
4x3 relève les challenges de la normalisation et de l’intelligence artificielle
Une centaine de partenaires, sponsors, mécènes et invités étaient réunis à l’IFSB pour le lancement du 30e numéro du magazine 4x3. Des prises de paroles inspirantes sur les normes et labels, ainsi que sur l’intelligence artificielle, ont rythmé cet événement instructif et fédérateur.
Sur l’estrade de l’auditorium de l’Institut de Formation Sectoriel du Bâtiment (IFSB) - hôte du jour -, le directeur des lieux Alexis Sikora, a ouvert l’événement de lancement du dernier numéro de 4x3 en introduisant les deux thèmes : les normes et labels, puis l’intelligence artificielle (IA). Pour le premier, il rappelle que « souvent les normes sont associées à des contraintes, mais il ne faut pas oublier qu’elles sont là pour nous aider. » Pour le deuxième, que « nous ne sommes qu’au début de l’intégration de l’IA dans nos activités. Nous ne sommes pas là pour lutter contre cette technologie, elle représente au contraire un challenge que nous devons relever. »
Frédéric Liégeois, directeur et fondateur d’infogreen.lu et 4x3, a expliqué qu’avec ses deux dossiers thématiques, l’ambition du magazine « est de vous guider dans cette jungle des normes, des labels et de l’IA. Nous avons voulu vous aider à faire vos choix, afin que ces outils vous permettent d’atteindre vos objectifs. »
Cocher les cases
Nicolas Domenjoud, responsable TIC et normalisation pour l’Institut luxembourgeois de la Normalisation, de l’Accréditation et de la Sécurité (ILNAS) est le premier à être monté sur scène pour aborder la première partie du nouveau magazine, consacrée aux normes et labels. Il constate que depuis plusieurs années, « les normes ont adopté un nouvel objectif : participer au développement durable », comme celles développées par l’International Organization for Standardization, plus connue sous l’acronyme ISO. Pour lui, « les normes sont là pour renforcer la confiance et la crédibilité des organisations. »
Laetitia Georgel, circular economy project leader pour Terra Matters a parfaitement illustré ce propos en présentant la norme ISO 59040 qui veut « faire face au challenge du manque d’informations standardisées dans la chaîne de valeur d’un produit », en utilisant le Product Circularity Data Sheet (PCDS). Ce document consiste en « une centaine de déclarations » qui concerne entre autres « les entreprises qui produisent le produit, le produit lui-même et tout ce qui concerne sa durabilité, comme savoir s’il est réparable, démontable, compostable… Pour résumer, « l’idée est de faciliter l’accès à l’information afin que le produit dure le plus longtemps possible. »
Laurence Graff, deputy director de l’Institut national pour le Développement durable et la Responsabilité sociale des entreprises (INDR) et Stanislas Faure, senior advisor, ont parlé des bénéfices du label ESR délivré par l’institut. Celui-ci assure la validation et la reconnaissance de la démarche RSE d’une entreprise. « Au-delà de l’image de marque, cette labélisation a aussi un impact fort à deux niveaux : sur le recrutement et la rétention des talents d’abord, mais aussi concernant le positionnement sur le marché de l’entreprise labelisée » ont-ils précisé.
