Le chauffagiste devenu gestionnaire des ressources
Le métier de chauffagiste a énormément évolué au cours des dernières décennies, notamment pour répondre aux exigences environnementales et éviter l’épuisement des ressources. En découle une multitude d’innovations dont on aurait tort de se passer, mais auxquelles il est préférable de s’intéresser avec le soutien des bons experts.
La rénovation énergétique est un sujet fort médiatisé au Luxembourg, notamment en raison des subsides proposés par le gouvernement et certaines communes. Les propriétaires et gérants sont encouragés à installer pompes à chaleur et panneaux photovoltaïques, pour un mix énergétique plus durable.
Ces subsides ont engendré leur lot de revers, notamment l’arrivée d’entreprises qui se sont improvisées expertes en rénovation énergétique mais qui effectuent un travail peu scrupuleux, selon Mario Marques, gérant de Marques Confort. Le spécialiste du chauffage s’inquiète des conséquences à long terme pour ces toitures qui n’ont pas été contrôlées avant qu’y soient posés des panneaux ou pour des installations de pompes à chaleur qui ne répondent pas aux attentes réelles des habitants.
Suivre les évolutions technologiques
L’entreprise, présente depuis 2002 au Luxembourg, totalise une dizaine de milliers de clients. « Beaucoup ont des installations de chauffage anciennes. Nous leur proposons de réaliser une étude énergétique dans laquelle nous prenons divers paramètres en compte, tels que l’âge et le volume de la maison, l’historique de consommation, les éventuelles déperditions énergétiques, etc. Un premier devis est défini sur base de cette visite initiale. »
Pour le photovoltaïque, c’est grâce à un drone, piloté par un professionnel agréé, que les dimensions du toit sont mesurées précisément. Des clichés en haute résolution sont obtenus et transmis au couvreur, qui visitera l’installation en cas de besoin. La technologie est donc employée en appui des experts du bureau d’études.
L’entreprise de Sprinkange rassemble plus de 120 collaborateurs pour répondre de la manière la plus complète possible aux demandes de ses clients. Et elle accorde énormément d’importance à l’évolution de l’offre du marché. Mario Marques : « Les installations se sont techniquement développées pour arriver à de meilleurs rendements, consommer moins d’énergie et répondre aux exigences environnementales. Nous sommes toujours restés à l’avant-garde des innovations des grandes marques européennes telles que Buderus, Viessmann, Weishaupt et Nibe ».
Produire de l’énergie, et la piloter
Après avoir testé différentes marques internationales de panneaux photovoltaïques, le gérant a choisi de ne garder que les meilleures, et les plus locales – Solarcells (Luxembourg) et Soluxtec (Allemagne). Mais ce qui lui tient surtout à cœur, c’est de piloter cette énergie produite pour en optimiser l’auto-consommation.
« Revendre l’énergie produite en journée au réseau pour la racheter plus cher en soirée, cela n’a pas de sens. »
Mario Marques, gérant de Marques Confort
Pour faire le meilleur usage possible de cette énergie, il a choisi de travailler avec les onduleurs Aunilec – marque française qui produit à Thionville et est à l’origine spécialisée dans les systèmes de secours pour les hôpitaux. « Par rapport aux micro-onduleurs, l’onduleur hybride va offrir beaucoup plus de flexibilité dans le pilotage. Notamment un système de blackout qui permet de garder un circuit fermé entre l’onduleur et les batteries pour assurer un apport électrique même lors d’une panne sur le réseau. »
« Aunilec travaille avec des batteries de 5 kw sur 10.000 cycles, là où d’autres grandes marques se limitent à 6.000. » À titre informatif, un cycle signifie un chargement et déchargement complet de la batterie. De telles installations sont prévues pour durer plus de 25 ans.
Grâce à une application, l’utilisateur a une vue sur sa production et sa consommation.
Pour se convaincre de l’utilité des batteries, un outil de simulation est disponible sur le site : « On remarque qu’en ajoutant une ou deux batterie(s), on augmente considérablement l’autoconsommation et l’indépendance vis-à-vis du réseau. À un moment, ce pourcentage plafonne ; il faut calculer l’installation la plus rentable. »
M. Marques recommande, pour une optimisation de son installation, de coupler panneaux photovoltaïques et pompe à chaleur, ainsi la production d’énergie des panneaux servira également au chauffage de la maison et à la production d’eau chaude sanitaire.
Filtrer l’eau de pluie pour la consommer sans restriction
Même si 2024 ne s’annonce pas comme une année de grande sécheresse dans nos régions, la problématique de l’eau n’est pas moins réelle. Cette ressource vitale se raréfie et intéresse les esprits innovants. « Nous avons rencontré, en 2023 à la foire ISH de Francfort, une société allemande qui parvient depuis déjà plusieurs années à traiter les eaux de pluie et de rivière pour les rendre potables, à très grande échelle, entre autres dans les pays d’Afrique. » Elle emploie pour cela des charbons actifs ainsi que des procédés de reminéralisation et d’ajout de nutriments.
« En discutant avec eux du potentiel pour le traitement des eaux de pluies au niveau des maisons individuelles ou bi-familiales ici au Luxembourg, ils ont réussi à miniaturiser ce procédé. Sur 1 m2 au sol, leur machine parvient à traiter l’eau pluviale pour la rendre potable et dès lors l’utiliser pour tous les besoins du ménage, et pas uniquement pour le lave-linge ou l’arrosage. Nous testerons cette technologie en 2025 avec un architecte luxembourgeois. Nous nous attendons à ce que ce produit soit sur le marché d’ici 1 an ou 2. Les solutions alternatives sont le futur. »
Marie-Astrid Heyde
Portraits : Fanny Krackenberger
Article tiré du dossier du mois « Innov’action »