Geneviève Krol et Jean-Pierre Blanc

Pas de producteurs, pas de café : quel avenir pour la filière ?

À l’occasion de la Journée Internationale du Café, Fairtrade Lëtzebuerg a accueilli au Luxembourg Jean-Pierre Blanc, expert reconnu de la filière. Il a alerté sur les défis économiques, climatiques et humains qui menacent les producteurs et rappelé l’urgence du commerce équitable.

À l’occasion de la Journée Internationale du Café, célébrée chaque année le 1er octobre pour mettre en lumière l’importance économique, social et environnemental de cette boisson phare consommée aux quatre coins du globe, tout en sensibilisant le public aux défis que rencontrent les producteurs, l’ONG Fairtrade Lëtzebuerg a eu le plaisir d’accueillir Jean-Pierre Blanc au Luxembourg, expert reconnu de la filière café et acteur historique du café équitable.

Derrière les 2,23 milliards de tasses de café consommées chaque jour dans le monde, se cache une filière de plus en plus vulnérable. Si les cours du café ont fortement augmenté ces deux dernières années, cette hausse ne profite pas nécessairement aux producteurs.

La raison ? Le café est coté en bourse (Arabica à New York, Robusta à Londres), et fait l’objet de spéculations massives par des traders et des fonds d’investissement. « C’est devenu un véritable casino », a rappelé Jean-Pierre Blanc. Dans ce contexte de financiarisation accrue (processus par lequel les marchés occupent une place croissante et entraînent une transformation structurelle des économies, des entreprises (y compris des institutions financières), des États et des ménages), les producteurs subissent des fluctuations de prix imprévisibles, qui rendent impossible toute planification à long terme et les empêchent de bénéficier équitablement de la valeur qu’ils créent. Les revenus instables les exposent à un risque financier permanent.

Des défis climatiques majeurs

À ces difficultés économiques s’ajoutent des défis climatiques majeurs. Les effets croissants du dérèglement climatique menacent gravement les récoltes, avec une intensité particulière au Brésil et au Vietnam, les deux plus grands producteurs mondiaux. Sécheresses, pluies diluviennes et maladies des caféiers réduisent drastiquement les rendements et fragilisent davantage encore les revenus des producteurs.

Face à cette précarité et à l’incertitude croissante, de nombreux jeunes des communautés productrices quittent les plantations pour chercher un avenir ailleurs. Sans relève, c’est toute une filière qui risque de disparaître à moyen terme. « Quand les jeunes ne croient plus à un futur dans le café, c’est la survie même du café qui est en jeu », a souligné Jean-Pierre Blanc.

Ce dernier a enfin mis en avant la véritable force du système Fairtrade : le regroupement des producteurs en coopératives. Isolés, les petits producteurs n’ont aucune chance face aux grands acteurs qui dominent les marchés mondiaux ; en collectif, ils gagnent du poids, des prix stables et justes, et un accès à des conditions dignes.


« Le commerce équitable n’est pas une nécessité, c’est une urgence absolue pour garantir le respect des droits humains et de l’environnement, assurer la survie des coopératives et des producteurs, et in fine préserver toute une filière. »

Jean-Pierre Blanc, expert de la filière du café

Contrairement aux logiques actuelles de dérégulation, le modèle Fairtrade repose sur des règles claires et protectrices et demeure aujourd’hui le seul système économique capable de durer et d’assurer un avenir viable aux producteurs et productrices de café dans le monde.

Communiqué et illustrations par Fairtrade Lëtzebuerg

Contribution partenaire in4green
Publié le mercredi 1er octobre 2025
Partager sur
Avec notre partenaire
Nos partenaires