Des réseaux 6G intelligents et sobres grâce aux jumeaux numériques

Des réseaux 6G intelligents et sobres grâce aux jumeaux numériques

Les futurs réseaux 6G pourraient bientôt anticiper les problèmes, s’auto-réparer et consommer moins d’énergie. Leur secret ? Des jumeaux numériques, véritables copies virtuelles des réseaux physiques.

À mi-parcours de son développement, le projet européen 6G-TWIN dévoile aujourd’hui des avancées majeures dans la création de jumeaux numériques pour les réseaux. Ces répliques intelligentes permettent de rendre les infrastructures 6G observables, prédictives et auto-optimisables. Ses premiers résultats sont désormais accessibles au public.

Un jumeau numérique pour la connectivité de demain

Imaginez un réseau capable d’apprendre de son propre comportement, de prévoir les défaillances et d’ajuster automatiquement ses paramètres pour économiser l’énergie — sans intervention humaine. C’est l’ambition de 6G-TWIN, un projet de 4 millions d’euros financé par le partenariat européen Smart Networks and Services Joint Undertaking (SNS JU) dans le cadre d’Horizon Europe.

Coordonné par le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) et réunissant 11 partenaires dans sept pays, 6G-TWIN ouvre la voie à l’intégration profonde des Network Digital Twins dans les réseaux mobiles de prochaine génération, au service d’applications toujours plus exigeantes. Véritables environnements de test sécurisés, ces jumeaux numériques permettent d’explorer des scénarios, d’optimiser les performances et de concevoir des infrastructures 6G plus fiables et plus durables.

Après 18 mois de recherche, le consortium a franchi une étape clé : l’architecture fonctionnelle centrale et les chaînes de traitement du futur écosystème sont finalisées et prêtes à être mises à disposition de l’industrie, du monde académique et du public.

Un langage commun entre réseaux et machines

Au cœur du projet se trouve l’idée que le réseau peut devenir « auto-conscient » grâce à son double numérique. Les partenaires ont défini une architecture en plusieurs couches, capable d’ingérer les données issues de toutes les composantes du réseau — antennes, liaisons de transport, serveurs, terminaux — pour alimenter en continu un jumeau numérique actualisé.

Ce jumeau numérique génère ensuite des modèles exploitables par l’IA. Ceux-ci permettent d’anticiper la congestion, les pertes d’énergie ou les zones de faible couverture — et même de recommander des correctifs automatiques avant que les problèmes n’apparaissent.


« Les opérateurs peuvent tester virtuellement des changements avant de les appliquer au réseau réel, en s’appuyant sur des données et modèles dynamiques pour anticiper les résultats. Nous avons d’abord établi une définition commune du jumeau numérique — plus de 1 000 pages de travaux fondamentaux — et nous la transformons désormais en déploiements concrets. Notre architecture est native IA, ouverte et alignée sur les standards internationaux pour être compatible avec les futurs systèmes 6G dans le monde entier. »

Sébastien Faye, responsable du groupe de recherche Distributed & Intelligent Connectivity au LIST et coordinateur du projet

Des modèles virtuels aux impacts concrets

6G-TWIN transforme désormais ses avancées théoriques en démonstrations réelles, destinées à prouver comment les réseaux intelligents peuvent devenir plus sûrs, plus fiables et plus écologiques. Deux démonstrateurs majeurs sont en cours de développement.

Le premier porte sur la conduite téléopérée. Imaginez un véhicule piloté à distance : le jumeau numérique veille à la stabilité de la connexion et prédit les défaillances potentielles. Les ingénieurs peuvent simuler une multitude de situations — variations de trafic, détours imprévus, perturbations réseau — afin de tester les réactions du système et d’affiner les configurations avant tout déploiement réel.

Le second démonstrateur concerne la gestion énergétique intelligente du réseau. Il illustre comment des modèles prédictifs peuvent désactiver ou reconfigurer automatiquement certaines stations de base pour réduire la consommation électrique, sans dégrader la qualité de service. Le système analyse l’activité du réseau, place automatiquement les zones peu sollicitées en « mode basse consommation » et les réactive dès que la demande augmente — sans jamais interrompre les appels ni les services d’urgence.

Ces tests combinent l’expertise des partenaires : les algorithmes d’IA d’IMEC, les solutions O-RAN d’Accelleran ou encore les outils de test avancés de VIAVI. Les premiers prototypes sont en cours d’installation dans des laboratoires au Luxembourg et en Belgique. Des démonstrations publiques sont prévues pour 2026.

L’Europe trace la voie vers des réseaux 6G auto-optimisés

Les résultats intermédiaires de 6G-TWIN marquent une avancée importante dans la stratégie européenne pour la 6G. En associant jumeaux numériques, IA et architectures ouvertes, le projet contribue à faire émerger des réseaux zero-touch, capables de se gérer eux-mêmes de manière dynamique, du cœur de réseau à la périphérie cloud.

Leur impact pourrait dépasser largement les télécoms. Les jumeaux numériques réseau pourraient aussi soutenir le développement des villes intelligentes, de la mobilité autonome, de l’industrie automatisée ou encore de centres de données neutres en carbone — des enjeux centraux pour le Green Deal européen et la Décennie numérique.

Dans la seconde moitié du projet, l’objectif sera de multiplier les tests, validations et démonstrations en conditions réelles. Le défi : démontrer que ces technologies peuvent évoluer à grande échelle tout en améliorant la fiabilité, la latence et l’efficacité énergétique. D’ici 2026, le projet ambitionne de livrer deux démonstrateurs entièrement validés, des cadres techniques ouverts et des feuilles de route business pour l’industrie télécom.

Les premiers livrables publics sont déjà disponibles en ligne.

À propos du projet

6G-TWIN (Integrating Network Digital Twinning into Future AI-based Systems) est un projet Horizon Europe (contrat n°101136314), cofinancé par le Smart Networks and Services Joint Undertaking et l’Union européenne. Actif de janvier 2024 à décembre 2026, il réunit 11 partenaires de huit pays, parmi lesquels des acteurs académiques (Politecnico di Bari, Université de Bourgogne), des centres de recherche (LIST, IMEC) et des entreprises telles qu’Ubiwhere, Accelleran, VIAVI ou Proximus Luxembourg.

L’ouverture constitue un pilier central du projet — tant sur l’architecture que sur le partage des résultats. Plusieurs composants logiciels ont déjà été rendus publics pour encourager l’adoption par l’industrie européenne et les PME. Cette démarche d’open science vise à permettre à d’autres acteurs d’expérimenter, d’innover et d’étendre les travaux du consortium. Le projet collabore également avec le Horizon Results Booster pour la préparation de stratégies commerciales et de contributions à la normalisation.

Plus d’informations : www.6g-twin.eu
Communiqué par le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST)

Contribution partenaire in4green
Publié le vendredi 12 décembre 2025
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