Le mirage social des dons vestimentaires

Le mirage social des dons vestimentaires

Au Luxembourg, l’équivalent de 48 millions de t-shirts est déposé chaque année dans des conteneurs. Loin de venir en aide aux plus démunis, ces dons font l’objet d’un marché secondaire destructeur. L’échange et l’upcycling restent les solutions les plus adaptées pour les vêtements dont vous ne faites plus usage.

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Réflexe de la majorité des citoyens, le don de vêtements qu’on ne souhaite plus porter est bien plus complexe qu’on ne voudrait le penser. Explications de Georges Kieffer, fondateur de BENU : « On souhaite que les gens comprennent d’une part comment les vêtements sont produits, et d’autre part comment fonctionne le marché de dépôts des vêtements. Cette partie est malheureusement très peu documentée. Au Luxembourg, 9.000 tonnes de vêtements sont collectées chaque année par des organisations caritatives via les bennes disséminées à travers le pays. Le côté social – faire don des vêtements aux personnes dans le besoin -, qui est fortement ancré dans l’esprit des citoyens, représente moins de 2 % de tout ce marché. Il existe un marché économique secondaire dans les pays de l’Est européen, d’Afrique et d’Asie, qui détruit les économies locales. Au Kenya, plus de 80 000 personnes ont perdu leur emploi dans le cadre de ces « aides », des reventes de nos vêtements. On ne résout donc pas la problématique du textile en déposant les vêtements dans un conteneur ».

Des alternatives créatives

Plutôt que de donner ces vêtements, songez à les échanger dans votre entourage. En plus d’être bon pour la planète et pour le porte-monnaie, cela renforce les liens sociaux. Les plus créatifs laisseront peut-être cours à leur imagination pour créer de nouvelles tenues et accessoires à partir de vieux vêtements. Des professionnels peuvent aussi vous aider à renouveler votre garde-robe de manière écologique et équitable, et surtout locale.

Située à Esch-sur-Alzette, l’équipe BENU COUTURE est composée de 4 personnes pour la gestion de la boutique et 6 personnes à l’atelier pour la confection. Tout est conçu à partir de vêtements utilisés et donnés, de telle sorte que seul le temps de travail est facturé et calculé dans le respect de la main-d’œuvre. Chaque pièce est unique et, petit plus, peut être retouchée pour mieux s’adapter à votre silhouette.

Pour une expérience encore plus personnalisée, rendez-vous au BENU VILLAGE avec vos propres vêtements – ceux que vous ne mettez plus à cause d’une tâche ou d’un trou irrécupérables, ou simplement parce que la couleur des manches ne vous plaît plus – et discutez avec les couturiers d’une façon de les remettre au goût du jour. Les vêtements vendus chez BENU COUTURE sont d’ailleurs garantis à vie.

Un projet de location de vêtements upcyclés fera bientôt l’objet d’une phase pilote. Initiée par deux mamans demandeuses de telles solutions pour leurs enfants, cette démarche permettra de renouveler régulièrement leur garde-robe en limitant son empreinte écologique.

La philosophie BENU va bien au-delà de l’upcycling vestimentaire. Premier écovillage de la Grande Région, BENU est un projet participatif et intégrateur qui veut faire bouger les gens. Chaque acteur adhère à ses quatre valeurs essentielles : transparence, responsabilité sociale, production locale et excellence écologique. Loin de vouloir imposer un mode de vie ou de pensée, l’initiative BENU est avant tout vecteur de solutions qui répondent aux limites du mode de consommation actuel. N’hésitez pas à visiter BENU COUTURE et à vous faire votre propre opinion ! Plus d’informations sur http://benu.lu/ et prochainement sur infogreen.lu.

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Marie-Astrid Heyde
Photo Fanny Krackenberger

Dossier du mois Infogreen « Les dessous du textile »

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Publié le vendredi 1er mars 2019
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