En 2050, tous les bâtiments seront nearly zero energy

En 2050, tous les bâtiments seront nearly zero energy

C’est entériné : à partir de 2021, toutes les nouvelles constructions seront à consommation quasi nulle en Europe. La prochaine étape concerne la rénovation des bâtiments existants. Qu’elle soit flambant neuve ou vieille de plusieurs décennies, la maison de demain ne consommera pas d’énergie ! Rencontre avec l’initiateur de l’actuelle directive européenne sur l’efficacité énergétique des bâtiments, l’eurodéputé Claude Turmes.

« 45 % de l’énergie consommée est liée aux bâtiments. Il n’y a donc aucun espoir de faire avancer les choses sur le plan du changement climatique si on ne bouge pas dans le bon sens au niveau des bâtiments », annonce Claude Turmes, l’eurodéputé luxembourgeois à l’origine de la directive sur l’efficacité énergétique et un acteur majeur de la directive sur la performance énergétique des bâtiments selon laquelle tous les bâtiments construits en Europe à partir de 2021 doivent être nearly zero energy.
Sur ce point, dont il se dit très fier, il reste également humble : « la politique est bonne quand elle écoute ce qui se dit dans la société. La responsabilité politique, c’est reconnaître les problèmes comme le changement climatique et tracer une orientation vers laquelle on veut aller. Je n’ai fait que transformer l’essai lancé par le Dr. Wolfgang Feist du Passivhaus Institut en 1996, lorsqu’il a inauguré la 1re maison passive d’Europe à Darmstadt. Pour l’anecdote, lors de la fête des 20 ans du Passivhaus Institut à laquelle j’étais invité, 1.100 personnes étaient présentes, parmi lesquelles 300 Chinois. On peut donc dire que le Dr. Feist et son équipe du Passivhaus Institut ont fait plus pour le changement climatique que n’importe quel politique européen en exportant le concept des maisons zéro énergie et énergie + non seulement en Asie, mais aussi en Amérique et au Maghreb ». Rappelons à ce propos que, dans le cadre de la COP22 à Marrakech, une antenne marocaine du Passivhaus Institut sera inaugurée.

Vingt ans après la construction de la 1re maison passive qui sera le standard dès 2017 au Luxembourg, l’objectif de l’Union européenne est que l’ensemble du bâti atteigne le standard nearly zero energy d’ici 2050, bâtiments neufs et existants compris. Au vu de la durée de vie moyenne d’un immeuble, on estime que les 2/3 des bâtiments de 2050 sont déjà construits aujourd’hui. Ce qui signifie que se doter d’un parc de bâtiments neufs passifs offre certes un certain potentiel, mais que cela ne peut suffire à endiguer la surconsommation énergétique.

« Pour remplir nos objectifs, il faudrait atteindre un taux de rénovation de 3 % des bâtiments par an en Europe. Or, nous ne sommes entre 1,2 et 1,4 % », constate encore Claude Turmes. C’est pourquoi il se bat pour des budgets soient débloqués sur deux points cruciaux à son sens : la communication et la logistique. La solution, selon lui, n’est pas tant de légiférer ou de subventionner que de convaincre les gens de rénover davantage. Cela passe par le fait de leur faire entendre le message que rénover est synonyme de confort, mais aussi et surtout par le fait de trouver des solutions innovantes pour rendre les travaux rénovation moins contraignants. Et pour cela, il faut, explique-t-il « s’investir davantage dans un dialogue avec les chercheurs, les industriels et les artisans pour mieux comprendre où des gains peuvent être réalisés sur le plan logistique. L’innovation est également nécessaire pour rendre la rénovation durable grâce à des matériaux de qualité qui peuvent être recyclés. Qu’il s’agisse de nouveaux bâtiments ou de rénovation, l’immeuble du futur sera déconstruit à la fin de sa vie, et non plus démoli. Le lien avec l’économie circulaire est ici évident ».

Pour démontrer l’intérêt des synergies entre l’industrie, les constructeurs, la recherche mais aussi le secteur public, Claude Turmes s’appuie sur l’exemple du projet EnergySprong lancé il y a 6 ans aux Pays-Bas, projet qui vise la réhabilitation de plus de 11.000 logements sociaux. « Le pays a débloqué plusieurs millions d’euros pour développer un concept de préfabrication basée sur du design 3D. Ce concept permet de transformer en quelques jours seulement une passoire énergétique en une maison nearly zero energy sans déloger les habitants et ce, en posant directement une nouvelle toiture avec panneaux solaires intégrés sur l’ancienne toiture au moyen d’une grue, en venant plaquer des panneaux isolants dans lesquels les nouvelles menuiseries sont déjà installées sur les façades existantes et en changeant la cuisine ou la salle de bain », précise l’eurodéputé. L’idée est donc de mettre en place une sorte de bouclier tout autour de la maison. Le coût est estimé à 70.000 euros par maison pour les 1.000 premières maisons et il devrait baisser proportionnellement à l’augmentation du nombre de maisons ainsi rénovées.

Photo : Claude Turmes - source : Jwh at Wikipedia Luxembourg

Mélanie Trélat

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Publié le lundi 17 octobre 2016
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