Minimal

Interview de Philippe Wetzel, COO de SECO Group

Comment le leitmotiv « less is more » s’incarne-t-il dans ce nouveau bâtiment ?

Nous voulions un bâtiment qui réponde autant que possible aux critères de l’économie circulaire ou, a minima, qui soit démontable et recyclable. Un bâtiment qui soit exemplaire en termes de simplicité. Dans ce contexte, nous avons réduit les matériaux car chaque matériau qui n’est pas utilisé ne nécessite pas d’être produit, installé, entretenu et démonté.

Par exemple, il n’y a pas de faux-plafond mais des dalles sur lesquelles les éléments techniques sont accrochés et restent visibles, pas de revêtement de façade mais du béton apparent, des murs intérieurs en béton brut également qui n’ont pas été peints ou couverts d’un quelconque produit chimique.

Ce concept minimaliste s’applique également aux équipements techniques. Il n’y a aucun interrupteur électrique pour l’éclairage ou les stores. Tout fonctionne en wifi, ce qui a permis de faire l’économie de dizaines de kilomètres de câblage et de beaucoup d’isolants. Pour la production de froid et de chauffage, une pompe à chaleur géothermique moins puissante qu’une pompe à chaleur domestique a été installée.

Pour maintenir une température agréable dans le bâtiment, il a été équipé de casquettes qui protègent les façades du rayonnement solaire. La consommation électrique est couverte en quasi-totalité par la production des panneaux photovoltaïques placés en toiture. Là où nous avons fait juste l’inverse, c’est sur les terrasses. Elles sont toutes végétalisées, certaines avec des arbres, d’autres de manière extensive avec des plantes spécifiques qui répondent à des critères très exigeants en matière de biodiversité.

Comme son nom l’indique, ZECO2 se veut neutre en carbone. Comment cela se traduit-il ?

Déjà lors de la construction, mais aussi maintenant, en phase d’exploitation, nous établissons un bilan carbone annuel et nous participons à un programme de reforestation pour compenser nos émissions résiduelles.

Pourquoi avoir choisi de proposer des surfaces publiques au rez-de-chaussée ?

« Less is more » n’est pas le seul leitmotiv de ce bâtiment. Il a aussi une vocation sociale. Nous avons voulu créer un espace de vie, un point d’attache utile aux 4 500 personnes qui travaillent dans ce zoning. Les voitures ont été reléguées au sous-sol pour pouvoir aménager un parvis qui donne sur la rue principale et qui sert de terrasse au Pall Café.

ZECO2 est aussi un bâtiment « centré sur ses usagers ». Qu’est-ce que cela signifie ?

L’immeuble a été construit autour de notre business plan, de notre manière de collaborer, et non l’inverse, avec des zones de bureaux parcellées qui néanmoins se rejoignent sur des espaces de circulation communs, un grand atrium, des zones partagées pour l’ensemble des étages. Nous ne sommes pas dans une configuration traditionnelle, mais sur un espace tridimensionnel pensé pour favoriser les échanges.

Comment l’immeuble anticipe-t-il les évolutions futures de l’entreprise ?

Le bâtiment permettra d’absorber notre croissance sur de longues années, car nous avons quelques surfaces de réserve et nous avons prévu le nécessaire pour équiper le parking de davantage de chargeurs pour véhicules électriques (la moitié des places l’est déjà). C’est un bâtiment qui a été prévu pour tenir dans la durée et pour rester intemporel, avec une structure adaptable à de futurs PAG.

Last but not least, une des particularités de ce projet est d’avoir été réalisé en bouwteam. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

L’équipe s’est limitée à un architecte, deux ingénieurs, une entreprise générale et SECO en tant que maître d’ouvrage et intervenant sur certaines parties comme le design des façades ou le concept incendie. Avec un nombre d’intervenants réduits, nous avons réussi à construire un projet en à peine 27 mois, pause COVID comprise. Chacun a contribué à sa manière et a apporté le meilleur : la qualité de l’immeuble est irréprochable. Nous sommes ravis de cette belle collaboration et de ce travail d’équipe remarquable qui a permis de respecter le timing et le budget.

Mélanie Trélat
Article paru dans le NEOMAG#47
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