
Manifestation du 28 juin : les trois revendications d’ASTM
Action Solidarité Tiers Monde (ASTM) participera ce samedi 28 juin à la manifestation organisée par le Front syndical, aux côtés d’un bloc constitué de plusieurs organisations de la société civile luxembourgeoise.
Cette décision fait suite à un processus de dialogue avec les syndicats et divers acteurs de la société civile organisée, rendu public lors de la conférence de presse « Proposer, manifester, gagner – nos alternatives » le 5 juin à la Chambre des Salariés.
Ce dialogue a clairement montré que nous sommes à un tournant, confrontés à une crise climatique et écologique, à des inégalités profondes et à une instabilité croissante, tant ici au Luxembourg qu’au niveau mondial. Au lieu de coopérer et de coconstruire, en particulier avec les communautés les plus touchées, nous observons une tendance au rétrécissement des espaces civiques et démocratiques, à la militarisation et à la répression.
Nous voyons ce moment comme une opportunité de créer une dynamique politique contre les politiques néolibérales et injustes qui alimentent les crises mentionnées ci-dessus, qui réduisent la capacité des citoyens à s’engager politiquement et socialement et qui ont des conséquences néfastes au-delà des frontières du Luxembourg, en particulier dans les pays du Sud global.
Bien que l’ASTM n’ait pas été impliquée dans l’élaboration des revendications portées par le Front syndical, nous tenons à exprimer publiquement notre solidarité avec les nombreuses voix qui s’élèvent pour défendre un modèle de société plus juste et plus solidaire.
L’ASTM appelle ses membres et sympathisant·e·s à se joindre à la manifestation, sur la base des trois revendications fondamentales suivantes :
1. Pour la défense d’un espace civique ouvert et une société civile écoutée
Le 7 octobre 2024, plus de 30 organisations de la société civile luxembourgeoise ont lancé un appel pour rappeler l’importance de l’engagement citoyen face aux crises écologiques, sociales et démocratiques. Depuis lors, plus de 25 organisations ont fondé la plateforme Voĉo afin de défendre, d’une seule voix, la société civile comme contre-pouvoir d’une démocratie vivante.
Nous rejoignons la mobilisation du 28 juin pour exiger du gouvernement plus d’écoute, de respect et de dialogue avec tous les acteurs de la société civile. Les récents signaux – qu’il s’agisse de potentielles restrictions du droit de manifestation ou de discours remettant en question la légitimité des ONG – menacent un espace civique déjà fragile.
Nous demandons que les voix de la société civile soient pleinement reconnues dans le débat public et que des mécanismes transparents et inclusifs permettent leur participation active à l’élaboration des politiques.
2. Pour des politiques climatiques ambitieuses et justes
Face à la crise climatique, les réponses du gouvernement luxembourgeois restent très en deçà des enjeux. Nous exigeons une transition écologique fondée sur la justice climatique, qui ne laisse aucune communauté de côté, ni ici ni ailleurs. Cela implique des politiques qui tiennent compte des inégalités sociales et des responsabilités différenciées entre le Nord et le Sud.
Le Luxembourg doit soutenir un objectif mondial de financement climatique (NCQG) d’au moins 1.000 milliards de dollars par an, financé par des fonds publics sous forme de dons, et non par des prêts ou les marchés financiers. Sa propre contribution doit être à la hauteur : au moins 600 millions d’euros par an, dont la moitié pour les pertes et dommages, loin des 320 millions annoncés sur cinq ans.
Nous appelons à rejeter les logiques néocoloniales qui sacrifient les communautés les plus vulnérables au profit des intérêts privés, et à défendre un financement climatique juste et transparent.
3. Agir pour une justice Nord-Sud fondée sur les droits, la solidarité et la cohérence des politiques
Le Luxembourg doit faire preuve de cohérence : il est temps de responsabiliser les acteurs économiques, y compris ceux du secteur financier, en adoptant une législation ambitieuse sur le devoir de vigilance. Alors que la Commission européenne et le gouvernement luxembourgeois soutiennent une stratégie dérégulatrice dangereuse, la société civile organisée, réunie en partie dans l’Initiative pour un devoir de vigilance (IDV), appelle à résister à ces reculs.
En tant que place financière puissante et membre de l’OCDE, il ne peut plus ignorer l’impact néfaste des politiques fiscales et de l’architecture financière internationale qui affaiblissent les ressources publiques des États partenaires et qui créent de la précarité au sein des communautés du Sud global. Le Luxembourg - et les autres pays du Nord - doivent urgemment réformer leurs pratiques pour soutenir sans ambiguïté les efforts internationaux portant sur la justice fiscale, la restructuration de la dette, et la participation des pays du Sud dans les décisions globales.
Le laisser-faire néolibéral, dominant dans la sphère économique comme politique et qui creuse les inégalités et détruit les droits, n’est depuis des années ni juste, ni durable, ni solidaire.
En rejoignant le bloc de la société civile, l’ASTM souhaite contribuer à une dynamique collective plus large. Cette mobilisation ne doit pas être un acte isolé, mais le début d’un dialogue stratégique sur le rôle de la société civile, institutionnalisée et organisée, dans un contexte de plus en plus polarisé et précarisé.
Texte de l’ASTM - Actions Solidarité Tiers Monde
Photo : Licence CC