La reforestation, au-delà du reboisement

La reforestation, au-delà du reboisement

Etika et ASTM soutiennent notamment des programmes au Costa Rica et au Togo. De véritables entreprises durables pour une restauration d’écosystèmes et une préservation de territoires avec les populations locales.

Le reboisement et la reforestation, ce n’est pas la même chose car les enjeux sont différents… Pour schématiser, le reboisement, c’est « repiquer » des plants d’arbres sur un terrain qui a été déboisé. C’est une opération de restauration ou de création de zones boisées. La main de l’homme peut viser à replanter pour reconstituer un couvert végétal ou pour reconstituer des stocks de bois, ou encore pour stabiliser des sols érodés par des activités de culture ou d’élevage plus intensifs. Souvent, la déforestation est économique : pour faire de la place à d’autres activités, agricoles ou industrielles, ou pour assurer du bois de consommation (bois de chauffe, charbon de bois, essences destinées à la construction, au bardage, etc…)

« Avec le reboisement, on est aussi dans une logique plus économique », commente Ekkehart Schmidt, représentant d’Etika. « Reboiser vise principalement une utilisation rentable des zones précédemment dégradées et cela correspond souvent à des besoins à court terme. Avec la reforestation, on vise à restaurer la forêt primaire détruite, le plus naturellement possible, tout en tenant compte des besoins des populations locales, qui sont impliquées dans le processus ». La notion de reforestation laisse supposer un objectif plus ambitieux en termes de surface et de qualité écologique ou paysagère. Il s’agit généralement de recréer un écosystème de type forestier sur une superficie significative.

Rainforest.lu au Costa Rica

Etika, depuis le Luxembourg, soutient notamment un programme majeur de reforestation.

Financée par des dons, l’association rainforest.lu effectue depuis 2013 un reboisement avec des espèces d’arbres indigènes sur des zones sélectionnées au Costa Rica et l’accompagne scientifiquement. Le groupe luxembourgeois s’est appuyé sur ses homologues « Rainforest of the Austrians » emmenés par le Dr. Anton Weissenhofer de l’Université de Vienne. Ce botaniste tropical travaille au Costa Rica depuis 20 ans et dirige la station tropicale du corridor biologique La Gamba.

L’association rainforest.lu collabore avec les Autrichiens dans ce programme de préservation de la forêt tropicale, avec la population locale, impliquée dans les projets par la formation et l’information.

Le projet a été initialement soutenu financièrement par le ministère du Développement Durable et des Infrastructures. Etika et la Spuërkeess ont assuré des prêts relais conséquents.

Le programme vise le long terme, pour contrer la déforestation massive des dernières décennies. Guidée par la mise en place industrielle de vastes monocultures pour la production de biens d’exportation (bananes, huile de palme, ananas…) et le développement de grands pâturages pour la production de viande, elle a aussi entraîné la destruction des habitats primaires et une fragmentation importante des forêts restantes. Le programme austro-luxembourgeois s’inscrit dans le cadre d’une reforestation réellement durable et sérieusement supervisée. L’aide financière venue du Luxembourg est principalement utilisée pour l’achat de terres agricoles, en particulier des plantations d’huile de palme, que les activités du projet permettront de retransformer en forêt tropicale. Ainsi, la forêt primaire qui a été irrémédiablement perdue reçoit une seconde chance, une forêt secondaire en remplacement.

ASTM au Togo

Un projet similaire est mené au Togo. Également soutenu par la coopération luxembourgeoise, ce projet de reboisement démarré en 2018 est porté par ASTM qui le met en œuvre dans deux régions avec son partenaire local, Inades Formation Togo.

Dans ce projet aussi, la valeur ajoutée s’appuie sur la participation active de la population locale.

Pendant des années, les programmes de formation d’Inades se sont concentrés sur les méthodes d’utilisation durable des ressources naturelles et les pratiques agroécologiques pour renforcer la résilience d’une population rurale dont les moyens de subsistance sont affectés par le changement climatique. Les formations visent notamment à responsabiliser la population féminine, et ainsi à renforcer les familles, partenaires du projet local.

Alain Ducat avec Etika
Photos : rainforest.lu / ASTM / Inades Togo
Article paru dans le dossier du mois « Arborescence »

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Publié le mardi 1er mars 2022
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