Réinventer la mobilité douce à Luxembourg-ville

Réinventer la mobilité douce à Luxembourg-ville

On entend beaucoup parler ces derniers mois d’un chantier imposant traversant les différents quartiers de la capitale luxembourgeoise. Le tram poursuit sa percée, comptant bien emmener à son bord résidents comme frontaliers vers leur lieu de travail ou de loisirs. Partie intégrante d’une vision de mobilité douce pour la Ville de Luxembourg, il n’est bien sûr pas la seule alternative mise en place pour alléger un tant soit peu le trafic routier. Infogreen est allé à la rencontre de Patrick Goldschmidt, échevin responsable en matière de mobilité, pour découvrir sa vision de la Ville de Luxembourg de demain.

Tout d’abord, il y a le constat. En 20 ans, quelque 40 000 personnes se sont installées à Luxembourg-ville. Celle-ci comptait 116 328 habitants au 31 décembre 2017. Du côté des frontaliers et autres navetteurs, que l’on sait également nombreux, ce sont 100 000 personnes environ qui se rendent quotidiennement en ville. Et ces chiffres ne feront certainement que croître davantage dans les prochaines années. « Mais à part dans les nouveaux quartiers, les routes, elles, sont restées les mêmes », complète M. Goldschmidt. Si la Ville de Luxembourg n’est pas compétente en matière de mobilité transfrontalière, elle cherche constamment à adapter les moyens de transport au sein de sa commune.

Face à ces voies saturées et à ces chiffres en hausse constante, c’est à plus de douceur que la Ville de Luxembourg aspire pour la mobilité de demain. Plutôt que de créer ou d’élargir les routes pour y intégrer plus de voitures, elle souhaite faire grandir les espaces verts, développer un réseau de transports en commun peu polluant et promouvoir l’usage du vélo, qu’il soit classique ou électrique. « Parce qu’une voiture en moins sur les routes, c’est un conducteur de moins qui perd du temps dans les embouteillages ou à la recherche d’une place de parking, c’est un air moins pollué et des résidents qui vivent dans un environnement plus agréable et plus sain  », explique l’échevin. La Ville ne manque certainement pas de projets et intègre autant que possible les résidents dans cette réflexion d’avenir.

Le bus autonome à l’étude

Au niveau des bus, l’électrisation du réseau est en cours. « Pour l’instant, les lignes 9, 13 et 14 sont desservies par des bus hybrides ou entièrement électriques », rappelle l’échevin. « En 2019, les lignes 12, 17 et 24 seront électriques, et trois stations d’overnight charging seront construites sur le site Bouillon. On vise le 100 % électrique, mais cela prend du temps. Toutes les grandes villes européennes sont intéressées par ces batteries électriques, et les fournisseurs ne suivent pas la cadence. Par ailleurs, comme c’est une technologie récente, l’autonomie de ces batteries était pendant longtemps trop limitée. Elles peuvent à présent assumer des trajets de 150 à 200 km, et là ça devient intéressant.  » Quinze à vingt bus devraient être changés d’ici fin 2019. L’échevin espère que 50 % de la flotte roulera à l’électrique d’ici quatre à six ans, en veillant à mesurer leur performance au fur et à mesure.

La Ville de Luxembourg compte également prendre part à un projet européen de test de bus autonomes. « Le but n’est bien sûr pas de supprimer de l’emploi, mais de voir comment ces bus autonomes pourraient trouver une place en ville, sur de petits tronçons ». On devrait donc bientôt croiser des bus sans chauffeur dans le quartier du Pfaffenthal, mais les détails du test doivent encore être peaufinés et seront communiqués lors de la Semaine européenne de la mobilité qui se tiendra du 16 au 22 septembre.

Pédaler à l’électrique à petit prix

Les piétons ne sont bien sûr pas oubliés et leur situation est analysée dans chaque PAP (plan d’aménagement particulier, NDLR), avec des spécialistes en matière de mobilité. Et pour assurer un flux d’air frais pour tous, les espaces verts sont et continueront à être renforcés.

Côté « vel’OH ! », la flotte sera très prochainement 100 % à assistance électrique. « C’est une décision qui ne fait pas forcément l’unanimité, mais je pense qu’elle permettra de convaincre de nouveaux utilisateurs. Les travailleurs n’utilisent pas les vélos classiques pour aller jusqu’à leur bureau, pour d’évidentes raisons d’hygiène, mais avec l’électrique cela devient envisageable », précise M. Goldschmidt. Et ce pour un coût de location de 18 euros par an (contre 15 euros jusqu’à présent pour les vélos traditionnels).

En amont de toutes ces décisions, l’avis des résidents prend une place importante. « J’aimerais par exemple qu’on crée un tronçon cyclable au Limpertsberg et prévois une consultation citoyenne en septembre ou en octobre », explique-t-il. « Mais comme ces travaux auront pour conséquence la suppression d’un certain nombre de places de parking, je m’attends à quelques réticences. » Car la possibilité de se garer reste une priorité pour les habitants. La voiture individuelle est encore trop présente dans la capitale, et les demandes de vignettes résidentielles ne diminuent pas. « On constate toutefois que beaucoup de jeunes qui viennent à Luxembourg arrivent sans voiture. Changer les habitudes prend du temps, mais les plus jeunes générations sont plus à même d’apprécier les avantages de la mobilité douce. »

Marie-Astrid Heyde

Crédit photo Patrick Goldschmidt : Photothèque Ville de Luxembourg/Marc Wilwert
Crédit photos Bus1 et Bus2 : Ville de Luxembourg
Crédit photo Vélos : Ville de Luxembourg/David Laurent

Dossier du mois Infogreen « Construire demain »

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Publié le vendredi 2 novembre 2018
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