Quartier Stuff, créer SON lieu de vie idéal

Quartier Stuff, créer SON lieu de vie idéal

Peut-être avez-vous déjà aperçu le container rouge qui trône au milieu d’un ancien terrain vague du Grünewald désormais transformé en un jardin partagé ? Il s’agit du QG d’un laboratoire d’idées destiné à reconfigurer le quartier pour qu’il soit à l’image de ses usagers.

Interview de Giny Laroche, gestionnaire de quartier au Fonds pour l’urbanisation et l’aménagement du plateau de Kirchberg.

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Quelle est l’idée de départ de ce Quartier Stuff ?

L’idée est de dynamiser la vie sociale, rendre le quartier à ses usagers, faire qu’ils se l’approprient et qu’ils deviennent des acteurs responsables de son développement.

Il est prévu de développer l’offre de logements dans les années à venir dans le quartier du Grünewald, et plus largement sur tout le plateau de Kirchberg. L’objectif est de créer la meilleure qualité de vie possible en fonction des besoins propres aux usagers de chaque quartier.

Où êtes-vous êtes allés puiser l’inspiration pour développer ce modèle ?

Le concept de laboratoire d’innovation sociale existait déjà mais sous d’autres formes que celle qu’il prend ici. Nous utilisons pour notre travail des méthodes comme l’Open Innovation ou le Design Thinking, ce à quoi nous mêlons le fonctionnement d’un comité de quartier et un système de budget participatif.

La vocation d’un tel laboratoire est de trouver des solutions en réunissant des expertises diverses et variées. Nos experts sont les citoyens : chacun a un savoir-faire à apporter, des idées et un angle de vue différent à proposer. C’est pourquoi notre Quartier Stuff est ouvert à tous à partir de 6 ans.

Comment se compose le groupe que vous avez formé ?

Pour la plupart, les participants sont des gens qui habitent le quartier, mais nous avons aussi des gens qui y travaillent, des gens qui habitent dans d’autres quartiers du Kirchberg et des gens qui n’habitent pas du tout au Kirchberg mais qui sont attirés par le concept. Notre groupe comprend une trentaine de personnes, d’une dizaine de nationalités différentes, avec des professions et des expériences de vie très variées, qui apportent une grande diversité sociale et culturelle. Chacun s’investit 3 à 4 heures, 1 à 2 fois par semaine, prend sur son temps personnel, travaille dur, suivant une méthodologie qui lui permet d’apprendre beaucoup. Nous formons les participants aux techniques de manière à ce qu’ils puissent « reprendre » l’outil et en faire un laboratoire géré de manière autonome. Ce projet leur donne de la légitimité : ils ne sont pas demandeurs d’un service ou spectateurs mais acteurs de l’évolution de leur quartier. Les décisions sont toujours prises en groupe.

Comment ce travail participatif se déroule-t-il dans la pratique ?

Un comité de quartier a été créé en janvier 2016 qui a pour mission principale, mais pas exclusive, d’opérer le Quartier Stuff.

En mai, nous avons lancé un grand sondage par le biais d’une quarantaine de panneaux dispersés dans l’espace public et dans les bâtiments. Sur ces panneaux, les passants étaient invités à inscrire leurs idées pour une meilleure qualité de vie. Nous avons ainsi récolté pas moins de 1.300 suggestions en 10 jours ! Parmi celles-ci, seules une trentaine n’étaient pas pertinentes. Ces suggestions ont été réparties, selon une méthode propre au Quartier Stuff, en 6 catégories qui sont la mobilité, la jeunesse, la biodiversité, l’espace public, les services et la vie sociale. Chacune d’entre elles a ensuite été analysée sous l’angle de sa facilité d’implémentation et de son impact, des interviews, recherches et observations de terrains ont été menées, le but étant de mieux comprendre les besoins des utilisateurs du quartier dans chaque thématique.

Les prochaines étapes seront de dégager de ces travaux des solutions innovantes, de développer et de tester des prototypes. Un vote sera organisé en début d’année prochaine pour élire les projets qui seront financés par l’enveloppe budgétaire prévue à cet effet par le Fonds Kirchberg.

Quel est l’avenir de ce projet une fois que les travaux de construction programmés sur le terrain que vous occupez auront débuté ?

Ce projet durera deux ans, soit deux cycles. Il est symbolisé par un objet physique : le container rouge qui tient lieu d’espace créatif. Ce container sera ensuite déplacé dans un autre quartier dont les usagers pourront, à leur tour, créer leur laboratoire.

Une Grünewalder Stuff sera installée et ce sera aux participants de l’actuel laboratoire d’innovation sociale ainsi qu’aux habitants du quartier de décider ce qu’ils en feront : continuera-t-il à être un laboratoire d’idées ? Sera-t-il transformé en un simple lieu de rencontre et de convivialité ? Ou disparaîtra-t-il complètement ? Le prochain laboratoire, celui du Kiem, sera peut-être très similaire à celui-ci ou sera radicalement différent, tout dépend de ce que les habitants en feront.

Nous procéderons de cette manière pour tous les futurs quartiers du plateau de Kirchberg.

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Quel est le rôle du jardin collectif qui jouxte votre « QG » ?

Nous sommes installés sur une friche, un terrain vague. Véronique Bous, architecte au Fonds Kirchberg, a eu l’excellente idée d’y installer un potager éphémère en 2014, de manière à proposer aux usagers d’investir le terrain en attendant les constructions. C’était un véritable succès. Un deuxième jardin potager suivait peu après, en 2015. Entre-temps, il y a non seulement des jardins potagers, mais aussi un bac à sable, deux terrains de pétanque, des barbecues et du mobilier urbain. En plus de constituer un lieu de rencontre, cet espace nous permet de gagner en expérience et de déterminer plus précisément où se trouvent les besoins pour le futur aménagement du site.

Mélanie Trélat

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Publié le mercredi 9 novembre 2016
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