De nouvelles techniques pour faire face aux enjeux climatiques

De nouvelles techniques pour faire face aux enjeux climatiques

Le Luxembourg City Incubator abrite la start-up WEO. Fondée il y a tout juste un an par deux doctorantes de la Vrije Universiteit Brussel, la jeune entreprise utilise l’intelligence artificielle et les données en open source pour développer des outils concrets de gestion des ressources et de l’environnement. Interview de Charlotte Wirion et Imeshi Weerasinghe, cofondatrices.

WEO est spécialisée dans la gestion de l’eau et de l’environnement, et adopte pour cela une approche très technologique. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Nous utilisons les techniques de l’apprentissage automatique et en profondeur (Intelligence Artificielle - IA) pour extraire de l’information valorisée d’images de télédétection. Notre spécialisation consiste à combiner des données de télédétection – tels que les satellites optiques, thermiques et de radar, en plus d’images orthophotos et LiDAR – en accès libre (open source) afin de créer une information précise, partagée et fréquemment mise à jour.

Comment WEO pourrait contribuer favorablement à la gestion des ressources pour les quartiers et villes du Luxembourg ?

Les villes du Luxembourg, comme la plupart des grandes villes dans le monde, luttent contre la menace du réchauffement climatique et plus concrètement contre l‘augmentation des températures extrêmes, de la fréquence d’inondation et la diminution de pluie en été. Pour faire face à ces défis complexes, il faut utiliser de nouvelles techniques et stratégies. La raison d’être de WEO est d’utiliser les technologies développées en laboratoires pour les appliquer au monde réel.

Par exemple, pour combattre le risque d’inondation et les températures extrêmes en même temps, les toits verts et les zones inondables sont des solutions très efficaces. Mais, comment les villes peuvent-elles favoriser l’adoption de cette stratégie innovante ? WEO peut utiliser les images de télédétection et l’apprentissage automatique pour détecter les emplacements les plus appropriés en ville pour ce genre d’installations.

De la même façon, pour identifier les îlots de chaleur urbains – qui seront de plus en plus dangereux pour les résidents sans accès à la climatisation dans le futur -, WEO crée des cartes indiquant les températures des surfaces. Les administrations peuvent s’en servir pour déterminer les interventions prioritaires, par exemple planter des arbres ou remplacer les matériaux qui aggravent la chaleur urbaine (comme l’asphalte noir) par des alternatives innovantes, telles que les trottoirs verts ou des revêtements perméables.

Pouvez-vous nous détailler un projet en cours au Luxembourg ?

Avec la crise du Covid-19, tout le monde a compris l’importance des espaces verts et des arbres en rue pour prendre l’air. Au-delà de ce rôle, les arbres contribuent à absorber les eaux pluviales pour éviter les inondations et purifient l’air – améliorant le bien-être des citoyens et l’environnement urbain. Par contre, ces arbres font face eux aussi à des conditions moins favorables en ville (plus de chaleur, moins d’eau à leur disponibilité), ce qui rend leur croissance plus difficile.

WEO - avec le soutien de la Luxembourg Space Agency (LSA) et l’Agence Spatiale Européenne (ESA) - développe actuellement une nouvelle technologie pour établir un diagnostic de santé et de croissance des arbres. Concrètement, pour ce projet nommé « Smart Urban Tree Management » et mené en partenariat avec la Ville de Luxembourg, WEO s’engage à combiner des données LiDAR et de satellites optiques pour générer des cartes à fréquence régulière (mensuelle ou saisonnière) qui indiquent la croissance et la santé des arbres plantés, et ce afin de pouvoir intervenir de façon adéquate.

Marie-Astrid Heyde
Photo principale : image LiDAR des arbres présents en ville haute
Portrait des cofondatrices : Uli Schillebeeckx

Article tiré du dossier du mois « Énergie, ville : soyons énergiphiles ! »

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Publié le vendredi 25 juin 2021
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