PNM 2035 et Luxembourg 2050 : deux échéances, un objectif

PNM 2035 et Luxembourg 2050 : deux échéances, un objectif

Pas d’évolution de la mobilité sans aménagement du territoire… Au travers des plans nationaux pilotés par François Bausch et Claude Turmes, on retrouve des voies parallèles et des intersections. Et des ambitions qui passent par un changement de la société.

Peu importe la date pourvu que l’on ait le même horizon. Le Plan National de Mobilité est estampillé 2035. La feuille de route pour l’aménagement du territoire en transition pointe 2050. Mais ces deux plans nationaux ont finalement pour objectif de réussir la transition sociétale, qui passe par des changements d’habitude et de comportements, auxquels la planification sert d’appui. « L’utilisation du sol, c’est peut-être le plus grand problème de l’Humanité », aime à rappeler le ministre François Bausch (lire ICI son interview).

« Notre responsabilité politique et citoyenne ne s’arrête pas à nos frontières », soulignait pour sa part Claude Turmes, en lançant la phase concrète de Luxembourg in Transition - 2050. « Arlon, Thionville, Saint-Vith ou Bitburg sont des aires qui bénéficient mais aussi subissent l’impact de notre économie attractive, sur les prix du logement, sur la mobilité, sur les services de proximité… »

Qualité de vie dans des espaces partagés

Luxembourg in Transition veut pour 2050 un aménagement des territoires, basé sur une consultation internationale qui a réuni des propositions stratégiques et produit des scénarios de transition zéro-carbone pour le pays et son aire d’influence socio-économique. Le fil vert pourrait être le besoin de partager l’espace, de le rendre à l’ensemble des citoyens. Par exemple de repenser la répartition des infrastructures et, partant, notamment, de répartir les espaces voués aux moyens de locomotion. « C’est un courage que l’on doit avoir parce que les enjeux sont pour toute la société. Que sera le Luxembourg demain pour ses habitants, comment y vivra-t-on, c’est ça le débat. On parle de qualité de vie de tout un chacun. Et cela ne se fait pas en un jour. Il faut bousculer des habitudes et des pratiques, voir les choses autrement et agir dans l’intérêt général. C’est par exemple ce que l’on fait déjà au gouvernement, avec la politique en faveur du logement abordable, d’une diversification agricole ou de la mobilité… L’heure est à l’action », observe le ministre Turmes.

Même type de call to action » pour le ministre Bausch, qui a fait, au travers d’une série de réunions citoyennes et de conférences ciblées, une véritable tournée d’information dans les régions et communes du pays pour exposer son PNM2035.

Après le lancement de la stratégie multimodale Modu 2.0 (mai 2018 ) et le succès de l’introduction du transport public gratuit au Luxembourg (mars 2020), le ministre a lancé (en avril dernier) ce Plan national de mobilité, qui se pose en concept global capable de gérer 40% de déplacements supplémentaires par rapport à 2017.

Ce PNM2035 est en quelque sorte le prolongement naturel et, surtout, la mise en application des approches préconisées par la stratégie pour une mobilité durable qui l’avait précédé.

Anticiper et interconnecter

Les grands axes sont clairs : passer d’une logique de rattrapage à une logique d’anticipation de la future demande de mobilité ; déterminer d’abord le nombre de personnes qui devront se rendre à un endroit donneé et renforcer ensuite les modes de transport les mieux adaptés au contexte ; et enfin mobiliser les grands acteurs autour de la mobilité, à commencer par l’État, les communes, les employeurs et les citoyens.

Le PNM2035 tient dans un document d’une centaine de pages (que l’on vous invite à feuilleter ici charger le PDF) truffé d’actions concrètes et de chantiers nouveaux ou en route et qui devront se compléter. « C’est une vue globale, il faudra tout faire, et pas piocher à la carte », souligne François Bausch.

La multimodalité et l’interconnexion en sont les maîtres-mots. Et le tram, faisant partie des moyens qui ont démontré leur efficacité, y tient une belle place, en compagnie des hubs de mobilité, des transports logistiques, des déplacements, dans les airs ou sur terre, sur rails, sur routes, trottoirs, pistes cyclables…

Ce tram n’est plus exclusivement lié à la Ville mais à une mobilité interurbaine, dont plusieurs projets sont inscrits dans le PNM2035. Outre les extensions vers d’autres quartiers de la capitale et de sa périphérie, une ligne, partant de la bien nommée Route d’Esch, filera (on parle d’un tram rapide poussant à 100 km/h en site propre entre Leudelange et Foetz) vers le Sud, jusque Belvaux, en passant par les nouveaux quartiers d’Esch-Schifflange ou le campus de Belval.

Le tout étant connecté aux pôles d’échanges, aux « autoroutes » cyclables, aux axes routiers repensés et partagés. « Ce n’est pas de la science-fiction, c’est réalisable », appuie François Bausch, qui doit déposer rapidement les projets de loi de financement.

L’horizon 2035, on y va. Sur un territoire en transition, décarboné, décomplexé peut-être, sociologiquement et socioéconomiquement changé en tout cas.

Alain Ducat
Photos : ©Yannick Stirn/MAT / SIP / MMTP
Extrait du dossier du mois « 2035 : Lëtz go ! »

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Publié le lundi 19 septembre 2022
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