
Dudelange ouvre la voie aux tiny houses dans le tissu urbain existant
Face à la crise du logement, la Ville de Dudelange modifie sa réglementation pour accueillir les tiny houses. Ce nouveau cadre urbanistique favorise l’habitat léger, écologique et accessible, offrant une réponse innovante aux besoins croissants en logements alternatifs au Luxembourg.
Les tiny houses ont le vent en poupe. La crise du logement au Luxembourg conjuguée à la hausse des prix influent certainement sur ce nouveau type d’habitation. Selon une estimation basée sur les études du STATEC et l’Observatoire de l’Habitat en 2023, il manquerait entre 30.000 et 40.000 logements d’ici 2030.
Le STATEC, confirme cette hausse des prix. « Au dernier trimestre 2024, les prix des logements (appartements et maisons confondus) ont augmenté de 1,4% par rapport au quatrième trimestre 2023. Il s’agit de la première hausse annuelle depuis fin 2022. Les prix des logements existants ont connu une hausse de 2,4% (+3 % pour les maisons et +1,8% pour les appartements), tandis que les appartements en construction ont baissé de 2,4% par rapport au dernier trimestre 2023. »
Une harmonisation nationale
En janvier 2024, le ministère des Affaires intérieures s’est donc penché sur le sujet. Une nouvelle réglementation propre au Plan d’aménagement général a été votée afin d’harmoniser l’arrivée de ces constructions d’un genre nouveau.
Elle définit ces tiny houses comme « une habitation légère amovible ou démontable, réalisée ni en maçonnerie ni en béton, constituant une seule unité de logement et présentant une surface construite brute inférieure à 50 mètres carrés. ». Un cadre réglementaire que les communes peuvent intégrer dans leurs réglementations urbanistiques.
Selon le ministère des Affaires intérieures, « ces tiny houses peuvent être montées sur une remorque ou même ancrées au sol. Ce nouveau type d’habitation vient désormais compléter la panoplie des différentes typologies d’habitation connues jusqu’à présent. Ce mode de construction léger aspire vers une réduction des coûts tout en permettant une augmentation des densités de construction à moyen ou à long terme. Les constructions de type léger contribuent ainsi à optimiser l’utilisation du sol ».
Dudelange s’ouvre à ce nouveau marché
La Ville de Dudelange vient de s’appuyer sur ces directives, en votant à l’unanimité une série de modifications réglementaires majeures afin de permettre l’implantation d’habitations légères, sur le territoire communal.
Concrètement, cette avancée se traduit par des modifications ponctuelles du Plan d’Aménagement Général (PAG), du Plan d’Aménagement Particulier dans un quartier existant (PAP QE), ainsi que du règlement sur les bâtisses, les voies publiques et les sites. Ces adaptations ont été pensées pour offrir un cadre juridique clair, cohérent et suffisamment souple permettant à ce mode d’habitat innovant d’émerger à Dudelange.
Pour les autorités communales, « les tiny houses répondent à des besoins croissants en matière de flexibilité résidentielle, de réduction de l’empreinte écologique, mais aussi d’accessibilité économique pour certains publics ».
Les nouvelles dispositions précisent les conditions d’implantation de ces habitations légères, qu’elles soient portées par des opérateurs publics ou des particuliers. Il sera désormais possible d’en implanter :
- jusqu’à deux par parcelle sur des terrains libres situés en zone d’habitat,
- une seule par parcelle déjà construite comportant une maison unifamiliale.
Les règles fixent également les dimensions maximales, hauteurs, reculs, et autres critères urbanistiques, afin d’assurer une intégration harmonieuse au tissu bâti existant. À noter que la Ville a identifié deux parcelles dont elle est propriétaire pour réaliser des tiny houses en régie propre.
Une offre diversifiée
Ce travail de fond illustre la volonté de Dudelange d’élargir son offre résidentielle tout en accompagnant l’évolution des modes de vie. En introduisant une reconnaissance officielle de l’habitat léger dans sa réglementation, elle permet à certains publics – jeunes, seniors, personnes seules, citoyens engagés dans une démarche durable ou souhaitant expérimenter de nouvelles formes d’habitat – de concrétiser leur projet dans un cadre légal sécurisé.
Si les habitations légères ne constituent certainement pas la réponse définitive à la crise du logement, elles peuvent toutefois contribuer à créer des logements supplémentaires sur des terrains qui demeureraient autrement en friches.
Cette ouverture permet une diversité de logements qui peut avoir, de par l’augmentation de la mixité sociale, un impact positif sur la qualité de vie des communes.
Sébastien Yernaux
Photos : Licence CC