Entre les rayons, un effet d'échelle

Entre les rayons, un effet d’échelle

Naturata fait mieux que surfer sur une vague bio, que l’enseigne a largement contribué à alimenter au Luxembourg. Mais le marché du pays a ses limites, la production et la transformation aussi. Alors il faut s’adapter sans cesse à cet effet d’échelle et, en même temps, à la demande d’une clientèle exigeante, de plus en plus dense.

En 2019, pour ses 30 ans, Naturata Luxembourg a fait une entrée remarquée dans le Global Customer Experience Excellence Report de KPMG. Selon le baromètre des six piliers de l’expérience client, mesurés par la firme et un sondage TNS-Ilres, le réseau de distribution bio luxembourgeois est dans le Top 10 des entreprises du pays tous secteurs confondus. Et cette 8e place le place en tête pour le secteur de l’alimentation au détail.

Vitrine du groupe Oikopolis, Naturata compte une dizaine d’implantations. L’enseigne capitalise sur ses valeurs mais n’entend pas s’endormir sur ses lauriers. « Il faut s’adapter sans cesse », observe Peter Altmayer, le jeune co-administrateur-gérant de Naturata Luxembourg.

Production – transformation - demande

Premier écueil, la production locale. Fin 2018, les 5 800 ha exploités en agriculture bio représentaient 4,2 % de la surface agricole utile (5,5 % des exploitations agricoles). On sait que le nouveau plan national veut doper l’agriculture bio, pour la faire atteindre 20 % en 2025

Selon le rapport international The World of Organic Agriculture – Statistics & Emerging Trends 2019 – le Luxembourg est 4e en Europe sur le plan de la consommation par habitant, derrière la Suisse, le Danemark et la Suède. Avec un marché de détail annuel du bio s’élevant à quelque 125 millions d’euros, soit environ… 200 euros par personne. Peter Altmayer y voit un reflet des habitudes de consommation d’une population de plus en plus nombreuse et cosmopolite.

Mais le décalage persiste : la production locale ne suit pas la demande. « Et il y a aussi un manque dans la transformation et la valorisation des produits ». Dès lors, la plupart de l’alimentaire bio vient de l’étranger… et bénéficie surtout aux grandes et moyennes surfaces. Naturata, avec son réseau, sa philosophie et ses quelque 8 000 références, parvient à dégager environ un tiers des parts du marché bio luxembourgeois.

L’effet d’échelle joue dans les deux sens. « 85 % du lait conventionnel produit au Luxembourg va à l’étranger ». Le groupe OIKOPOLIS et la coopérative historique BIOG se sont appuyés sur un partenariat avec Luxlait pendant 15 ans, avant de créer leur propre laiterie BIOG-Molkerei…

OIKOPOLIS, sous la houlette de BIOG, s’est avancé vers les différentes gammes de la production alimentaire, notamment en créant dès 2012 un atelier de production 4e et 5e gammes (salades, crudités, légumes épluchés, conditionnés ; produits agricoles cuits sous vide, stérilisés, prêts à l’emploi…) chez BIOGROS, le grossiste du groupe. Les rayons sont aussi alimentés, entre autres, par les produits estampillés BIOG ou issus des filiales et porteuses de participations du groupe OIKOPOLIS, comme les œufs Bio-Ovo ou les pains et pâtisseries d’Oiko-Bakhaus (devenu BAKHAUS – lire aussi par ailleurs).

Labels et étiquettes pour ne pas tout mélanger

Une chose est sûre, le bio est certifié du début à la fin. « Les aliments bio sont les plus surveillés. Les normes des labels privés vont plus loin que la législation européenne. Et les labels font l’objet de toutes les attentions, tout cela est solidement contrôlé, inspecté sur le terrain. Souvent, l’agriculteur ou/et le transformateur est membre d’une association, comme Demeter, Bioland ou Vereenegung fir Bio-Landwirtschaft Lëtzebuerg, qui octroie par ailleurs le label de qualité luxembourgeois Bio LËTZEBUERG. Il est alors contrôlé sur des points supplémentaires, qui vont au-delà des normes écologiques de l’Union européenne. Bien sûr, les entreprises bio passent également les contrôles alimentaires et sanitaires ainsi que les contrôles qualité standard ».

Attention donc aux pièges du marketing et priorité au décodage des étiquettes ! On en revient alors au consommateur, qui s’est un peu dispersé. Peter Altmayer sourit : « Il ne faut pas confondre effectivement. Le bio peut-être vegan, l’inverse n’est pas nécessairement vrai… Auparavant, le substitut de fromage était stigmatisé comme un produit conventionnel, aux ingrédients artificiels. Désormais, avec de vrais composants bio, la même catégorie de produit respecte les critères du bio. En règle générale, il ne faut pas tout mélanger : bio, local, végétarien, végétalien, fairtrade, que sais-je… Des modes et des habitudes apparaissent. C’est respectable, en tant que philosophie de consommation. Cela doit rester un choix éclairé, dans un circuit transparent de la production à la distribution. Nous le faisons avec le bio, c’est notre métier ».

Alain Ducat
Photos Oikopolis
Partenaire Infogreen, Naturata

Article tiré du dossier du mois « Consom’acteurs, Holmes ? Alimentaire, mon cher Watson ! »

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Publié le vendredi 1er mai 2020
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