Le friendly building, ou la tech au service des usagers des bâtiments

Le friendly building, ou la tech au service des usagers des bâtiments

Lorsque la technologie est intégrée dans les bâtiments à la bonne dose et à bon escient, elle se met au service du confort et de la santé des utilisateurs. Interview de Francis Schwall, directeur de Neobuild.

En quoi la technologie peut-elle servir les usagers dans les bâtiments ?

Elle leur apporte une série de services associés à une récolte de données. Lorsque l’on se trouve dans un bâtiment, il y a des choses invisibles, intangibles qui, pourtant, ont un effet sur notre bien-être. C’est le cas, par exemple, de la qualité de l’air intérieur. La technologie permet d’accéder à ce type d’information de manière simple et visuelle. Je citerai l’exemple de Foobot, un petit appareil qui indique le niveau de qualité d’air avec une couleur : bleu, l’air est sain, rouge, il est pollué. Lorsque c’est rouge, il suffit d’ouvrir la fenêtre quelques minutes pour sentir directement sa concentration augmenter.

Cela peut-il et doit-il être automatisé ?

C’est la grande question ! Le problème quand il y a trop de données qui sont des conditions d’action, c’est qu’on ne sait plus quelle est la condition prioritaire : est-ce la consommation énergétique que l’on veut limiter ou l’air frais que l’on veut faire entrer ? La première question à se poser est : l’usager ne peut-il pas décider facilement, grâce à une information comme la couleur, de faire une petite action, comme ouvrir la fenêtre ?

La technologie doit-elle se substituer au jugement humain ou doit-on, en tant qu’usager, garder la main sur les différentes actions à appliquer ?

La question est plutôt de savoir quel usage on définit grâce à la technologie. Choisir de tout automatiser, plutôt que de sensibiliser l’usager pour le rendre acteur, est une question de coût évidemment car il faut payer, programmer, maintenir et faire évoluer les automates, mais le risque est aussi de retomber dans le travers qu’on a essayé de solutionner qui est de se rendre compte des choses.

Où en est-on en matière d’implémentation des technologies dans les bâtiments d’aujourd’hui ?

On en est encore au début en termes de quantité de bâtiments qui pourraient être équipés et en bénéficier. Par contre, la technologie est bien développée. La difficulté est de la traduire en un usage simple et efficace pour amener une action positive pour le bien-être. L’usager standard, un enfant de 10 ans, doit la comprendre. On pourrait, par exemple, imaginer installer Foobot dans une salle de classe et attribuer comme tâche à un élève de réagir en ouvrant la fenêtre dès qu’il voit que le système passe au rouge. Certaines parties doivent cependant rester automatisées. C’est le cas du chauffage.

Qu’est-ce qui est en cours de développement ?

C’est l’intelligence artificielle. Elle va s’imbriquer dans les systèmes très automatisés. Dans la partie chauffage, par exemple, elle peut comparer ce mois d’octobre avec celui de l’année précédente, comprendre que les 20 élèves présents dans la classe génèrent de la chaleur et, à partir de là, équilibrer la puissance de chauffe. Elle est capable d’intégrer les habitudes des occupants et l’influence de l’utilisation sur le système.

À l’échelle plus large du quartier ou de la ville, qu’est-ce que la technologie a à apporter ?

Elle permet d’éviter le gaspillage de ressources au sens large et de favoriser le partage. Aujourd’hui, cela concerne principalement la mobilité, mais aussi le débit d’égouttage, l’anticipation des crues, la détection des fuites, etc. Elle permet également d’intervenir au bon endroit, au bon moment, par exemple : ne ramasser les poubelles que quand elles sont remplies aux ¾.

Mélanie Trélat
Article tiré du dossier du mois Infogreen « La technologie au cœur »

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Publié le jeudi 5 mars 2020
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