Que deviennent nos vieux téléphones portables, PC et tablettes ?

Menée au Luxembourg sur un échantillon de près de 6.000 personnes âgées de 16 à 74 ans, l’enquête annuelle sur les TIC 2022 (technologies de l’information et de la communication) est à l’origine d’une très intéressante parution du Portail national des statistiques sur le sort réservé aux modèles technologiques que nous jugeons bon de changer.

Elle met également en lumière les éléments pris en compte par les consommateurs au moment de l’achat d’un nouvel outil issu de l’informatique, de l’internet ou des télécommunications.

Allez-vous vous reconnaître dans cette palette d’attitudes ? Encouragent-elles l’économie circulaire ? Voici des éléments de réponses.

Que fait-on de nos appareils quand ils sont remplacés ?

Premier constat : une séparation compliquée

La majorité des sondés conservent leur appareil, essentiellement le smartphone et le laptop.

• Pour le smartphone : 66 % des possesseurs gardent l’appareil, 21 % le vendent ou le donnent, 12 % le recyclent, 1 % le jette sans recyclage ;
• Pour le laptop/ tablette : 65 % des individus gardent l’appareillage, 17 % le vendent ou le donnent, 16 % le recyclent, 2 % le jettent hors circuit de recyclage ;
• Pour le PC : 51 % des interrogés gardent l’ordinateur, 17 % le vendent ou le donnent, 28 % le recyclent, 4 % le jettent sans recyclage.

La statistique nous apprend donc que le recyclage des smartphones et des laptops est loin d’être la norme. Environ une personne sur dix (seulement) introduit son téléphone portable dans un processus de recyclage. C’est à peine mieux pour les PC fixes de bureau.

Ce que la statistique ne raconte pas, en revanche, c’est l’usage futur des outils numériques conservés par presque 2 personnes sur 3. Les téléphones portables s’accumulent-ils dans les tiroirs ou les placards ? Sont-ils réutilisés au sein du foyer ?

Sensibilisation du consommateur ? Filières de recyclage encore peu développées ? Immobilisme des grandes marques ? Quelles que soient les raisons, les métaux plus ou moins rares, lithium, yttrium, tungstène, gallium, indium, néodyme, cobalt, cuivre or ou argent, etc. présents dans les nouvelles technologies mériteraient une réutilisation immédiate.

Selon une étude du WEEE Forum, conduite de juin à septembre 2022, les experts prédisent que sur la planète, 5,3 milliards de téléphones seront hors d’usage cette année. Une majorité, quelle que soit sa valeur, sera simplement rangée quelque part.

Second constat : le comportement varie selon l’âge de la personne

Les 16 – 24 ans sont les plus nombreux à conserver leur ancien appareil (17 %). C’est aussi la tranche d’âge qui donne ou vend le plus ses vieux outils numériques (73 %).

Au-delà de 35 ans, 2 personnes sur 10 (20 %) se débarrassent de leurs nouvelles technologies via le recyclage des composants et déchets électroniques.

De 65 à 74 ans, ce chiffre passe à presque 3 personnes sur 10 (28 %).

Dans un second temps, la publication du STATEC s’intéresse aux motivations d’achat d’un nouvel instrument TIC. Voici ce qui intéresse l’acheteur luxembourgeois.

Quels sont les principaux critères lors de l’achat d’un nouveau smartphone, laptop, ordinateur ou tablette ?

L’étude annuelle concernant les technologies de l’information et de la communication donne le prix comme le principal moteur d’achat. Suivent les caractéristiques de stockage et la vitesse de l’appareil électronique.

Si le tarif apparaît comme un indicateur logique, les considérations techniques expriment la volonté des utilisateurs à posséder un exemplaire performant, voire dernier cri. Il s’agit bien alors de remplacer un appareil rendu obsolète par la recherche et les développements techniques de l’industrie.

Cette fois encore les catégories d’âge révèlent quelques différences entre elles. Les critères sont aussi générationnels, voici leur classement.

1. Le prix, 67 %
   Le prix du smartphone ou de l’ordinateur joue pour 71 % des 16 – 24 ans.
   En revanche, pour 55 % seulement chez les 65 – 74 ans.
2. La vitesse et le stockage, 56 %
   Ces deux critères sont essentiels pour 63 % des jeunes contre 48 % des plus âgés.
3. L’efficacité énergétique (performance de la batterie par ex.), 28 %
4. L’écoconception de l’appareil, 13 %
5. Prolongation durée de vie supplémentaire avec une garantie supplémentaire, 11 %
6. Programme de reprise du fabricant ou du vendeur, 8 %

La conception vertueuse des TIC est une motivation pour, seulement, un peu plus d’une personne sur dix. C’est encore trop marginal.

Le consommateur est plus encouragé par une bonne autonomie de batterie que par son écoresponsabilité ou sa durabilité.

(Pour illustrer cette tendance au niveau mondial, prenons Fairphone en exemple. Le constructeur néerlandais de smartphones éthiques et durables a procédé à une levée de fonds de 49 millions en janvier 2023. Cela peut sembler une bonne nouvelle mais, son besoin de financement concordant à la sortie de ses premiers actionnaires indique que l’entreprise ne génère pas assez de revenus pour s’étendre sans de nouveaux soutiens [88.000 smartphones vendus en 2021 sur un marché d’1,35 milliard d’unités livrées aux distributeurs. Source : IDC].)

Enfin, moins d’une personne sur dix s’enquiert d’un programme de reprise comme élément déclencheur à l’acquisition. Pour faire le lien avec le début de l’article, le manque d’intérêt du consommateur ou le manque d’offre des constructeurs qui pourraient expliquer ce chiffre est un frein au recyclage des ordinateurs, téléphones et tablettes.

Sébastien MICHEL
La publication du STATEC a été réalisée par Armande Frising.
Source : STATEC, enquête annuelle sur les TIC (2022)