Les bâtiments prennent une dimension nouvelle

Les bâtiments prennent une dimension nouvelle

Le secteur de la construction est au cœur d’une révolution qui vise à donner aux bâtiments des fonctions que Bruno Renders, directeur du CDEC, qualifie de nobles dans le sens où elles rendent un service sociétal.
Interview.

Développement durable et construction font-ils bon ménage ?

Beaucoup d’initiatives ont déjà été prises soit de manière volontariste, soit parce que le marché induit l’adaptation des entreprises.

A titre d’exemple d’initiative volontariste, beaucoup d’entreprises pratiquent le tri sélectif et sont donc labellisées SuperDrecksKëscht, ce qui est un modèle appliqué d’économie circulaire. La construction étant un gros émetteur de déchets, cette démarche a forcément du sens.

En ce qui concerne le marché, les exigences européennes en matière de performance énergétique des bâtiments ont obligé le secteur à passer en 5 ans -de 2012 à 2017- de la maison basse énergie à la maison passive, ce qui met en évidence sa capacité à intégrer des points de vue technique et économique le développement durable.

Sur le pilier social, il y a certainement beaucoup à faire encore, notamment en matière de sécurité, mais la nécessité de former les salariés est pleinement intégrée. Les chiffres le démontrent : l’IFSB enregistre cette année une croissance à deux chiffres de sa fréquentation par rapport à l’année passée, qui était déjà une année exceptionnelle.

Par quelles actions soutenez-vous la notion d’économie circulaire ?

Nous sommes en train d’élaborer une méthodologie qui permet d’attribuer les marchés de la construction autrement qu’en ne considérant que le facteur prix, mais en tenant compte également de critères extra-financiers. Ceci afin de permettre à des entreprises qui sont circulaires par excellence, puisqu’elles emploient du personnel local ou régional et qu’elles ont un rôle à jouer dans l’économie luxembourgeoise, de faire valoir leur capacité d’innovation, leur ancrage local, leurs investissements dans la sécurité ou la formation, par exemple.

Nous le faisons aussi à travers le recours à des matériaux développés localement, derrière lesquels il y a des emplois, des cotisations sociales, de la TVA… C’est le cas dans le Neobuild Innovation Center qui met en œuvre et va permettre de faire évoluer des matériaux locaux.

La serre qui se trouve sur le toit de ce bâtiment en est également un exemple concret…

L’agriculture urbaine fait partie des fonctions nobles des bâtiments au même titre que la production et le stockage d’énergie.

Elle repose sur un constat évident : il est plus logique de manger la salade qui vient de son toit que celle qui a parcouru 500 kilomètres en camion pour arriver dans notre assiette.

La toiture est un élément qu’on néglige. Pourtant, cet espace disponible peut être valorisé économiquement. Une serre urbaine permet de récupérer et de réutiliser l’air chaud extrait des bâtiments, et d’économiser ainsi environ 50% de la chaleur nécessaire pour réchauffer une serre sur un terrain agricole, tout en ayant un rendement de 30 kg de légumes par m2. La serre a, de plus, une fonction de filtration de l’air vicié puisque les plantes absorbent le CO2 pour ne rejeter que de l’oxygène. Sans parler du fait qu’elle ajoute du végétal en ville et qu’elle génère une distribution en circuit court, avec toutes les contraintes économiques et environnementales liées au transport que cela permet d’éviter.

Le Luxembourg a l’espace et le dynamique immobilier nécessaires pour pouvoir cultiver sur ses toits 100% des légumes qu’il consomme. La serre urbaine de Neobuild et les projets d’installation de serres de plus grande taille sur d’autres toitures au Luxembourg sont là pour démontrer que c’est possible.

Mélanie Trélat

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Publié le lundi 29 août 2016
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