« La RSE est un état d'esprit »

« La RSE est un état d’esprit »

Précurseur en matière de RSE et de développement durable dans son domaine d’activité, à savoir le transport, Sales-Lentz aime à le faire savoir. Les dirigeants de l’entreprise soulignent que ces notions sont au cœur de la stratégie de l’entreprise, même si le retour sur investissement n’est pas au rendez-vous, et regrettent que la politique gouvernementale en la matière pourrait être encore plus ambitieuse. Interview de Marc Sales, associé gérant, et de Wolfgang Schroeder, directeur général.

Comment vous positionnez-vous au Luxembourg au niveau de la RSE ?

MS : Chez Sales-Lentz, la RSE est un état d’esprit. Nous avons décidé de ne pas faire les choses à moitié et avons pris la décision de nous investir à 100% dans une démarche développement durable et RSE. Et je n’hésiterais pas à affirmer que nous sommes les seuls dans notre secteur à avoir une stratégie globale en matière de RSE. Aussi, cette stratégie globale passe par la sensibilisation et la communication, la mise en œuvre et l’innovation, le reporting et le partage des bonnes pratiques. 

Concrètement, sur le terrain, nous avons développé de nouveaux services basés sur des principes de RSE, tant sur le plan économique, écologique que social, tels que le Flexibus, le Nightrider ou la Bus-Schoul. Dans un autre ordre d’idées, nos collaborateurs et leurs proches se mobilisent en ce moment pour collecter des vivres à destination des pays balkaniques victimes des inondations.

WS : Trop souvent, les entreprises, quel que soit le secteur d’activités, font des effets d’annonce à grands renforts de marketing, sans que les paroles se traduisent en actes.

Quelles sont aujourd’hui les grandes questions qui se posent au Luxembourg vis-à-vis de la RSE ? Et surtout, peut-on dire qu’il y a retour sur investissement ?

MS : Non, au stade actuel des choses, il n’y a pas retour sur investissement d’une telle politique. Nous le faisons par conviction et nous croyons qu’à long terme, une telle politique pourrait porter ses fruits. Nous regrettons d’ailleurs que lors des soumissions publiques nationales, le critère de la RSE et du développement durable ne sont que rarement pris en considération. Car au niveau européen, a contrario, la donne est totalement différente, la RSE étant dans notre secteur d’activités une composante incontournable dans les cahiers des charges.

WS : C’est la raison pour laquelle, notamment en tant que transporteur de personnes, il faut regarder plus loin, lorsque l’on considère que des pays comme la France exigent des comptes en matière d’émissions CO2 de la part des transporteurs (décret français 2011-1336 issu du Grenelle II de l’Environnement). Autrement dit, compte tenu de ces nouvelles contraintes, réajuster peut s’avérer très onéreux, et il est essentiel d’être au top au niveau de la technologie.

On ne peut que conclure que le Luxembourg affiche donc un retard de procédures au niveau des enjeux écologiques, à vous entendre…

MS : Au niveau des marchés publics, effectivement, le Luxembourg accuse du retard, lorsque l’on compare les soumissions nationales aux soumissions européennes. Il n’empêche que malgré cet état de fait, le pays est très enclin à soutenir toute initiative RSE de la part des entrepreneurs. Preuve en est avec le projet de bus électrique et hybride (développé avec Volvo) dans lequel l’Etat est prêt à investir de manière conséquente.

La RSE au Grand-Duché est-elle un phénomène de mode, de la communication ?

WS : Le greenwashing, c’est fini. Lorsque l’on vante les mérites de sa politique RSE et que les actes ne suivent pas, on est aujourd’hui vite démasqué en tant qu’entrepreneur. En l’espace de quelques années à peine, les mentalités ont beaucoup changé, et les usagers préfèrent s’orienter vers des véhicules et modes de transports plus durables.

Quid de l’homme de la rue ? Se soucie-t-il véritablement du développement durable ou ne regarde-t-il pas plutôt le prix du transport ?

MS : Si les décideurs politiques tout comme les acteurs économiques – c’est-à-dire les clients BtoB au final, sont très sensibles aux aspects RSE, nombreux sont les citoyens qui continueront à regarder le prix avant toute chose. Il convient de renforcer la communication responsable à l’encontre de ce public souvent plus âgé ou moins sensibilisé. Les jeunes générations ont la RSE dans leurs gènes, pour la plupart d’entre eux.

Quels sont les objectifs de Sales-Lentz en termes de RSE à court terme ?

WS : Nous comptons tout d’abord implémenter la norme ISO 26000, relative à la RSE. Celle-ci consiste à aborder sept questions centrales, à savoir la gouvernance de l’organisation, l’environnement, les conditions de travail, les questions relatives aux consommateurs, les communautés et le développement local, la loyauté des pratiques et les droits de l’Homme.

Par ailleurs, nous avons lancé notre projet pilote CREATE (Center of Research in Electric and Adaptive Transport Ecosystems), un partenariat public-privé, qui permettra prochainement de faire circuler une douzaine de bus électriques Plug-in sur deux lignes RGTR.

Photo ©Marlene Soares pour LG Magazine

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Publié le vendredi 13 juin 2014
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