« Ceci n'est pas une serre… »

« Ceci n’est pas une serre… »

Quelques semaines avant l’inauguration officielle, la ministre Carole Dieschbourg est allée visiter la serre en toiture de l’IFSB à Bettembourg : FRESH est emblématique d’une nouvelle vision de la construction durable, un modèle d’économie circulaire et d’urban farming, de culture maraîchère en circuit court contribuant à la résilience alimentaire locale… Ce projet-pilote devenu tangible est aussi un modèle de partenariat public-privé alliant programme gouvernemental, investissement du secteur, soutien européen et appui d’entreprises innovantes.

Le CDEC - Conseil pour le Développement économique de la Construction – « porte bien son nom », souligne son dirigeant, Bruno Renders. « Ce projet-pilote est bel et bien concret. Il existe et il soutient une vision dans laquelle le secteur s’inscrit, qu’il porte avec des valeurs et qu’il partage avec la société, dans lequel l’innovation est au service du développement durable et de tous ses fondements ».

Le projet devenu réalité, c’est FRESH : « Il est représentatif et exemplaire, pour une nouvelle vision de la construction plus durable, plus verte et plus smart. Le lancement du projet FRESH dans cette époque de relance verte post-Covid marque une étape clé dans notre orientation vers de nouveaux modèles de production et s’intègre en outre dans une suite concrète de la stratégie urban farming », souligne la ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable, Carole Dieschbourg, venue à Bettembourg visiter, et valider, cette étonnante « serre urbaine », nichée sur le toit de l’IFSB, en connexion directe avec le restaurant d’entreprise...

Opportunités multisectorielles

D’entrée, la ministre flashe sur le nom, FRESH (g), pour Free Emissions for Sustainable Healthy Greenhouse. « C’est un projet très important, un exemple très concret, mené par et avec les acteurs de terrain. Il faut réinventer nos villes et on sait que la construction et l’innovation ont un grand rôle à jouer. C’est une solution, originale et efficace, qui démontre que les idées pour changer le modèle et se développer autrement, ce ne sont pas que des belles images ou de grands mots ».

On l’a compris, comme aime à le rappeler Bruno Renders (qui prône cette approche depuis des années), « Ceci n’est pas une serre »… c’est bien plus.

Carole Dieschbourg appuie cette vision de l’urban farming érigée en stratégie nationale, « qui présente un potentiel de développement important et des opportunités multisectorielles pour le Luxembourg touchant des aspects technologiques, économiques, environnementaux, territoriaux, agro-alimentaires ».

Ici, on est dans l’économie des ressources, l’utilisation rationnelle des surfaces disponibles (hors-sol). On est aussi dans le souci d’exigence de qualité locale et de quête de la résilience alimentaire.

Les paniers de Bettembourg…

« Il y a une vocation de production exemplaire. Plus de 20 variétés de plants vont y être cultivés, des tomates (qui comptent bien se faire un nom et une réputation sur les bonnes tables du cru), des légumes feuilles, des aromates, des fleurs comestibles… Même les végétariens vont aimer la serre FRESH », glisse malicieusement, comme un slogan productif, Bruno Renders.

Pour la main verte, le partenariat s’appuie sur Sandrine Pingeon, la maraîchère de Schuttrange (Les Paniers de Sandrine), qui trouve là un terrain de jeu idéal.

La production locale sera distribuée en circuits courts, auprès des particuliers, de grossistes, de restaurateurs, et une partie sera utilisée par le restaurant d’entreprise situé juste sous la serre. Plus court que ça…

Et c’est notamment rendu possible par une série d’innovations et d’approches technologiques, qui offrent 3 zones de culture et autant d’ambiances climatiques.

En symbiose

La symbiose public-privé est aussi matérialisée dans toute la réflexion et la mise en œuvre. ArcelorMittal a participé à la R&D pour les structures. Le verrier AGC a élaboré des panneaux révolutionnaires, testés grandeur nature (un verre sous vide monocouche, aussi efficace qu’un triple vitrage « classique »). On va donc au-delà de l’apport financier, favorisé par ailleurs par la Caisse d’Epargne et Etika, pour boucler les 50% d’investissement du privé dans ce projet à 900.000 euros, également porté par le programme européen Interreg NWE, et financé pour moitié par le Fonds climat et énergie du ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable.

Le projet est aussi est un des 4 pilotes du projet GROOF (Greenhouses to reduce CO2 on Roofs), porté par le groupe CDEC, et le premier à être opérationnel.

Novateur, intersectoriel, le projet FRESH réduit les émissions de CO2 du secteur de la construction et du secteur agricole, partage l’énergie, récupère les ressources, joue la production locale… Le monitoring démontrera au fil du temps que, sans doute, l’objectif d’une économie annuelle de 45 tonnes-équivalent de CO2, sera dépassé.

Mais FRESH, plus grande serre urbaine du pays, fait mieux qu’aligner les chiffres (380 m2 de surface au sol, 2850 m3 de volume...) : cette « serre mais pas que » aligne les objectifs de développement durable pour la planète sur ceux de l’économie locale décloisonnée pour être résiliente.

Alain Ducat

Photos : Fanny Krackenberger / MECDD

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Publié le lundi 26 juillet 2021
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