Les phytohormones pour régénérer les arbres après les feux de forêts

Les phytohormones pour régénérer les arbres après les feux de forêts

Khoshbo Mustafa, 20 ans, originaire d’Afghanistan, vit depuis près de trois ans au Luxembourg et entame sa dernière année au Lycée Michel Lucius. En 2024 et 2025, elle a participé au concours Jonk Fuerscher de la Fondation Jeunes Scientifiques Luxembourg.

Parle-moi de ton projet

Khoshbo Mustafa : Je faisais équipe avec Lexine Agyare et Nur Bel Houcine Auz. Nous avons participé à deux éditions du concours Jonk Fuerscher de la Fondation Jeunes Scientifiques Luxembourg (FJSL). Notre projet portait sur les effets du tabagisme passif sur les plantes et sur l’utilisation des phytohormones – des hormones végétales – pour favoriser leur croissance.

Nous avons choisi ce sujet car, lorsqu’on se promène, on voit souvent des personnes fumer près des plantes. Près de notre école aussi, beaucoup de gens fument. Nous nous sommes alors demandé pourquoi la plupart des recherches portaient sur les effets sur les humains et non sur les plantes. Nous avons décidé d’explorer cette question.

Comment avez-vous réalisé ces recherches ?

Nous avons semé cinq plants de lentilles, qui ont l’avantage de pousser rapidement. Certains ont été exposés à la fumée de cigarette, d’autres ont uniquement reçu des phytohormones, un troisième groupe a été exposé à la fois à la fumée et aux phytohormones, et enfin, le plant témoin a uniquement été arrosé à l’eau.

Les plantes ont été placées dans des boîtes de Petri afin d’observer la germination, la longueur des tiges et des racines, puis de comparer les résultats. Nous avons constaté qu’une plante exposée à la fumée voit sa croissance diminuer et ses feuilles jaunir. Les plants exposés à la fumée et qui recevaient des phytohormones, se régénéraient plus vite.

La deuxième année, vous êtes allées plus loin…

Nous avons présenté notre projet à un chercheur du LIST (Luxembourg Institute of Science and Technology), qui nous a suggéré que les phytohormones pourraient peut-être aussi aider les forêts à se régénérer après un incendie.

Nous avons alors reproduit un sol sur une petite surface dans un barbecue, planté des graines de lentilles, puis brûlé le sol et les plantes. Après avoir appliqué des phytohormones, nous avons constaté qu’elles favorisaient effectivement une régénération plus rapide après un feu, confirmant leur potentiel pour la restauration des forêts.

Quels prix avez-vous remportés ?

La première année, nous avons gagné le premier prix du concours national Jonk Fuerscher, qui nous permettait d’étudier quelques semaines en France. Malheureusement, cela tombait pendant les examens. Nous avons aussi remporté un prix pour la Belgique.

Cette année, nous avons obtenu un prix pour le Portugal, mais là encore, les examens nous ont empêchées d’y aller. Nous avons finalement reçu un prix pour la Tunisie.

Qui vous a soutenues ?

Chaque année, un représentant de la FJSL vient présenter la compétition dans notre école. Nous avons aussi un club de jeunes scientifique à l’école. Si on veut participer à la compétition, on peut y réaliser son projet. Le professeur nous aide à obtenir les produits chimiques et le matériel nécessaires. Ensuite, on peut s’inscrire au concours.

Avez-vous rencontré des difficultés ?

Les tests étaient assez simples à réaliser, mais la première année, nous avons eu un contretemps : deux semaines avant le concours, nos produits commandés n’étaient toujours pas arrivés. Nous pensions devoir abandonner, mais notre délai a été prolongé de deux semaines. Nous avons donc du tout faire très rapidement mais nous avons pu participer.

Et après le lycée ?

Je souhaite étudier la dentisterie, un domaine scientifique où la recherche a aussi toute sa place.

Découvrez chaque semaine un projet proposé par des étudiants dans le cadre du concours national Jonk Fuerscher.



Marie-Astrid Heyde
Photos : Khoshbo Mustafa

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Publié le mardi 16 septembre 2025
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