurs moyens de subsistance et le développement de leurs communautés.
Malgré un contexte économique encore tendu, les ménages luxembourgeois maintiennent fermement leur engagement en faveur du commerce équitable. Après deux années marquées par des hausses de prix significatives (+6,3 % en 2022 et +3,75 % en 2023), l’inflation a marqué un net ralentissement en 2024 (+2,05 %), offrant ainsi un répit bienvenu aux consommateurs.
La dépense moyenne par habitant pour des produits labellisés Fairtrade s’élève à 85 euros, soit une progression de 6 euros par rapport à l’année précédente.
Quant au chiffre d’affaires enregistré pour les produits labellisés Fairtrade vendus au Luxembourg, celui-ci a atteint 57,2 millions d’euros, soit une croissance de 10%.
Le marché luxembourgeois bénéficie aujourd’hui d’une offre toujours plus étoffée : à la fin de l’année 2024, 5.907 références certifiées Fairtrade étaient disponibles, dont 657 nouveautés, soit une hausse de 13% par rapport à 2023. Une majorité d’entre eux (60%) portent également le label biologique, signe d’un double engagement des consommateurs pour une alimentation respectueuse des droits humains et de l’environnement. Pour une analyse détaillée des différentes filières Fairtrade, veuillez consulter notre annexe.
Acteurs locaux et territoire : les piliers d’un commerce équitable made in Luxembourg
La croissance du marché Fairtrade au Luxembourg ne repose pas uniquement sur les choix quotidiens des fidèles consommateurs : elle est également portée par l’engagement solide d’un réseau d’acteurs locaux, à commencer par les preneurs de sous-licence Fairtrade.
30 entreprises luxembourgeoises, soit 3 de plus qu’en 2023 (Kichelcher.lu, CafeTree Coffee Truck & Roastery et La Provençale), proposent une offre Fairtrade de plus en plus diversifiée.
Aux côtés de ces nouveaux acteurs se placent des acteurs engagés depuis plusieurs années, à l’instar de Jos & Jean-Marie (viennoiseries Fairtrade) ; des 9 torréfacteurs que sont Resuma S.A., Tim Doppler, Jucalux, Lëtz Coffee, Maison Josy Juckem, Mondo del Caffè, Moulin Dieschbourg, SpecialtyCoffee Sàrl-S, Appassionato Sàrl ; des Ateliers du Tricentenaire (chocolats, noix de cajou, thé, épices), ou encore de Luxlait (lait chocolaté Fairtrade). Cette dynamique positive incarne le développement du concept « Fair & Local », qui allie circuits courts, responsabilité sociale et ancrage territorial.
Au-delà des preneurs de sous-licence, l’ONG Fairtrade Lëtzebuerg peut compter sur un solide réseau de relais locaux engagés dans la sensibilisation : 38 communes certifiées Fairtrade Gemeng et 26 établissements scolaires certifiés Fairtrade School ont mené des actions concrètes en 2024, mobilisant plus de 300 personnes à travers leurs groupes d’action. Ce maillage territorial est renforcé par un réseau de distribution varié, allant des Weltbutteker aux épiceries indépendantes, en passant par les magasins bio, les grandes surfaces et autres points de vente.
Fairtrade s’engage pour des législations européennes qui protègent les droits des producteurs et l’environnement
Le mouvement Fairtrade effectue un travail de plaidoyer actif également, en organisant des webinaires publics, des formations ciblées et des actions de sensibilisation à destination des organisations de producteurs, des entreprises partenaires, des acheteurs, mais aussi des décideurs politiques et institutions européennes.
L’objectif : favoriser une meilleure compréhension des exigences réglementaires et garantir que ces dernières soient réellement adaptées aux réalités des producteurs et productrices d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et des Caraïbes.
Dans ce cadre, Fairtrade suit de près les évolutions législatives européennes majeures. Concernant le Règlement sur la déforestation importée (EUDR), le mouvement salue le report d’un an de son entrée en vigueur, qui constitue un répit bienvenu pour les petits producteurs. Ce délai leur offre un temps précieux pour se préparer aux exigences, notamment en matière de traçabilité et de gestion des données. Fairtrade insiste toutefois sur le fait que ce report ne doit pas servir de prétexte à un affaiblissement du règlement. L’ambition de cette législation doit rester intacte pour assurer une protection effective des forêts et des communautés qui en dépendent.
Fairtrade note plusieurs avancées dans le cadre de la Directive européenne sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité (CSDDD), notamment la reconnaissance du droit à un revenu et à un salaire décents. Cependant, le mouvement alerte sur les risques de recul posés par le paquet législatif Omnibus, qui menace de restreindre drastiquement le champ d’application de la directive, de limiter la responsabilité des entreprises et de fragiliser l’accès à la justice pour les communautés affectées.
« Quelques avancées notables ont été obtenues ces dernières années visant à réguler les chaînes d’approvisionnement et à lutter contre les pratiques commerciales déloyales. Cependant, ces progrès sont aujourd’hui menacés par des pressions politiques pour réduire les exigences et diluer les réglementations, au nom de la compétitivité économique. Or, face aux crises sociales, environnementales et économiques, les acteurs et modèles qui permettent de construire un avenir durable et réussi, sont aujourd’hui plus que jamais indispensables. Fairtrade est ici un exemple de modèle commercial, dont les générations actuelles et futures ont besoin partout dans le monde. »
Jean-Louis Zeien, président de l’ONG Fairtrade Lëtzebuerg
Texte et photo de Fairtrade Lëtzebuerg