5000 m2 de sol naturel par jour

5000 m2 de sol naturel par jour

Les activités humaines « mangent » quotidiennement une surface considérable au Luxembourg. L’artificialisation des sols est à suivre de très près.

L’utilisation du sol est un défi mondial, une quête d’espace vital. Comme le rappelle le ministre Claude Turmes, en charge de l’Aménagement du Territoire, « veiller à une utilisation rationnelle du sol est d’autant plus important dans un pays qui fait 2.586 km2 et où la préservation du sol revêt une importance majeure ». Bienvenue au Luxembourg, où le rapport au sol, au mètre carré utile, relève de l’attachement viscéral. Jadis, essentiellement rural, agricole ou forestier, puis au fil du développement du pays, davantage immobilier, rationnalisé, réévalué, voire spéculatif…

Pour appréhender ce territoire, qu’il faut réinventer pour en rationnaliser l’usage et en préserver les ressources, il faut en mesurer les contours, les potentiels, l’existant. Une série de publications, « Des cartes et des chiffres », explique, données factuelles à l’appui, cet aménagement du Luxembourg. Car l’observation territoriale revêt un rôle croissant, dans une logique aux missions précises et spécifiques sur l’utilisation rationnelle du sol. « L’Observatoire du développement spatial (ODS), mené en coopération entre le Département de l’aménagement du territoire (DATer) et le Luxembourg Institute of Socio-Economic Research (LISER), doit permettre de remplir en partie cette mission », souligne le ministère.

240 terrains de foot

Des chiffres et des cartes ? La première publication s’intitule « Couverture et utilisation du sol au Grand-Duché de Luxembourg ». On y apprend notamment que l’équivalent en surface de 240 terrains de football est construite ou couverte chaque année dans le pays. « Depuis 1999, 5.000 m2 de sols naturels sont en moyenne artificialisés par jour au Luxembourg pour les activités humaines, dont notamment le logement, le commerce et l’économie, les infrastructures et les espaces verts ».

Tous les espaces artificialisés ne sont pas forcément imperméabilisés : « sur les 5.000 m2 (0,5 ha) artificialisés par jour, la moitié est, en moyenne, imperméabilisée », note le rapport.

En fait, les surfaces « artificialisées » se constituent des sols bâtis (à usage d’habitation ou à usage commercial), des surfaces revêtues ou stabilisées (routes, voies ferrées, aires de stationnement, ronds-points, etc.), et d’espaces non construits mais fortement modelés par l’activité humaine (chantiers, carrières, mines, décharges, etc.). Cette catégorie inclut également des espaces « verts » artificialisés (parcs et jardins urbains, équipements sportifs et de loisirs, etc.).

Les surfaces « imperméabilisées » reposent quant à elle sur la notion de couverture des sols. On parle de recouvrement permanent d’un terrain/du sol par un matériau artificiel imperméable (asphalte des routes, béton des bâtiments, etc). Les surfaces imperméables forment donc un sous-ensemble des surfaces artificialisées. Et une zone urbanisée, certes artificialisée, contient aussi des parcs et autres espaces verts, non recouverts et donc non imperméabilisés.

Selon l’étude, 6,8% du sol du pays étaient imperméabilisés en 2018.

Dynamique de l’utilisation

Pour le Département de l’aménagement du territoire, « il est fondamental de comprendre la dynamique de l’utilisation actuelle du sol, ce qui doit permettre de mieux guider son utilisation à l’avenir ». D’où cet investissement dans la quête de données actualisées, mises en perspectives, cartographiées, scannées, analysées… Et cette approche de travail qui, pour le citoyen aussi, livre des enseignements.

On peut notamment mesurer cette dynamique, comparer les périodes pour en percevoir l’évolution. Un exemple : sur la période 1999-2007, on a consommé 1.386 ha de sols - une moyenne de 173 ha par an, soit 0,5 ha par jour ; de 2007 à 2018, la consommation du sol totale a été de 1.865 ha, ce qui correspond en moyenne à 170 ha par an, soit 0,46 ha par jour.

Visualiser la finalité socio-économique des surfaces permet d’éclairer cette gestion.

Ainsi, 12.159 ha (4,69% de la surface du pays) sont couverts par l’habitat, plus d’un tiers de l’ensemble des surfaces artificialisées est utilisé par le résidentiel.

0,61% (1.585 ha) du pays est occupé par les installations agricoles, 1,20% par le commerce et l’industrie, 0,13% par des zones urbaines inutilisées et des friches industrielles et 0,50% par les installations sociales, militaires, culturelles et autres. Les installations publiques utilisent 0,56% du territoire, les sports et loisirs 0,46%, les infrastructures techniques 0,27%.

9.670 ha sont dédiés aux infrastructures de transport (tous modes confondus) – pratiquement 30% de toutes les surfaces artificialisées.

35,65% de la superficie nationale sont occupés par des forêts.

128.595 ha – soit environ la moitié de la surface du pays - sont exploités en agriculture : un peu moins de la moitié en terres arables labourées, 52% de prairies, le reste de vignobles ou de vergers.

Pour le ministre de l’Aménagement du territoire, Claude Turmes, « le sol doit être géré avec le plus grand soin car il constitue notre patrimoine national et notre héritage pour les générations à venir. Cette attention toute particulière envers cette ressource constitue la pierre angulaire des réflexions menées lors de l’élaboration du projet de Programme directeur d’aménagement du territoire 2023, qui se trouve actuellement dans sa phase de consultation ».

Alain Ducat

Photos/Illustration : © MEA / DATer

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Publié le jeudi 27 octobre 2022
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