Moutons paissant près de la centrale agrivoltaïque de Junglinster

L’environnement photovoltaïque, l’opportunité de restaurer et régénérer

L’installation de panneaux photovoltaïques est une occasion à saisir pour penser un aménagement valorisé entre énergie et nature : végétalisation ou agrivoltaïsme favorisant le retour de la biodiversité, l’efficacité thermique des constructions, la rétention de l’eau dans les sols et leur revitalisation, etc. Une transition démultipliée.

Le rôle d’un système photovoltaïque ne doit plus se restreindre à sa seule production d’électricité verte. D’ailleurs, pour que son appellation « verte » repose sur une entière honnêteté, l’installation a le devoir d’apporter tous les bienfaits environnementaux qui sont à sa portée. Pour qu’il soit vert, le panneau photovoltaïque doit verdir et reverdir les alentours.

L’implantation solaire photovoltaïque est capable de jeter les bases de nouveaux écosystèmes régénérateurs

Il est nécessaire de ne plus penser la fonction d’un segment de transition de manière unilatérale, mais au contraire, comme une incitation à en améliorer plusieurs. Et le plus grand nombre possible. Dans le cas présent, la transition énergétique combine la transition environnementale, la transition agricole, la préservation des ressources et la transition alimentaire.

Les toits verts

Pour les particuliers, les administrations communales comme les entreprises, la décision d’implanter des panneaux donne la possibilité de végétaliser les bâtiments et leurs parages. Les toits biosolaires sont de plus en plus présents dans le paysage du secteur de la construction.

Dernier exemple d’envergure en date, le toit vert du futur vélodrome de Mondorf-les-Bains. La toiture de centre sportif sera recouverte de 2.500 panneaux photovoltaïques et végétalisée dans le même temps. Il est prévu que la végétation du site rejoigne celle des toitures vertes inclinées comme un prolongement naturel optimisant la gestion des eaux pluviales.

Ainsi, les aménagements organiques réduisent le ruissellement des eaux de pluies et par la même, soutiennent un meilleur stockage de la précieuse ressource. Lors des fortes intempéries, elles réduisent l’impact des inondations qui sont en constante recrudescence en Europe du Nord.

Dernier rempart thermique

Tout comme les inondations, les fortes canicules deviennent monnaie courante. Les espaces minéraux et les surfaces brutes sont des îlots de chaleur qui provoquent un effet de dôme thermique et emprisonnent la chaleur. À l’image de la planification urbaine, la planification des énergies renouvelables revue, corrigée et végétalisée luttera contre les effets des fortes températures avec les répercussions que l’on sait sur la santé.

L’écoquartier Wunne mat der Wooltz à Wiltz incarne cette nouvelle approche structurée. Les bâtiments intelligents à énergie positive seront surplombés par des panneaux photovoltaïques et l’énergie solaire sera stockée de façon intersaisonnière. Cette inventivité énergétique sera couplée à une végétalisation des toitures vacantes de panneaux, notamment pour la purification de l’air, un autre présent de la généreuse nature.

La végétalisation présente également un avantage de rentabilité. En effet, elle refroidit les panneaux grâce à l’évapotranspiration adjugeant une hausse de la performance énergétique de 3 à 5%*.

Richesse des sols, de la flore et de la faune

Pour le fournisseur d’électricité luxembourgeois Enovos, la stratégie d’implantation des énergies renouvelables s’accompagne depuis toujours d’une philosophie de restauration et de régénération environnementales.

Anouk Hilger, Head of Renewables Energies d’Enovos prend en exemple la nouvelle centrale au sol de la Commune de Bertrange. Ses équipes travaillent avec SICONA, le syndicat intercommunal pour la préservation de la nature, afin de revitaliser la biodiversité d’un terrain technique communal. Sont ainsi sélectionnées les essences d’arbres, d’arbustes et les semences de plantes sauvages les plus adaptées à la région et qui seront plantées sur un sol précédemment neutre.

L’accent sera notamment mis sur la plantation des haies qui sont bien évidemment les meilleurs refuges de la petite faune.

Anouk Hilger veut étendre ses réflexions à la nutrition et à l’enrichissement des sols. Les surfaces mises à la disposition du département des énergies renouvelables sont bien souvent des zones délaissées comme des friches industrielles, des terrains vagues, etc. Leurs sols se sont graduellement dégradés au fil du temps, de leur ancienne activité, de leur pollution ou de leur érosion. L’entreprise entend creuser le sujet pour lutter contre cet appauvrissement croissant des terres.

Donc, pour Enovos, la gestion du parc solaire est désormais réfléchie à l’aune de la biodiversité, des habitats pour les pollinisateurs, les oiseaux et l’ensemble de la faune luxembourgeoise. Mais aussi de la ferme…

Centrales agrivoltaïques

À Junglinster, Enovos a intégré le pâturage par moutons au déploiement des infrastructures photovoltaïques. Une gestion raisonnée incluant l’absence périodique des caprinés assure le développement de la végétation et le respect des floraisons à l’instar de toute bonne prairie entretenue.

De surcroît, la cohabitation des animaux, des bergers et des panneaux, transforme une agriculture intensive en agriculture extensive et accorde aux agriculteurs des revenus supplémentaires. Le système étagé est reconnu pour profiter à la culture des fruits et aux élevages de volailles ou ovins.

Toutefois, la Chambre d’Agriculture du Luxembourg met un bémol. Elle estime que l’agrivoltaïsme, agrivoltaïque ou Agri-PV ne saurait se résumer à de « simples solutions d’entretien naturel, sans objectif ou valeur ajoutée agricoles et que cela ne doit pas justifier de détourner les terres d’une exploitation agricole plus intensive. »

Enfin, la serre photovoltaïque est un autre débouché pour l’exploitation agricole ou le maraîchage. La production locale d’énergie est alors à même de contribuer à l’émergence ou le renforcement de la production locale, arboricole, viticole, voire horticole. Les cellules photovoltaïques catalysent les cellules grises.

Par Sébastien Michel
Photos d’illustration : Moutons paissant près des panneaux photovoltaïques à Junglinster - © Enovos


* Étude Cavadini – Cook : Green and cool roof choices integrated into rooftop solar energy modelling – 2021

Cet article est extrait du ➡️ dossier du mois consacré aux transitions et qui a pour titre « Embarquement immédiat »

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Publié le vendredi 5 avril 2024
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