L'autopartage, outil territorial

L’autopartage, outil territorial

François Bausch mise sur le carsharing, un service pour les entreprises et les ménages, pour l’amélioration de la qualité de vie, voire une contribution à la création de logements abordables.

Le Vice-Premier ministre et ministre de la Mobilité et des Travaux publics, François Bausch, croit au carsharing, une façon d’améliorer l’existant en matière de mobilité, mais aussi de contribuer à l’aménagement du territoire.

Une stratégie se met en place. Et elle s’inspire de ce qui se fait ailleurs.

Pour que tous les acteurs (communes, employeurs, prestataires de services de mobilité, promoteurs, architectes, urbanistes, etc.) puissent profiter des meilleures pratiques, le ministère de la Mobilité et des Travaux publics (MTTP) a chargé une équipe d’experts internationaux d’analyser à la fois l’offre actuelle et la demande potentielle au Luxembourg. Les recommandations concrètes sont désormais sur la table.

Réduction des coûts et répartition des espaces

Le carsharing, ou autopartage, permet à des particuliers de réserver, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, un véhicule (voiture, camionnette, etc.) pour une période courte et de le libérer ensuite pour le client suivant. Précision utile : l’autopartage n’est pas à confondre avec le covoiturage (ou « carpooling »), qui désigne l’utilisation simultanée, par plusieurs personnes, d’un véhicule privé.

« Alors que l’effet premier du covoiturage est de réduire le nombre de véhicules en mouvement, notamment aux heures de pointe, l’effet premier de l’autopartage est de réduire le nombre de voitures en stationnement, notamment dans les quartiers résidentiels », précise le ministère.

Pour François Bausch, il y a au moins trois raisons pour lesquelles une offre de « carsharing » de qualité devrait intéresser, notamment, les communes et les employeurs au Luxembourg. « Un ménage ou une entreprise dont la voiture – ou l’une des voitures – n’est que très peu utilisée, peut faire des économies substantielles en remplaçant ce véhicule privé par le recours à un tel service ».

Il ressort aussi des analyses que le remplacement de plusieurs voitures particulières (jusqu’à 12, selon le contexte) par une seule voiture partagée, en réduisant le besoin de places de stationnement, permet de libérer du foncier public ou privé pour d’autres usages. Dans le même ordre d’idées, et en extrapolant un peu, « si une commune validait un projet immobilier d’envergure créant moins de places de stationnement, souvent souterraines et chères à construire, sous condition que le projet soit équipé d’une station de carsharing, le prix des logements pourrait en être réduit d’autant, et ce sans impact négatif sur les options de mobilité des futurs résidents ». Une piste de réflexion dans un pays où le mètre carré est rare et cher et où le logement abordable manque.

Créer le bon cadre

L’équipe d’experts dirigée par Arnd Bätzner de Mobility Carsharing (Suisse) a élaboré des recommandations différenciées pour les communes à caractère urbain ou à caractère rural, ou encore pour des employeurs individuels ou regroupés dans une même zone d’activités. L’accent a été mis sur l’importance d’un service particulièrement facile et intuitif pour le client.

Il en découle un modèle préférentiel, soit pour un prestataire unique sous concession publique par exemple, soit pour une interopérabilité à rendre parfaite entre plusieurs prestataires.

Les experts soulignent aussi le besoin d’un cadre juridique ad hoc, permettant notamment à une commune de réserver une place de stationnement dans l’espace public à un prestataire de carsharing privé, sélectionné à la suite d’une soumission publique. Les équipes du ministère préparent déjà les textes législatifs en ce sens.

François Bausch, enthousiaste, conclut : « Voilà un outil qui peut à la fois alléger les dépenses des ménages en matière de mobilité, contribuer à la création de logements plus abordables et libérer de l’espace public pour des usages qui servent la qualité de vie dans les quartiers. » Un outil pour l’aménagement du territoire et ce que l’on veut en faire d’ici quelques années.

Alain Ducat
Photos/Illustrations : MTTP

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Publié le vendredi 18 mars 2022
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