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L’acoustique, partie intégrante de la construction durable

Le monde est rempli de sons et nous sommes particulièrement affectés par la qualité acoustique des bâtiments où nous passons plus ou moins 90 % de notre temps.

Pourtant, l’acoustique peine encore à être considérée comme une partie intégrante de la construction durable. Élise Rein et Lieve Van der Spiegel évoquent les challenges à relever pour faire de l’acoustique un élément majeur, mais surtout systématique, du processus de construction.

Interview d’Élise Rein, Team Manager du Pôle Sustainable Design de Betic Ingénieurs Conseils et Lieve Van Der Spiegel, Principal du service Acoustical Engineering de VK Architects & Engineers

Pourquoi est-il aussi important d’intégrer l’acoustique comme un élément à part entière de la conception ?

Élise Rein : Pour construire durable, il est essentiel d’accorder une attention poussée à la phase de conception, tout comme à sa mise en œuvre bien entendu, pour favoriser une utilisation du bâtiment sur le long terme. L’acoustique exerce une grande influence sur le bien-être, voire la santé des personnes. C’est pourquoi elle devrait faire partie intégrante de la conception durable. Seulement, les problèmes acoustiques sont souvent abordés trop tard lors du processus de conception. Aujourd’hui, une nouvelle prise de conscience émerge et pousse la profession à trouver de nouvelles méthodologies intégrées capables de fournir des solutions sur mesure pour la conception sonore. Nous intégrons ainsi les critères de performance acoustique dès le début de la phase de conception, au même titre que les exigences thermiques, statiques, écologiques, techniques, incendie, esthétiques... Les moyens utilisés peuvent être des simulations, des calculs mais aussi des approches spécifiques, comme l’organisation des espaces, par exemple en regroupant des fonctions similaires. Cela va dans le bon sens, mais il y a encore du chemin à parcourir, en particulier pour la phase d’exécution.

Comment pensez-vous alors développer cette expertise au Luxembourg ?

Lieve Van der Spiegel : Clairement, nous ne pouvons pas demander à un collaborateur d’être spécialiste dans tous les domaines : énergie, sécurité incendie, architecture hospitalière, techniques spéciales… L’ingénierie acoustique est tout aussi spécifique et indispensable… Mais nous le constatons, même les projets centrés sur la conception durable et l’humain négligent encore la qualité acoustique dans leurs objectifs de conception. La mauvaise acoustique dans les bâtiments conduit toujours fréquemment à des plaintes : mauvaise intelligibilité de la parole dans les classes, bruit environnant comme l’activité d’un supermarché en dessous de logements, bruits provenant des voisins dans des constructions en bois, bureaux ouverts, manque de vie privée… Les projets souffrent donc encore trop souvent de mauvaises performances acoustiques, ce qui nuit à la qualité de l’environnement intérieur. Il est donc bel et bien nécessaire d’intégrer cette dimension dans l’approche de conception globale.

Est-ce qu’aujourd’hui vous accompagnez des projets en acoustique au Luxembourg ?

E R : Oui et c’était l’un des objectifs lorsque nous avons rejoint le Groupe VK Architects & Engineers. L’ambition était de s’appuyer sur son expertise pour proposer ce service, certes déjà présent au Luxembourg, mais encore trop peu par rapport aux besoins du marché, pour le développer localement dans un second temps. Nous lancer seuls dans le développement de prestations que nous ne maîtrisons pas à 100 % aurait été contre-productif. C’est pour cela que nous travaillons en étroite collaboration avec Lieve et son équipe pour les besoins en acoustique sur nos projets…

Mais le savoir-faire n’est pas plus local puisque l’activité est gérée par l’équipe en Belgique…

L VdS : Effectivement, car aujourd’hui le savoir-faire est en Belgique. Au fil des années, mon équipe a développé une large expertise de l’acoustique des bâtiments et des salles, de l’acoustique industrielle et de l’acoustique environnementale. Nous étudions le confort acoustique optimal de manière spécifique sur chaque projet et cette expérience de long terme nous permet de relever des défis acoustiques complexes, y compris au Luxembourg… Mais la stratégie à court et moyen terme est clairement d’apporter ce « knowledge » dans le pays.

E R : Oui, aujourd’hui, c’est très rassurant de pouvoir compter sur nos collègues belges pour nous accompagner et permettre ainsi d’apporter un haut niveau de qualité en acoustique sur nos projets. Mais, ne nous le cachons pas. Le Luxembourg a ses particularités, sa réglementation, et c’est pourquoi il est aussi important d’avoir cette connaissance métier localement.

Vous allez donc former localement l’équipe ou embaucher des acousticiens luxembourgeois ?

E R : Attention, comme le disait Lieve, c’est un métier à part entière. Oui, il est nécessaire que mon équipe ait des connaissances de base en acoustique pour appréhender les projets avec une vision à 360°, mais nous aurons des experts dédiés exclusivement aux études acoustiques. Nous le prévoyons depuis plusieurs années dans notre stratégie de développement et c’est pourquoi deux ingénieurs acousticiens, ayant déjà fait leurs preuves dans le pays, nous rejoindrons dès le début d’année. Nous tenons à conserver une relation de proximité avec nos clients et nous savons très bien que nous ne pouvons pas demander à nos collègues belges de maîtriser les législations spécifiques de chaque pays. Un groupe de travail national établit justement en ce moment une nouvelle norme acoustique luxembourgeoise. C’est une évidence qu’il nous faut des experts locaux

Comment envisagez-vous la collaboration entre vos équipes respectives ?

L VdS : Notre rôle sera d’accompagner les deux nouveaux collègues luxembourgeois pour mettre en place les prestations, les outils nécessaires à l’activité et de favoriser la montée en compétences de chacune de nos équipes via des échanges réguliers sur les projets d’un pays comme de l’autre… Nous ne faisons qu’un mais avons des compétences spécifiques liées aux particularités du marché et de la législation locale. Ce que nous souhaitons, c’est un haut niveau d’expertise local et accroître le nombre d’experts présents dans les différents pays où nous intervenons.

Article paru dans le Neomag#43
Plus d’informations : http://neobuild.lu/ressources/neomag
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Publié le lundi 28 février 2022
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