Le transport peut-il mettre un TERMe à son impact environnemental ?

Le transport peut-il mettre un "TERMe" à son impact environnemental ?

Analyse des principaux problèmes liés aux transports et aux pressions qu’ils exercent sur l’environnement

A la suite de la récente publication annuelle de l’AEE du Mécanisme de rapport sur les transports et l’environnement (TERM) pour 2015, et face au retentissement international du scandale actuel des émissions des véhicules, nous nous sommes entretenus avec le coordinateur du TERM de l’AEE, Alfredo Sánchez Vicente.

Qu’est-ce que TERM et pourquoi est-il important ?

TERM est une publication annuelle de l’AEE qui enquête sur le secteur des transports et rend compte de ses efforts pour réduire ses pressions sur l’environnement. Elle rassemble les dernières données sur une série de tendances environnementales qui sont essentielles afin d’évaluer les progrès vers les objectifs et permettent aux responsables politiques de mesurer le succès de leurs politiques.

De plus, TERM suit les progrès faits afin d’atteindre les objectifs du  livre blanc de 2011 sur les transports de l’UE et d’autres politiques et règlements liés aux transports et à l’environnement, tout en se concentrant chaque année sur un thème particulier, par exemple les transports urbains ou la qualité de l’air.

TERM a été lancé en 2000, premier rapport d’une série régulière, aujourd’hui largement diffusé parmi les pays membres de l’AEE .

Selon le dernier rapport, quels sont les principaux problèmes concernant les transports et les pressions qu’ils exercent sur l’environnement ?

Nos évaluations montrent que les transports continuent d’exercer une pression significative sur l’environnement, et finalement sur la santé humaine, au travers de la pollution atmosphérique, du changement climatique et du bruit, notamment. Les pressions environnementales exercées par le secteur des transports dépendent de trois facteurs principaux : le nombre et la longueur des déplacements, les modes de transport utilisés, certains étant plus respectueux de l’environnement que d’autres, et la technologique utilisée par chaque mode de transport. Pour traiter ces questions, le rapport examine les efforts consentis et les mesures nécessaires pour atteindre les objectifs de réductions pour un transport durable à l’horizon 2050, en soulignant les changements fondamentaux à apporter dans la façon de transporter les personnes et les marchandises.

D’autres défis sont également abordés. Ainsi que l’a récemment souligné la presse, il peut exister des différences importantes entre les émissions des véhicules officielles et les émissions réelles, pour diverses raisons. Les essais officiels ne reflètent pas tout l’éventail des conditions de conduite et ont sans doute donné lieu à des stratégies d’ingénierie qui donnent de bons résultats dans des conditions d’essais, mais pas nécessairement durant une utilisation réelle. Nous estimons qu’il est important que les améliorations prévues dans la manière dont les véhicules sont soumis aux essais soient mises en œuvre le plus rapidement possible.

L’électromobilité offre également une solution possible au problème des émissions de gaz à effet de serre liés aux transports. La stratégie de l’UE pour parvenir à un système de transport à faible intensité de carbone se fonde sur les avancées technologiques des moteurs alternatifs pour les véhicules électriques ou à hydrogène. Cependant, malgré la croissance, la part des véhicules électriques (0,07 % de l’ensemble du parc des véhicules particuliers) et fonctionnant avec des énergies renouvelables est encore très faible et il est probable que les améliorations technologiques ne permettent pas, à elles seules, d’atteindre les objectifs de l’Europe à l’horizon 2050 en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre liés aux transports. En réalité, jusqu’en 2007, l’incidence des améliorations technologiques sur les émissions était contrebalancée par l’augmentation de la demande de transport, bien que les émissions aient diminué depuis lors, en partie grâce au fait que la croissance de la demande de transport ait ralenti ou diminué. Toutefois, les données préliminaires pour 2014 indiquent une légère augmentation, de sorte que, selon les projections mêmes de l’UE, les objectifs de décarbonisation du livre blanc ne seront pas atteints, à moins que de nouvelles actions ambitieuses soient mises en place.

Quelle est la politique européenne en matière de transport et d’environnement et qu’est-ce qui est fait, au niveau de l’UE, pour lutter contre les problèmes susmentionnés ?

Les politiques de l’UE ont joué un rôle très important dans la réduction des problèmes environnementaux liés aux transports. Cependant, les politiques visant à réduire le nombre et la longueur des déplacements ont été limitées par rapport à celles qui favorisent des modes de transport plus respectueux de l’environnement, ou celles qui améliorent la technologie utilisée dans les différents modes de transport.

Par exemple, les politiques de réglementation des émissions ont été progressivement renforcées et ont produit des résultats significatifs, notamment en introduisant des limites pour la pollution atmosphérique émise par les véhicules particuliers, les camionnettes et les véhicules lourds, et les objectifs de CO2 pour les voitures et les camionnettes.

En outre, les pays sont également tenus d’utiliser d’ici à 2020 des sources renouvelables pour au moins 10 % des carburants utilisés pour les transports et le développement de véhicules et d’infrastructures propres est en ligne de mire. Les solutions alternatives en matière de carburant ont fait leurs preuves mais les infrastructures de recharge et de réapprovisionnement en carburant constituent encore un problème, rendant ces véhicules moins attrayants pour les personnes et les entreprises.

L’introduction de normes de qualité pour le combustible en Europe a également entraîné des réductions drastiques de la teneur en soufre des carburants routiers et a contribué à pratiquement éliminer le plomb.

Toutefois, notre rapport TERM montre qu’il reste beaucoup à faire.

Comment l’AEE contribue-t-elle à cet effort ?

L’AEE compile des données et produit des évaluations basées sur des indicateurs et des rapports, qui soutiennent l’évaluation des performances environnementales du secteur européen des transports. Le rapport TERM et ses indicateurs sur le transport fournissent un système pour un suivi régulier et le rapportage sur l’efficacité des stratégies d’intégration et les progrès en faveur d’un transport durable. TERM joue également un rôle important en signalant les besoins de collecte de nouvelles données.

Par-delà TERM, l’AEE réalise également d’autres évaluations liées aux transports concernant, par exemple, l’électromobilité ainsi que les problèmes de transport et santé. Nous collaborons également avec les pays et la Commission européenne pour surveiller les objectifs en matière d’émissions de CO2 pour les nouvelles voitures et camionnettes, le statut du contrôle de la qualité du carburant ainsi que les informations en matière de bruit, les données sur la qualité de l’air, les émissions de polluants provenant de tous les secteurs, les gaz à effet de serre et bien plus encore.

De la sorte, nous contribuons à créer la base de connaissances permettant de mettre au point de nouvelles actions.

Source : Agence européenne pour l’environnement – www.eea.europa.eu

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Publié le jeudi 28 janvier 2016
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