L’ingénieur aux racines bien ancrées
Administrateur délégué de PROgroup et acteur engagé dans la durabilité au Luxembourg, Romain Poulles est « l’ingénieur aux racines bien ancrées » en couverture du 30e numéro du magazine 4x3. À travers une vidéo, il est revenu sur son enfance « au milieu des vaches et des artisans, dans un village qui constituait une vraie communauté ». Un mode de vie qui lui paraissait « normal à l’époque », mais dont il a compris toute la valeur lorsqu’il est parti étudier en ville. Il estime que son « besoin de faire revenir la nature en ville et dans les bâtiments est probablement né de cette expérience. »
Ce qui motive son engagement ? « La passion, la curiosité, l’esprit d’entreprendre et plus généralement, une volonté de briser les barrières entre les gens et les secteurs pour créer des liens. » Loin d’être moralisateur, le chef d’entreprise préfère « montrer l’exemple pour inspirer » et considère que « pour créer un monde plus durable, il faut envisager les enjeux de manière holistique et transversale. » Il conclut en déclarant : « De belles choses se créent quand des mondes se rencontrent, échangent et essayent de se comprendre. »
Évolution techno-logique
Pour parler des enjeux liés à l’IA, Nicolas André, manager innovation chez InTech, a mentionné plusieurs actualités récentes sur le sujet. D’abord la nouvelle version de ChatGPT qui a rendu le chatbot « flatteur et mielleux dans les réponses qu’il donne aux utilisateurs », et les soupçons de biais politiques introduits dans les paramètres de Grok (l’IA développée à l’initiative d’Elon Musk). Puis, il a expliqué le phénomène de « délocalisation et de dépossession de nos capacités à réfléchir par nous-mêmes », avec d’un côté des élèves qui trichent dans leurs devoirs en se servant de l’IA, et de l’autre les professeurs qui l’utilisent pour préparer leurs cours et faire leurs corrections. Pour lui, « l’enjeu de la souveraineté technologique est crucial. Nous devons être capables de déterminer les valeurs que nous voulons mettre en œuvre dans l’utilisation des technologies comme l’IA. »
Lucas Courte, AI manager chez Schroeder & Associés, a expliqué de quelle façon le bureau d’études a recours à l’IA. « Nous l’utilisons pour extraire les informations clés de documents, pour des tâches de transcription et de traduction, ou encore pour faire des résumés à partir de plusieurs sources. Le but est d’accélérer les processus, pas de remplacer qui que ce soit. » Il insiste sur le fait que « le jugement, la prise de risque, l’intuition et l’empathie sont des caractéristiques propres à l’être humain. L’IA n’est pas capable ni d’aller sur le terrain et de poser des questions, ni de résoudre des conflits, ni de faire le lien entre des données et la réalité. »
Pour finir sur la thématique des technologies, Virginie Ducommun, marketing manager de Campus Contern, a montré les avantages des bâtiments intelligents. Ils permettent « de mesurer la consommation énergétique, d’obtenir des données de confort comme la qualité de l’air ou l’humidité, mais aussi des choses auxquelles on ne pense pas forcément, qui comptent pour l’inclusion. » Par exemple le niveau sonore et lumineux, pour alerter les personnes sensibles au bruit ou à la lumière en cas de dépassement de certains seuils. Toutes ces installations permettent au final de « faire des économies à tous les niveaux : de ressources, de maintenance, de coûts et de temps. »
Chaine de solidarité et appel aux partenaires
Frédéric Liégeois a remis un chèque de 1.000 euros à la Fondation Follereau pour soutenir le projet de Promotion des emplois ruraux au Bénin. « Le but de cette initiative est de lutter durablement et localement contre la pauvreté en milieu rural grâce à l’entrepreneuriat agricole », ont expliqué Lara Beauguerlange, chargée de mécénat et partenariat, et Liz Hof, chargée de projets et ECM. En 2024, 423 personnes ont pu bénéficier du projet.
L’École Sainte Sophie a invité les partenaires d’Infogreen et de 4x3 à participer en tant qu’intervenants lors de ses prochaines Journées Banalisées 2026 sur le thème de la Terre, qui se dérouleront du 1er au 14 juillet 2026. « Nous croyons en une école où les élèves sont les acteurs de leur apprentissage et qui diversifie les approches pour que chacun trouve ce qui lui convient », déclare Lucas Liégeois, coordinateur communication et développement durable. La directrice Nicola Heckner a précisé que le choix du thème de la Terre souligne « l’engagement pour le développement durable et la responsabilité sociétale » de son établissement, qui est membre d’IMS depuis 2024 et du réseau In4Green depuis 2025.
Les organisateurs remercient les mécènes de l’événement : l’IFSB, Betic part of Sweco , TK Elevator, COEBA, Corexpert, Viessmann Luxembourg et ISTA Luxembourg.
Léna Fernandes
Photos : Picto