
Le mégot de cigarette, de déchet à combustible de substitution énergétique
Interview de Mamedy Diawara, co-fondateur de Second Life, start-up luxembourgeoise qui débarrasse les rues des mégots de cigarettes pour les transformer en source d’énergie.
Comment est née Second Life et quel est son objectif ?
Second Life, c’est un peu ma deuxième vie. Dans une vie antérieure, j’ai été basketteur professionnel en France, puis je souhaitais passer à autre chose. Pour moi, l’écologie était importante.
C’est une jeune start-up luxembourgeoise créée il y a de cela un an. Nous proposons une solution de recyclage et de valorisation des mégots de cigarette pour les entreprises et les communes soucieuses d’avoir un impact positif au niveau de leur empreinte écologique, et pour les sociétés qui souhaitent s’inscrire dans une démarche RSE.
« Sur 2,5 tonnes de mégots de cigarettes, on récupère 1 tonne de déchets fossiles, qui sont revalorisés dans un combustible de substitution énergétique. Grâce à cela, le pétrole et le charbon sont moins sollicités pour créer de l’énergie. »
Mamedy Diawara, co-fondateur de Second Life
Comment se déroule concrètement le processus que vous avez mis en place ?
La solution Second Life repose sur 5 étapes :
- Un diagnostic des zones que les fumeurs ont pris l’habitude de fréquenter.
- Installation des cendriers. Nous avons trois types de cendriers, tous pensés pour s’intégrer de manière esthétique dans leur environnement. Nous avons une gamme florale, une gamme murale et une gamme personnalisable aux couleurs de l’entreprise ou de la commune, par exemple. Ils sont fabriqués en acier inoxydable par Metal-Line, à Michelau dans le nord du pays, à partir de minimum 60% d’acier recyclé.
- Ensuite, la collecte responsable, faite par nos soins. Elle se fait en véhicule électrique, ce qui convient très bien au Luxembourg, qui est un pays compact. Cela nous permet de réduire l’impact carbone de notre activité.
- Les mégots de cigarettes sont acheminés chez notre partenaire de valorisation, la société Lamesch. Le mégot va être mélangé à des huiles moteur, des huiles hydrocarbures et des textiles souillés pour obtenir un combustible de substitution énergétique. Ce combustible sera proposé à de grosses usines énergivores, telles que des cimenteries.
- Tous les six mois, on réalise un reporting reprenant le nombre de mégots collectés, le nombre de kilowattheures qu’ils ont générés, le nombre de mètres cubes d’eau épargnés – parce que ce sont des mégots qu’on ne retrouvera pas au sol ni dans les nappes phréatiques.

Comment garantissez-vous la traçabilité et la transparence dans votre démarche ?
Afin de garantir notre traçabilité et notre transparence, nous nous sommes rapprochés de Terra Matters pour mettre en place un Product Circularity Data Sheet, une fiche de données circulaires de notre produit. Ce document est standardisé selon la norme internationale ISO 59040, qui a été initiée au Luxembourg par le ministère de l’Économie.
Concernant la transformation des mégots, nous avons été audités par le cabinet Énergie et Environnement, avec la société Lamesch qui s’occupe du processus.
Il faut savoir que nos mégots sont utilisés dans un rayon maximum de 250 km autour du Luxembourg. Nous travaillons avec des partenaires locaux pour soutenir l’économie locale. Nous intervenons aussi en France, mais avec un partenaire de valorisation français. Il était hors de question pour nous de transporter des déchets d’un pays à l’autre.
Enfin, sur le plan social, nous avons recruté un réfugié politique vénézuélien en tant que technicien, dans une démarche de réinsertion professionnelle. Pour nous, cet aspect humain est tout aussi important que l’environnemental.
Marie-Astrid Heyde, sur base de l’intervention de Mamedy Diawara à l’événement « Économie circulaire : innovations et perspectives pour le secteur de la construction », organisé par la commune de Wiltz, le Circular Innovation Hub et In4Green.