L'électrique ne branche pas les luxembourgeois : un trou dans le budget pour éviter le trou dans la couche d'ozone ?

L’électrique ne branche pas les luxembourgeois : un trou dans le budget pour éviter le trou dans la couche d’ozone ?

Dans le domaine de l’électrique, il n’y a pas qu’en matière d’autonomie que le bât blesse : le prix des voitures, très élevé, est un puissant frein à l’investissement !

En plus du respect de l’environnement, l’un des arguments de vente d’un véhicule électrique est l’économie. A l’heure où les prix du diesel et de l’essence flambent, la voiture électrique peut se targuer de ne rien coûter ou presque grâce à la station de recharge vendue avec la voiture et installée chez soi. Au final, on branche donc sa voiture comme on branche son téléphone portable, le soir, en rentrant. Après une bonne nuit de sommeil (pour nous) et de charge (pour elle), il n’y a plus qu’à démarrer. Vous voulez quelque chose de plus simple ? De moins encombrant ? Optez pour Twizy, le quadricycle de Renault qui se branche sur une prise « grand-mère », comme Séverine Watrin, responsable marketing chez Renault Luxembourg, surnomme les prises de courant classiques. Alors, si ça ce n’est pas de l’économie ! Oui, mais…

Un avenir qui s’assombrit

Parce qu’il y a un mais, et il est de taille : le prix d’achat !

Comptez un peu plus de 15.000€ comme prix de départ pour la jolie ZOE. La Fluence ZE et le Kangoo ZE varient entre 24.000€ et 26.000€. Chez Renault, seule la Twizy reste “abordable“ avec des prix oscillants entre 6.000€ et 8.000€. Du côté des autres constructeurs, les prix sont les mêmes : entre 20.000€ et 29.000€ pour la C-Zéro de Citroën (les prix varient selon l’achat ou la location des batteries), tandis que l’on acquiert une Peugeot iOn pour 28.000€ en moyenne. Nissan tient le haut du panier avec des prix allant de 22.800€ à 28.400€. Des prix quand même relativement élevés « par rapport à une citadine similaire », admet Michel Braquet, gérant de l’Etoile Garage Citroën Luxembourg.

Jusqu’en 2013, les luxembourgeois étaient aidés par le biais de la prime E-Care distribuée par le gouvernement lors de l’achat d’un véhicule électrique. Cependant, crise oblige, la prime a été réduite depuis janvier et est amenée à disparaître. L’avenir s’assombrit donc davantage pour l’électrique. « Cette prime est une véritable aide » à la vente, confirme Séverine Watrin qui considére ce coup de pouce financier comme idéal pour le lancement de la ZOE et qui insiste sur le fait que les « mentalités doivent changer d’ici à la suppression de la prime », sinon, seuls les clients vraiment férus d’écologie investiront dans l’électrique, et encore, parmi eux, seuls ceux qui pourront se le permmetre oseront.

« L’eclectrique, sur cette base de calcul, n’a aucun avenir »

D’un autre côté, si l’électrique devient vraiment un mode de déplacement utilisé à grande échelle, il n’y a aucun doute que les stations de recharges deviendront payantes, à l’instar de la borne Total inaugurée au Luxembourg le mois dernier. A partir de ce moment, il faudra mettre au point un mode de calcul pour tarifer les “pleins d’électricité“ et encore une fois, il y a fort à parier que ce calcul se fera au détriment de l’écologie. Pour Infogreen, c’est Mario, un de nos internautes-lecteurs qui sort la calculette : « A 4€ les 10 minutes (la tarification appliquée par Total, ndlr), il faut 12€ pour recharger 80%. 80% de 160km pour une i3, cela fait 12€ les 128km donc 9,375€ les 100km… A ce prix, mieux vaut garder un diesel moins cher et dont l’autonomie sera satisfaisante et partout ». Et Mario de conclure : « Aberrant. L’électrique, sur cette base de calcul, n’a aucun avenir... Dommage ».

Heureusement, les constructeurs, eux, sont plus optimistes. Nissan voit en l’électrique « un marché très prometteur » qui a, certes, « du mal à s’amorcer mais qui devrait décoller sous peu », notamment grâce au nouveau modèle de la Leaf. Le géant BMW, lui, imagine déjà révolutionner le monde de l’électrique grâce à l’i3, sa premiére citadine toute électrique. Avec un prix de base avoisinant les 35.000€, nous, on a quand même quelques doutes !

Retrouvez ici les autres articles de la série L’électrique ne branche pas les luxembourgeois : trop ou pas assez borné ? et Le contexte grand-ducal .

Photo ©Florie Colarelli

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Publié le lundi 5 août 2013
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