L'Homme ne peut bien vivre que dans un environnement sain

L’Homme ne peut bien vivre que dans un environnement sain

Pour Carole Dieschbourg, ministre de l’Environnement, il existe un lien entre les matériaux de construction exhalant des substances chimiques nocives, la santé des usagers et l’économie circulaire. Les produits toxiques doivent d’ores et déjà être écartés pour éviter des répercussions négatives sur plusieurs générations s’ils sont réutilisés dans le cadre d’un modèle d’économie circulaire.

Quelle importance accordez-vous aux aspects liés à la santé dans la durabilité au sens large ?

Quand on parle de durabilité, on parle d’un environnement sain pour l’Homme et pour les animaux, d’un développement économique qui ne nuise pas à la nature et d’une organisation sociale équitable. Le bien-être et la santé de l’Homme et de la planète font donc partie intégrante d’un développement durable ; ils en sont un des piliers.
L’Homme ne doit pas subir d’émissions nocives à l’intérieur des bâtiments où il passe 90 % de son temps, ce qui implique d’utiliser des matériaux de construction sains. Il doit également vivre dans des espaces urbains où l’air n’est pas pollué, ce qui implique de planifier les villes en conséquence.

Les matériaux, auxquels la qualité de l’air intérieur est liée, constituent un élément important au niveau économique, parce que leur traitement au moment de la déconstruction coûte cher, surtout s’ils sont polluants.

Nous voulons aller dans la direction d’une économie circulaire. C’est pourquoi, ensemble avec nos collègues européens, nous sommes en train de déterminer les matériaux qui peuvent être réutilisés et rester dans un circuit fermé. Si on veut passer d’un modèle linéaire à un modèle circulaire, plus efficient dans l’utilisation des ressources, il faut penser santé et écarter les substances dont la toxicité pourrait avoir des répercussions sur plusieurs générations. C’est un volet qui nous préoccupe beaucoup et sur lequel nous avons beaucoup travaillé pendant les années passées avec nos administrations et avec le ministère de l’Économie, dans le cadre du processus de 3e révolution industrielle, au sein des groupes de travail Économie circulaire et Construction durable.

« Bon pour les personnes = bon pour l’environnement ». Cette équation est-elle juste selon vous ?

L’Homme fait partie de la vie sur la planète et des 72 espèces de mammifères qui cohabitent au Luxembourg. Ce qui signifie qu’en protégeant l’environnement, on protège aussi l’Homme, mais aussi que ce qui est bon pour l’Homme l’est aussi pour la nature. Réduire les biocides dans la construction, par exemple, a un double impact positif. Je crois que la séparation que l’on introduit parfois entre l’Homme et l’environnement ne reflète pas la réalité qui est que l’Homme ne peut bien vivre que dans un environnement sain qui est aussi favorable à la faune et à la flore.

De quelle manière le gouvernement soutient-il le déploiement de bâtiments sains, thématique qui arrive doucement à maturité et qui suscite de plus en plus d’intérêt même si l’ampleur en est encore peu connue ?

Sur le plan politique, nous proposons des mesures spécifiques et agissons à tous les niveaux : mondial, européen, mais aussi national. Nous avons, ensemble avec le ministère du Logement, établi la certification de durabilité des bâtiments LENOZ qui intègre des aspects de santé. De plus, lors du retravail que nous avons effectué sur les critères de la Prime House, nous avons beaucoup discuté avec les acteurs présents sur le terrain et nous sommes en train d’intégrer des réflexions sur la santé dans la prochaine mouture. Enfin, nous sommes en train de finaliser un livre vert sur la construction saine.

La santé est une problématique que nous essayons vraiment d’intégrer dans nos réflexions et sur laquelle nous souhaitons développer des partenariats avec des acteurs qui mettent des projets en pratique. Un exemple très précis et concret de collaboration avec le monde de la construction est celle que nous avons avec Neobuild qui participe au développement de nouveaux services et qui conseille les acteurs présents sur le terrain sur la façon de construire durablement.

Nous créons également des liens entre plusieurs thématiques : par exemple, la santé, la protection de l’eau et la construction, à travers un projet pilote qui allie une nouvelle vision de l’agriculture consistant à appliquer moins de pesticides, donc à sauvegarder les sols et les nappes phréatiques, tout en produisant la matière première locale servant de base à la production d’une lasure biosourcée, en l’occurrence du lin. Ceci illustre concrètement le modèle d’économie circulaire que nous voulons promouvoir.

Au niveau international, les ministres de l’Environnement travaillent sur REACH par exemple, qui est la législation sur les substances chimiques neurotoxiques, considérées comme des perturbateurs endocriniens ou potentiellement cancérigènes. La législation européenne concernant les substances chimiques est l’une des plus poussées au monde. Elle vise à protéger les citoyens contre les nuisances auxquels ils sont confrontés dans leur environnement quotidien.

Mélanie Trélat

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Publié le jeudi 30 août 2018
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